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Quelques idées de mots-clés :

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304 éléments trouvés

  • G comme Godard

    "Carnation". Écrire au maximum une page A4 “inspirée” par La Grande Odalisque d’Ingres. (consigne de Jean-Michel Devésa) Nous étions en 1963, l'ère dorée du cinéma français, la Nouvelle Vague inondait les quatre coins du monde. Lelouch n'avait pas encore écrit Un Homme et une Femme. Lors d'un jour de tournage du film Le Mépris, Jean-Luc voulait une scène marquante. De quoi faire rougir Truffaut avec son Jules et Jim. Là c'était Jean-Luc et Brigitte. Bien qu'il soit ami et collègue avec François Truffaut, la concurrence entre les deux a toujours existé. À bout de souffle lors ce tournage difficile, il avait décidé de continuer. Silence, moteur, action, tourne, retourne, texte, coupé, lessivé il était. À la fin du vendredi, le moment où selon lui la personne va vivre sa vie, c'est-à dire le week-end, Jean-Luc décidait de tourner l'une des scènes clés de sa carrière selon lui. Son objectif était de ne pas réaliser un film comme les autres. Prendre des risques, faire de ce qui disait du "Made in USA à la française." Lors d'une visite dans un musée, il avait aperçu ce tableau, La Grande Odalisque. Cette femme sans pudeur, presque dénudée, munie d'un turban sur sa tête, il en était tombé amoureux, il lui avait même trouvé un prénom, Marie. Chaque fois qu'il la voyait et qu'il partait, il lui disait "Je vous salue, Marie." Sur le plateau, celle que l'on nommait par ses initiales B.B, était présente. Jean-Luc était son chef opérateur Pierre, qu'il nommait Pierrot le fou car il était fou d'avoir rejoint ce projet très Godard. Ils n'étaient que tous les trois, pour un peu d'intimité. Ce que les deux garçons voyaient correspondait au tableau. Brigitte était allongée, sans vêtements, avec la chute de rein très visible. Ce corps fin et une chevelure blonde tombante. Elle faisait un petit sourire face caméra, comme cette femme au turban qui nous regardait pour constater qu'on regardait son corps et rien d'autres. C'est ce qui a donné au film Le Mépris, une aura donc tout va bien pour lui. Quelques années après, Jean-Luc rencontrait un petit Michel. Michel qui, du haut de ses 10 ans, voulait faire du cinéma comme Godard. Ce dernier lui répondit qu'il aurait une carrière similaire. Michel faisait Le Redoutable en 2017 pour lui rendre un hommage, et réalisait la même séquence avec Stacy Martin et Louis Garrel. La boucle était bouclée.

  • L'Amour, notre guide

    Dans les flots Dans les plaines Dans les chênes L’amour nous guidera Nous guidera Oui, dans les flots Dans les plaines Dans les chênes L’amour nous guidera Nous guidera Car dans nos coeurs Se cache le bonheur… Oui dans les flots Dans les plaines Dans les chênes Oui partout L’amour nous guidera Nous guidera Oui car dans l’amour Comme dans la vie On nous guidera Oui pas à pas On nous guidera L’amour nous guidera Toujours.

  • Les lettres du blanc sur les bandes du vieux billard...

    Écrire une page (au maximum un feuillet A4) en usant du procédé décrit par Raymond Roussel dans Comment j’ai écrit certains de mes livres. Rédiger un texte incluant deux phrases identiques à l’exception d'un paronyme qui en change le sens. Puis "les deux phrases trouvées, il s’agissait d’écrire un conte pouvant commencer par la première et finir par la seconde." (consigne de Jean-Michel Devésa) Les lettres du blanc sur les bandes du vieux billard, Et là, des formes, des lignes, que dis-je des traces apparaissent sur un fond noir, Il usait sa main à tout retranscrire, c’est qu’il allait falloir le relire, rien n’était fait par hasard Un chemin, des mathématiques, des opérations, une carte du monde comme échappatoire Et là, le public accablé finit par saturer, c’est du délire, du génie, est-ce qu’il y a quelque chose d’autre à voir ? Attendez, par ici, des majuscules, des interlignes, un récit, un conte, ah, on y voit clair comme dans un miroir ! Mais ce n’est pas tout, de la ponctuation, des personnages, des bandes, un autre monde juste pour le soir Et là, sous forme de lettres, voilà qu’on va tous les rencontrer, mais qui sont-ils ? Des guerriers ? On aurait cru voir un hémisphère, comme dessin, non c’est sous forme de lettre, et le refrain ? Il s’écarte, laisse son œuvre d’art sur le passage, bon sang ce que c’est bizarre ! En relisant, du moins en essayant, on aurait pu voir un autre langage, une clé dérisoire Comme c’était la chute, tout le monde s’indignait, et sur la dernière page, on lisait sur fond noir, “ Les lettres du blanc sur les bandes du vieux pillard “

