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Une journée de travail

Aujourd’hui, j’écris. Enfin, j’essaie. Ce ne sont pas les idées qui manquent pourtant, mais plutôt l’énergie. Il faut que je choisisse le bon mot pour la bonne phrase. La phrase qui fera que les gens vont s’arrêter dessus et se dire que ce livre est vraiment formidable, que la personne qui l’a écrit est un artiste incontournable de sa génération. Un peu ambitieux, je sais, mais rêver n’est pas interdit.

Sans penser à devenir le plus grand écrivain au monde, je cherche la bonne formulation qui fera que le lecteur revienne sur mon histoire ou qu’il la conseille à ses amis, que les libraires mettent mon livre sur les étals à l’entrée, et que les médias cherchent à me joindre pour m’interviewer. Je m’égare encore. Je me lance. Ma phrase ne me plait pas. Je l’efface. Et si personne n’aime mon histoire ? C’est bien beau de faire des jolies phrases, mais si elles ne racontent rien, quel est l’intérêt de lire mon livre ? Peut-être même que personne ne voudra me publier. Ils vont me claquer la porte au nez en riant. Et ce sera sûrement mérité. Ça y est, je recommence. Je me mets des bâtons dans les roues tout seul. J’avais fait la même chose des années auparavant, lors d’un concours d’écriture junior. Je m’étais inscrit, mais j’avais eu tellement peur de décevoir que j’eusse préféré ne pas participer. Quand j’avais vu les autres s’amuser pendant que moi je me morfondais, je m’étais mis à pleurer. Je m’en veux d’être aussi lâche.

Je prends une grande inspiration et me lance. Si je n’écris pas, je ne saurai jamais si ça va plaire ou non, si je suis un bon écrivain ou non. L’échec fait partie de la réussite, il ne faut pas que je baisse les bras avant même d’avoir commencé. Plus jamais.


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