  • Albert

    “Inquiétant”. Écrire au maximum une page A4 “inspirée” par ce tableau inquiétant de Balthus. (consigne de Jean-Michel Devésa) Albert presse le pas, espère qu’on ne le verra pas. Il n’a pas de chance, ce soir immortalise cette place. Il les voit prendre la pose et ça l’effraie un peu, juste assez pour qu’il se rappelle qu’il n’a pas voulu prendre de gilet. Voilà, c’est pour ça qu’il se tend et avance un tantinet rapidement, il se dépêche car il a froid. Quelle autre raison sinon pour motiver son empressement ? On lui a toujours dit qu’il avait de l’allure, ce doit être quelque chose dans sa posture. Albert se tient droit et on remarque à peine qu’il part légèrement avant l’horaire convenu. Drôle de parade mais jusqu’ici très efficace. Personne ne vous trouve peureux si vous n’êtes pas voûté, recroquevillé. Ce n’est pas qu’il a peur d’être campé, c’est juste qu’il aime décider. Exactement, le contrôle le rassure et ce n’est pas lui qui a engagé ce peintre. À son âge, on n’a pas peur des images. Mais lui ça le gêne tout de même. Une légère raideur entre les épaules, discrète et pourtant toujours ponctuelle. Elle est là sans faute. L’artiste a remarqué, il voit les gens en entier. Il y a longtemps qu’il sait regarder. Alors il n’a même pas besoin qu’Albert reste là. Après tout il est peintre, pas photographe. Ce sont ces détails dont il se régale. Pas d’inquiétude pour l’homme pressé, il ne sera même pas de face. Mais non, ce n’est pas pour trahir ce dos tendu, voyons. Et d’ailleurs il est dans le fond. C’est cette fille sans âge qui regarde le passant, elle captera toute l’attention. Simplement une lumière ou un chien pour remarquer Albert. C’est bien suffisant. Demain, il a vu le tableau. Il a fallu sourire, il y avait des amis. Le peintre l’a regardé moqueur mais il s’est tu. Ce fou ne réalise pas qu’il a ancré tous ses défauts dans le passé, qu’il lui a volé son dos et l’a épinglé là ; qu’une fois traversé par l’aiguille, le papillon aura plus de mal à s’envoler.

  • Entre Nantes et Châteaubriant

    "La Musique des phrases". Écrire (au maximum une page A4) après avoir écouté "Casta Diva" chanté par Callas, l'objectif n'est pas d'illustrer cette "pièce" musicale mais de travailler la musique de votre écriture. (consigne de Jean-Michel Devésa) Maria Callas sings "Casta Diva" (Bellini: Norma, Act 1) Soir d’opéra. Soir de gala. Le smoking noir taillé en queue de pie et le chapeau haut-de-forme se métamorphosent subitement et tout à fait complètement comme un immense corbeau. Sans que je ne puisse rien y faire. Contre mon gré je suis alors le mouvement. Le sol s’ouvre et se dérobe sous mon poids. Je perds tout à fait pied et je tombe alors dans le vide. Bien incapable de voler, les ailes recroquevillées sur moi-même dans une chute qui semble étrangement sans fin. Icare aux ailes brisées et dénué de toute humanité. Soleil ardent, peau brûlée et rêves en feu ! Trou noir… Plus loin encore des croassements sur des branches d’arbres chétifs et dénudés. Puis, comme sortie du plus profond d’un tombeau, la voix pénétrante de la Callas enfermée dans une calebasse m’accompagne et me guide vers la lumière obscure d’un Soleil noir. Lyrique et immatérielle, mais pourtant en cet instant précis, ô combien réelle. Cette petite voix d’oiseau perdu comme enfermée dans une cage et qui voudrait s’élever plus haut encore. Petite cage étroite à barreaux sciés juchée comme nous tous à fond de cale et des chaînes pesantes par lesquelles nous sommes entravés pieds et poings liés. J’ai les mains calleuses et des cales aux pieds. Mais hélas je ne suis pas seul dans cet Enfer puisque je me retrouve parmi une centaine d’autres infortunés, prisonniers dans le ventre de la bête humaine. Hommes, femmes, enfants, à la peau sombre comme la Nuit. Je ne peux subitement plus respirer, car j’ai entraperçu mon reflet dans un miroir brisé sous l’effet d’un rayon de Lune. J’ai littéralement le souffle coupé ! Car pauvre Diable ! Moi aussi j’ai la peau aussi noire qu’eux ! On entend du pont monter les mélopées d’Afrique. Des tam-tams résonner par-dessus les croassements sourds. Des prières qui n’en sont pas vraiment. Des odeurs exotiques qui me rappellent mon pays, mais dont je sais pertinemment que je ne reverrai plus jamais la couleur. Pourtant je suis un apatride, un boat-people lâché en pleine mer sans bouée. Par la folie des grandeurs et l’appât de l’argent. Parti de Nantes notre pauvre équipage nous malmène, on nous a échangés contre quelques fusils et de la poudre à canon. Comme du bétail. Misérable chose parmi les plus misérables. Nos yeux rongés par l‘inquiétude s’interrogent en cherchant dans le blanc de l’œil des uns et des autres la moindre réponse ou ne serait-ce qu’un semblant d’explication. Les plus sages d’entre nous n’osent pas nous communiquer leur propre peur. Ils savent déjà où leur destin les mène et acceptent leur triste sort avec résignation. C’est la vie qui nous embarque sur un bateau, galère de misère ou Orphée naviguant sur les eaux sombres du Styx, cherchant sa dulcinée, mais regrettant amèrement d’y avoir plongé les yeux. Ce sont les chemises rouges du Destin, celui de Garibaldi ; l’expédition des Mille ! La montée du fascisme, les chemises noires, les chemises brunes, les bottes martelant le sol avec fracas et les saluts que l’on fait à tour de bras. La grande roue du Destin continue sa course folle dans le ciel et dans la rétine. Les larmes coulent aux joues, mais tout tourbillonne autour de nous. Les vertiges et la nausée nous assaillent. Sous nos pieds défilent des millions de paysages. Film en noir et blanc. La soute de notre ventre de métal s’ouvre avec fracas, et nous larguons des bombes incendiaires, des bombes à fragmentations pour nourrir de chair les cimetières. Puis plus loin encore devant nous, comme dans un flash saisissant à perte de vue, une explosion énorme et luminescente, nous aveuglant complètement. La carlingue se met à vibrer, l’altimètre ne sait plus où il en est. Nous non plus du reste, puisque nous sommes à la fois fascinés et terrorisés. Dessous, ce sont les bombes au napalm que l’on largue sur des peuples serviles entrés en rébellion. Nos dirigeants sont bien planqués à l’arrière derrière des lignes. Ils se cachent aussi derrière de beaux discours, à nous faire dresser les uns contre les autres, en attisant la haine du Monde. Ça me défrise tout à fait complètement. Moi qui suis resté dans la pénombre de ma cale. À ramer avec mes autres compagnons d’infortune. Et toujours cette voix qui s’élève en plein ciel. À la fois fantomatique et puissante. Ce sont les petites lumières qui s’éteignent au loin sur les falots. Les petites voix de ces millions de vies que l’histoire écrasante et en marche a fauchées. Perdu dans l’ombre et l’obscurité, je croise des centaines d’yeux. Aussi terrorisés que les miens. Le Progrès, la beauté des aurores. La nature, la vie, la mort ; tout se mélange dans ma tête. Mon cœur se soulève et se congestionne, compressé par tous ces corps chauds et brûlants comme la Mort. Je ferme les yeux et plus loin encore je vois des trains. Des cohortes de fourmis s’affairer, des hauts fourneaux ou bien des hautes cheminées. Des crânes rasés. Des uniformes tout à fait laids. Des dents en or que l’on arrache, des vies que l’on anéantit et qui revivent soudainement dans les livres de Primo Levi. Le dégoût, la nausée de Sartre, la pourriture, la putréfaction nous font soulever l’estomac. L’odeur de pisse enfin, de vomi, de défécation. Et cette musique aérienne qui s’élève encore et toujours au-dessus de cette mêlée humaine. L’appel d’un ange, ou plutôt d’une Muse qui revêtirait les habits d’une créature mythologique marine, nous amadouant par son doux chant de sirène. Les marins blancs se bouchent les oreilles, l’écume tourbillonne tout autour de notre coquille de noix. Et nous voilà déversés dans l’envers du décor, corps sombre parmi les corps sombres, à nous en aller nourrir les poissons. Les lourdes chaînes nous reliant au bois ferme de notre condition humaine. Mais je ne pleure pas puisqu’il n’y aura pas d’Amérique pour moi. Je ne vivrai donc pas mon rêve américain, ou plutôt mon cauchemar devrais-je l’appeler. Réveille-toi, réveille-toi ! Autour de moi quelqu’un s’agite, tout devient à la fois flou et tragique. Mais laissez-le respirer bon sang ! Du mouvement, des ombres. Comme si finalement j’avais été touché par la grâce ! Ou par un miracle auquel je ne croyais plus. Mes pupilles s’ouvrent avec douleur. Les points noirs s’évaporent lentement et ma vision tout comme mon visage retrouve de ses couleurs. Sacré nom ! Tu nous as fait peur, tu t’es évanoui en plein spectacle François que l’on me dit, d’une voix sortie d’Outre-Tombe, si chère à Chateaubriand. Je le regarde, je tremble encore inconsciemment. Il me prend dans ses bras comme pour me rassurer un peu. Et moi je ne peux balbutier qu’à demi-mots. J’ai fait un horrible cauchemar René...

  • In carnation de la toile

    "Carnation". Écrire au maximum une page A4 “inspirée” par La Grande Odalisque d’Ingres. (consigne de Jean-Michel Devésa) Du rouge rose sur les lèvres, du noir sur les paupières, traits indécis. On me grime, on sourit face à ma transformation. On rigole, on papote. Je reste silencieux. Je fais comme si tout ça était utile, important. Au fond, je suis mal à l’aise, je n’en veux pas. On me grime. Des cheveux aux pieds. Mes longs cheveux blonds passent plusieurs minutes à être triturés, tirés, coiffés. Je ferme les yeux, j’aime bien être pris pour une tête à coiffer et à maquiller. Seulement, j’aimerais que tout s’enlève aussi vite que c’est posé. Les couleurs. La peinture sur la toile qu’est devenue ma peau. Pauvre toile qui n’attend rien que d’être laissée tranquille. Toile douce tendue qui prend la poussière dans l’atelier de l’artiste. Cependant, on attend d’une toile à ce qu’elle serve. Alors la toile se résigne. Elle est support, rien d’autre. Elle ne peut pas exister en elle-même. Une toile aussi blanche, avec des imperfections certes, elle n’est pas unie, mais vierge de produits. Carnation banale, mais qui a besoin d’être recouverte. Pourquoi ? Pour la beauté qui ressortirait de ce processus. Pourquoi ne pas laisser une toile au naturel ? Lui laisser décider elle-même si elle en veut ? Si elle veut de ces jolies couleurs sans l’aspect obligatoire de la chose. Parce que toutes ces couleurs sont jolies. Vraiment jolies. Les coups de pinceaux, les mouvements, les dégradés,… tout fait envie au fond. Les œuvres d’art aussi multiples que les couleurs existantes. Soyez doux, dessinez-moi comme une de vos françaises. Et espérons que le tableau ne ressemble pas au portrait de Dorian Grey après la touche finale. Laissez la toile et les couleurs s’appréhender et s’apprécier, respirer.

  • Amour toujours

    "La Musique des phrases". Écrire (au maximum une page A4) après avoir écouté "Casta Diva" chanté par Callas, l'objectif n'est pas d'illustrer cette "pièce" musicale mais de travailler la musique de votre écriture. (consigne de Jean-Michel Devésa) Maria Callas sings "Casta Diva" (Bellini: Norma, Act 1) Quand elle écoutait une musique, elle pensait à lui. Quand elle voyait un film, elle l’imaginait en train de composer la musique. Elle a eu le temps de voir tous les films où la musique d’Anthony brillait par excellence, c’est-à-dire tous. Elle était plus que tout, devenue sa plus grande admiratrice, et la femme qui aimait le plus Anthony. L’opéra se met à légèrement s’obscurcir, pour juste mettre en évidence cet orchestre symphonique qui paraissait très grand, sur plusieurs étages. Anthony arrive sur la scène et salue en s’inclinant, une tradition pour un chef d’orchestre. Il tape sur son pupitre avec sa baguette de direction. Un silence froid s’installe pendant des secondes. Des secondes paraissant longues pour Anthony. Et la musique se lance. Une grande partie de la discographie d’Anthony avait été jouée ce soir-là. Presque aucun de ses films n’avait été oublié, il s’était même permis de faire des reprises notamment à la toute fin avec le thème de Francis Lai Concerto pour la fin d’un amour (final) qui figure dans Un homme qui me plaît. Elena a de suite reconnu le thème. Pendant tout le long du concert, Elena écoutait la musique mais pensait à tous ses moments avec Anthony, comme la rencontre au parc, leurs discussions sans limites, leurs voyages… Il est vrai qu’elle l’aimait toujours et qu’il avait participé à l’une des plus belles périodes qu’elle avait pu vivre. On ne fait pas un grand voyage à travers le monde avec un inconnu, enfin ç’a été le cas ici, au tout début. Maintenant elle le connaissait mieux, donc elle ne le considérait pas réellement comme un inconnu. Tout lui revenait. C’était comme si rien ne s’était passé entre-temps. Elle se dit que ce thème de Francis Lai joué ce soir-là était un clin d’œil pour elle, c’était une certitude pour elle. Tel un message de détresse qu’on envoie ou même une bouteille jetée à la mer.

  • Qui, du chêne ou...

    Écrire une page (au maximum) à partir (ou contre) ce syntagme : « Ne vous est-il jamais arrivé, lisant un livre, de vous arrêter sans cesse dans votre lecture, non par désintérêt, mais au contraire par afflux d’idées, d’excitations, d’associations ? En un mot, ne vous est-il pas arrivé de lire en levant la tête ? » Cette formule est tirée de Roland Barthes, « Écrire la lecture », in Le Bruissement de la langue, Essais critiques IV, (1984), Paris, Seuil, coll. « Points Essais », n° 258, 2015, p. 33. (consigne de Jean-Michel Devésa) Qui, du chêne ou de l’enfant… ? Un jour, un grand humain m’a demandé : « tu crois que ce monde restera comme ça pour longtemps ? » Je ne lui ai rien répondu. Avec des troncs d’arbre, on fait des feuilles ; avec du noir on fait des mots dessus. Ça devient des briques verticales le long des murs. J’ai construit ma maison avec quatre murs de mots. Je crois pas que ce monde restera comme ça ; je crois qu’il changera, mais pas comme on change pour devenir meilleur. Je crois qu’il changera comme on remplace les vieilles briques d’une maison, avec de nouvelles briques. Il y a des vieux mots. J’avais dix ans quand pour la première fois j’ai rencontré l’arbre qui a donné sa chair aux briques. Enfin, sa famille plus que lui. Lui était haut jusqu’au plafond du dehors, avec des feuilles comme des paquets de bulles regroupées en paquets de bulles. Il me dit : « Bonjour » et me laissa là, devant son tronc, la porte fermée, sans explication. Je crois que j’étais trop jeune pour découvrir de quel bois sont faits les mots. Alors j’ai attendu. Lorsque je suis retourné auprès de l’arbre, j’avais cinq ans, et le monde était tellement plus grand que ce que je pouvais imaginer quand j’en avais dix. La porte de l’arbre était ouverte, je l’ai poussée pour rentrer au creux de son être. À mon étonnement, son écorce était verte comme celle d’un arbre qui n’a que cent ans. Partout ses parois étaient des murs, et sur ces murs des mots sans encre défilaient. Je ne sais pas pourquoi les mots défilaient, ni comment étaient choisis les mots. Était-ce une seule brique ? En était-ce plusieurs ? Assistais-je à la mort de vieilles briques et à la genèse des nouvelles ? Que de questions compliquées qu’un enfant de dix ans ne se serait pas posées… Quoi qu’il en soit, l’arbre, qui étirait partout sa chair blonde, était parcouru de frissons de mots ronds comme le blé au soleil. L’escalier grimpait comme du lierre dans cette bibliothèque vivante, et mes pas, vibrants de questions, résonnaient jusqu’au sommet. Une seconde porte en marquait le commencement, dont je poussais le bois en chantant. À l’intérieur, la lumière parvenait en un unique rayon sur la table où étaient posées des feuilles de papier blanc. Les mots avaient quitté les parois pour irriguer ce bureau doré, central, dont la taille, comme une étoile, changeait suivant si on le regardait. Du haut de l’arbre des voix descendaient comme les feuilles dorées à l’automne. Je pris place au bureau, saisis le crayon, et laissais ces feuilles d’or être remplacées par ces feuilles blanches peintes de mots. Et le temps dura tout un soleil, avec ces mots et ces mots qui descendaient le long de l’arbre et coulaient couvrir la terre. Les mots devinrent dorés comme un champ de blé, les feuilles devinrent rondes comme des bulles tissées dans les airs, et le chêne tirait ses branches haut, plus haut que le ciel. Je me rappelle avoir demandé : « Tu crois que ce monde restera comme ça pour longtemps ? » mais on ne m’a pas répondu. « Papy ? c’est ça la fin de l’histoire ? » Je ramasse mes feuilles éparpillées sur mes genoux, devant sa petite bouille ronde sur fond de tapis coloré. Mes mains tremblent encore, incertaines en posant le feuillet, et je lui réponds en câlinant ses mains minuscules : « J’ai à peine l’âge de ce chêne, tu sais ? Je ne peux pas vous faire une histoire plus longue que celle-ci, je ne suis pas encore assez grand… » Il se lève et fait glisser mes lunettes en bas de mon nez. Il grimace, pour moi c’en est trop, je laisse échapper mon rire. Ah, qu’ils peuvent être sérieux parfois ! Il sourit, se rassied, rassemble la tour de cubes qu’il avait balayée plus tôt, et tandis que je lui parle, je le vois me regarder à travers ces deux petits hublots ronds : « À moi maintenant d’écouter ton histoire : pourquoi m’as-tu demandé si ce monde resterait comme ça pour longtemps ? »

  • Sophie

    Rédiger un monologue de 1 page où le personnage tente de convaincre quelqu'un qui ne lui répond que très brièvement et à la toute fin. (consigne de Paul Francesconi) Sophie Linet, lycéenne de 17 ans Raphael Loudon, placé à côté d’elle par ordre alphabétique Sophie - Je n’entends rien c’est pénible. (Regarde par la fenêtre) Cette après-midi je m’en vais. Je ne te demande pas de m’accompagner. N’y vois rien de personnel, être seule c’est tout le but de la démarche. (S’accoude au dossier de Raphael) J’ai fini Into the Wild hier et je ne suis pas sûre d’être d’accord avec lui. Donc je me suis dit qu’il fallait que j’essaie. Tu vois, c’est comme ce cours. Il ne m’intéresse pas car on nous dit trop de choses que je ne pourrais pas vérifier. On fait de l’Histoire mais en soit, l’Histoire c’est une littérature du passé dont on ne cite plus les auteurs parce qu’on part du postulat que ce qu’ils ont avancé était si fidèle à la réalité qu’on n’avait plus besoin de vérifier. Bien sûr, je me doute que certains chercheurs se penchent encore dessus mais personne ne nous demande notre avis sur le déroulement du mariage de Napoléon. Au moins en Français on nous demande de vérifier. (Prend une voix haut perchée) Prouvez à l’aide du texte que le personnage principal est déshumanisé. Et même là, c’est loin d’être passionnant … Non, vraiment, je m’en vais. Ils disent tous que l’herbe a l’air plus verte ailleurs sans jamais vérifier si c’est vrai. Pourquoi se fient-ils tous autant à l’expérience des autres ? Comme si j’allais réagir de la même manière que Jean-Louis, symbole du patriarcat de 50 ans, qui trompe Mireille à Bali une fois par mois en voyage d’affaire. Et si je reste, je vais finir comme eux. Pas spécialement comme Mireille et Jean-Louis mais comme eux tous, enduits d’ennui, englués de présupposés. Tu penses que ça a quelle couleur un présupposé ? Moi je vois ça plutôt orange foncé. (Dessine un présupposé sur la feuille où Raphael tente de noter son cours) Je ne pense pas avoir de problème de confiance. Non mais parce que tu sais, à m’entendre, c’est ce qu’on pourrait croire. En fait, c’est juste que je crois que les gens sont un peu cons. Tu vois, monsieur Deuvut par exemple, je ne crois pas qu’il veuille sciemment nous faire courir trop longtemps, seulement, quand on considère qu’il y a 100 secondes dans une minute, on peut faire plus de tours de stade, forcément. (Soupire) Après, je ne pense pas être plus futée qu’eux non plus, ce n’est pas ce que je dis ! Enfin sauf peut-être monsieur Deuvut parce ce que là quand même… Simplement, contrairement à eux, je sais que je suis une énorme truffe donc je me contrecarre. Si je crois trop en quelque chose je me force à objecter, à me dire « Okay, alors prouve-le Sophie ». (Regarde Raphael qui range consciencieusement ses affaires) Tu devrais essayer tu sais. Raphael - Oui, enfin la semaine dernière quand tu as voulu vérifier la poussée d’Archimède, tu t’es enrhumée.

  • Kaï-Kaï !

    Atelier slam : Composer un texte comportant 10 mots-clés : décalé, divulgâcher, ébaubi, époustouflant, farcer, médusé, pince-moi, saperlipopette, tintamarre, kaï. J’entre en piste Coupé décalé Un pas en arrière Deux pas de côté Un tour sur moi-même Interdiction formelle De tout Divulgâcher Technique africaine Ancestrale Du Black Mamba Arme massive De séduction Jeux de jambes Et mouvements de bassin Qui la laisseront Comme deux ronds de flan Admirez un peu l’artiste ! Sapé comme jamais Chapeau bas Lunettes fumées Et boots croco Devants les yeux ébaubis De la demoiselle Comme deux olives Tombées Dans un verre de Martini Ce soir c’est safari Le fusil à lunettes Est de sorti Je m’échine Je me déhanche Au rythme de la danse Musique ambiance Je lui mets le feu Au cul Je l’ambiance Je re-joue cependant Contre mon gré La scène de l’arroseur arrosé Au rayon farces et attrapes C’est une jolie blonde médusée Que je vais finir par farcer Et engrosser Danser pour se la farcir Les jeux sont faits Un pas en avant Deux pas de côté Un tour sur moi-même Coupé Décalé Le Boa constrictor A repéré sa proie Je m’approche à petits pas Et lui fais du rentre dedans En collé-serré Mais qui va là ? Saperlipopette ! Pincez-moi je rêve Qui va donc sur le dancefloor Au milieu de tout ce tintamarre ? De la bombe atomique ! Hiroshima et Nagasaki réunis Une belle asiat’ en kimono ! Kaï ! Kaï ! Ciao ciao la Suédoise Et bonjour la jolie brune Ou plutôt objectif à six heures Taïaut taïaut ! Tiens ma geisha Voilà un verre De saké Rien que pour toi Et moi Kampaï ! Puisqu’il faut bien Saquer dedans ! Je vais te faire voir La position du Lotus Inversée Mais elle s’esquive Comme une anguille J’ai beau zouker Mon coupé décalé N’a sur elle Aucun effet Au contraire La sirène exotique À la peau lisse Ondulé Et me fait littéralement chavirer En équilibre sur ma jonque En état d’ébriété Ou bien encore abusé Par le GHB Elle me fait de l’œil Avec ses yeux de biche Et moi je tourne de l’œil Bien incapable de danser Je perds tous mes moyens Je reste pétrifié Au milieu de la piste Mes soces se moquent de moi Tout marche au ralenti La musique saccade Et tourne en boucle Comme un disque rayé Je voudrais être un bonsaï Me faire tout petit Et me tailler Ou bien me faire hara-kiri Banzaï ! Mais Trop tard La sorcière du Japon M’a pris dans ses filets J’ai l’air d’un simple caillou Zen Au creux de ses mains Un simple tatouage de plus Sur la cambrure de ses reins Je suis son jouet Sa poupée vaudou Son putain de toutou Elle me passe d’ailleurs Un collier à clous Autour du cou Ainsi qu’une muselière Coups de cravache Et martinet Si je mords Ou bien si j’aboie trop Bottes de cuir Et main de fer Dans un gant de velours Elle me caresse Dans le sens du poil Elle me dresse Refait toute mon éducation Si bien que désormais Elle est ma maîtresse Sévère et juste La reine du bondage Et je vais bien docile Et soumis Au bout De sa laisse La queue Entre les jambes Kaï Kaï ! XK (Limoges, 18-11-21)

  • Vain cul

    Écrire une page "déclenchée" par la scène d'anthologie du Mépris de Jean-Luc Godard réunissant Brigitte Bardot et Michel Piccoli (adaptation du roman d'Alberto Moravia). Ne pas dépasser un feuillet A4. (consigne de Jean-Michel Devésa) La scène culte de Brigitte Bardot dans « Le Mépris » (avec Michel Piccoli en 1963) Toi et moi allongés dans un grand lit Il ne se passe rien Sinon les banalités plates (et crues) Du quotidien Ta peau nue Et douce comme de la soie Vestale de satin incendiaire Qui me tient affectueusement la main Moi être abjecte barbu Ventru et froid Caché dans l’ombre de ta beauté Entre les draps froissés Par les courses folles de nos deux corps enflammés Par la nuit animale À suer corps et eaux Et à s’aimer en vain Aussi au petit matin Et après le coït charnel Le repos aidant Nous revient alors en plein visage L'évanescence de nos sentiments Nous voilà soudainement philosophes Calmes et apaisés Comme si la veille les tempêtes avaient soufflé Le vent de la folie Sur nos têtes enfiévrées Tu me parles d’amour De persuasion J'essaie de le faire rimer avec toujours Mais hélas C'est un mensonge par omission… XK

  • Déception-décision

    "La Musique des phrases". Écrire (au maximum une page A4) après avoir écouté "Casta Diva" chanté par Callas, l'objectif n'est pas d'illustrer cette "pièce" musicale mais de travailler la musique de votre écriture. (consigne de Jean-Michel Devésa) Maria Callas sings "Casta Diva" (Bellini: Norma, Act 1) Je fonce. Oui, il faut que je fonce. Dans quel sens ? N’importe, qu’en avant, mais vite, outre la ville. Je joins l’autoroute. Enfin. Les arbres accélèrent, puis je ralentis, je m’arrête. Je sors de la voiture et fais face à une camionnette. Elle freine, le chauffeur fait une tête marrante je trouve. Je fais claque, puis je tombe, comme une crotte, en dessous des roues. J’entends que ça craque, c’est ma hanche, mon bassin qui se décompose en miettes. Mon bras droit est le suivant, il s’écrase et se tord comme le tronc d’un olivier. Je crache un peu de sang. C’est chaud et salé. Je suis allongé sur l’asphalte, il est frais et un peu caillouté. Mon cœur, je le sens dans tous mes membres, il joue un rythme assez particulier. Mais moi, je suis immobile. C’est bizarre, j’ai l’impression que mon intérieur se fond, je me sens mouillé dans les entrailles, comme si de l’eau voulait jaillir de mon fond. J’ai froid et j’ai chaud, ça se confond. La lumière me heurte les yeux, les couleurs sont vives mais les contours se brouillent. Je manque d’air, je n’en aurai plus, je me résigne. Mon corps s’alourdit de plus en plus, il n’est lentement plus qu’un sac d’engourdissement. Mon corps. Ce corps, je l’ai aimé pourtant. Tant pis. Adieu. Je m’éteins maintenant.

  • Dolce Vita

    "La Musique des phrases". Écrire (au maximum une page A4) après avoir écouté "Casta Diva" chanté par Callas, l'objectif n'est pas d'illustrer cette "pièce" musicale mais de travailler la musique de votre écriture. (consigne de Jean-Michel Devésa) Maria Callas sings "Casta Diva" (Bellini: Norma, Act 1) Douceur de vivre Tu es mon unique désir Trésor de mes vœux secrets Source de mes bonheurs cachés. Tu es ma sérénité tranquille Une force qui scintille En moi pour toujours Une chance de tous les jours. À la fois grave et tendre Tu te fais entendre À chaque bruissement de mes pas Joie heureuse qui s’éveille en moi. Tu m’élèves à la lumière Me sentant comme renaître Quand tu interviens Sans peine et sans fin. Force sur qui je peux compter Espoir brillant de mes volontés Tristesse parfois mêlée à ta douceur d’être Mélange de réserve et du paraître. Ton écho résonne parfois Doucement et toujours plusieurs fois Écho de la voix des anges En moi qui jamais ne change. Torrent tranquille ou tumultueux Quelquefois même les deux Jamais tu ne m’abandonnes Ardeur permanente qui se donne. Comme dans un murmure Telle une tentation qui me susurre De céder à ta folie tendre Une mélodie qui veut se faire entendre. Sous la joie du plaisir Se cache parfois une nostalgie de vivre Mélancolie du sens de la vie Parfois absurde, parfois inutile. Mais généreuse jusqu’au bout Survivante dans un monde fou Tu es le bienfait suprême de l’existence Une bienveillante étoile de chance.

  • Mon trésor secret

    “Inquiétant”. Écrire au maximum une page A4 “inspirée” par ce tableau inquiétant de Balthus. (consigne de Jean-Michel Devésa) Je marchais le long du bord de la rivière pour cacher mon trésor secret. Je m’arrêtai sous un saule. Je vis un rayon de soleil tomber sur mon magnifique endroit. Je regardai autour de moi, j’entendis des grenouilles qui coassaient, des canards bruyants et le chant des cigales. Dans mon esprit je me dis que c’était la plus belle chose qui m’était arrivée. Pourquoi ne pas rester ? Rester pour m’inspirer de cette belle vue. Au bout d’un moment j’oubliai pourquoi j’étais ici, je fermai mes yeux mais je ne m’endormis pas. J’entendis un bruit qui m’inquiéta alors je me levai, un vieil homme m’apparut soudainement, il me fit peur. Je tombai par terre, il me tendit la main et me dit : – N’aie pas peur ma petite fille. Je le regardai le doute dans les yeux. – Que fais-tu là ma petite ? Continua-t-il. Je lui répondis que je cherchais ma cachette secrète, puis lui demandai s’il pouvait m’aider. Il secoua la tête. – Je suis le gardien de cette forêt. Tu peux me confier ton trésor, il sera entre de bonnes mains, Je me méfiai un moment, mais je n’avais pas le choix. La forêt était trop grande pour que je puisse continuer mon chemin toute seule, c’est pourquoi je lui confiai mon trésor en lui demandant de faire attention car son contenu était très important pour moi. Avant que je m’en aille, il me posa une question : – Peux-tu me dire ce qu’il y a à l’intérieur ? Je fixai la boite et lui répondis que c’était la dernière chose laissée par ma grand-mère. Les larmes aux yeux, je partis sans me retourner. Je me demande souvent pourquoi je l’ai laissé là-bas. Peut-être pour oublier qu’elle était partie, pour ne pas regarder ce dernier souvenir chaque matin en me demandant pourquoi elle me l’avait confié. J’étais une petite fille qui ne connaissait rien de ce monde, je ne savais pas que ma grand-mère n’était pas partie ni ne m’avait laissée, mais qu’elle était morte.

  • Un, deux, trois, automate du matin

    "La Musique des phrases". Écrire (au maximum une page A4) après avoir écouté "Casta Diva" chanté par Callas, l'objectif n'est pas d'illustrer cette "pièce" musicale mais de travailler la musique de votre écriture. (consigne de Jean-Michel Devésa) Maria Callas sings "Casta Diva" (Bellini: Norma, Act 1) Un, deux, trois. Le réveil sonne, aux premières lueurs du jour. Je suis déjà réveillé, depuis de longues minutes. Seul, dans le noir. Un, deux, trois. Deuxième, puis troisième réveil. Il en reste encore deux, au cas où, vous savez. Mais pas ce matin. Un, deux, trois. Je m’assois sur le bord du lit, groggy de fatigue. Pas prêt pour cette journée, chargée. Jamais prêt, en fin de compte, pour une quelconque journée. Un, deux, trois. Je me lève enfin, après avoir éteint les deux autres réveils, qui vont crescendo. En rythme, en volume, en intensité. Ensuite, tout s’enchaîne. Limpide. Automate au programme ayant peu de variables. Toilettage, habillage, soins. Les musiques sur mon téléphone aussi. Le rythme me guide, me réveille un peu, me fait chanter, en playback, pour ne pas déranger mes voisins et voisines. Les murs sont fins. Je fais des gestes, bouge mon corps encore trop endormi mais qui aime se prêter à ce jeu, quand on est seul. Un deux trois Je vais être en retard. Le rythme s’accélère. Vite. Un deux trois Je dois débarrasser la litière. Fait. Mes boîtes pour ce midi. Fait. Petit-déjeuner ? Dans la voiture. Un deux Clés. Check-up mental. Rien oublié. Normalement. Un deux. Voiture. Démarrage. Un, deux. Agacement. Tranquillité. Oscillation entre les deux, toujours avec de la musique. Elle me suit. Un, deux, trois. Je suis arrivé, j’accueille les élèves, avec le même discours. « Bonjour. Carnet s’il-vous-plaît. C’est parfait, merci et bonne journée. » Ponctué d’une touche de spray désinfectant sur leurs mains. Un, deux, trois. Ce n’est que le début d’une journée presque réglée comme du papier à musique.

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