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- Évènement nouvelles
Au semestre 1, dans le cadre de l'atelier d'écriture fiction animé par Jean-Michel Devésa, les étudiant·e·s du master 1 FABLI ont écrit une nouvelle sur le thème « Du féminin ». Après tant d'inspiration, d'écriture, et de retouches... Elles arrivent ! Venez donc découvrir leurs univers à partir de demain, 15 février !
- Lylia 4-ever
Que dire de ce film ? Là encore une violente claque ! Je semble les cumuler ces derniers temps, et ce n’est pas pour me déplaire. Bien au contraire puisque c’est seulement pour le plaisir des yeux et aussi façon de parler. La bande-son est superbe et décapante, elle donne le ton d’entrée, le film s’ouvre sur une chanson de Rammstein et se clôt également sur la même chanson histoire de boucler la boucle. Le film de Lukas Moodyson (un écrivain et cinéaste suédois très engagé pour la cause féministe entre autres) nous embarque dans une aventure bien poisseuse mais hélas ô combien réelle dans les bas-fonds d’une banlieue ex-soviétique laissée à l’abandon après l’effondrement de l’URSS. Il n’y a guère que les Beatles à pouvoir chanter haut et fort Back in a USSR avec un semblant de joie ! En vérité tout s’est écroulé du jour au lendemain, il n’y a plus de travail et absolument rien à faire pour combler ses journées vides. Aussi tout le monde quitte le navire en perdition, et en premier lieu la mère de Lilya, l’héroïne du film âgée de 16 ans jouée par l’étincelante Oksana Akinshina ; qui part pour le rêve américain avec son nouveau mari, en laissant derrière elle sa fille. Qui se trouve ainsi livrée à elle-même, sans un sou en poche, sans foyer bientôt car expulsée de chez elle par une tante malintentionnée. Son nouveau beau-père ne voulant pas d’elle en vérité, sa mère fait les démarches pour l’abandonner et retirer son autorité parentale. Bref, son parcours va de mal en pis, et on ne sait véritablement pas où va véritablement s’arrêter sa chute. Ou plutôt si on le devine que trop bien, c’est même gros comme une maison : la jeune fille va se livrer à la prostitution occasionnelle… Elle quitte les bancs de l’école ainsi que l’appartement où elle vivait avec sa mère. Dans tout ce joyeux bordel merdique de la vie, sa seule consolation sera l’amitié qu’elle nouera avec un garçon plus jeune qu’elle, Volodya, au parcours accidenté lui aussi. À sniffer de la colle tous les deux pour se déconnecter du monde réel. À se contenter de peu pour vivre et à s’illusionner sur leur avenir pour mieux s’évader des turpitudes sombres de leur quotidien (des parents absents ou bien violents). Ces deux jeunes sont livrés à eux-mêmes et au monde de la rue, le dénouement ne pouvait qu’en être dramatique voire même tragique. Lilya rencontre un homme, elle en tombe amoureuse, ce dernier l’entraîne loin de son pays en Suède en lui faisant miroiter une vie plus facile et libre, mais en réalité il la mènera en bateau, et elle se libère d’une prison pour rejoindre un enfer encore plus grand, celui de la prostitution organisée à grande échelle, celui du trafic des femmes de l’est… En un mot sombre et poétique tout à la fois, on se prend de pitié pour les deux personnages, on voudrait qu’ils s’en sortent et leur crier de ne pas tomber dans le panneau tête la première ! Mais hélas ils ne nous entendent pas… C’est bien triste. Le sujet est brûlant et toujours d’actualité malheureusement et il ne tient qu’à nous de dénoncer tout cela. La misère, la prostitution, les galères… Tout cela nous amène forcément à réfléchir. C’est bien là le but d’un bon film, non ? En ce sens, je peux donc affirmer sans trop me tromper que Lilya 4-ever est vraiment un très très bon film ! Je vous le recommande vivement.
- Ma petite flamme
Ma petite flamme Je suis si contente de te voir naître Alors que je craque l’allumette J’aime tout ce qui te regarde La douce odeur que tu me diffuses L’aveuglante lumière que tu m’offres Les jolies danses que tu m’accordes Mais tu es si fragile Ma petite flamme Ta bougie est bientôt fondue Mais tu veux encore brûler Et je veux encore que tu brûles Aurai-je toujours le temps D’humer ton parfum D’admirer ton éclat Et de t’accorder cette danse Une toute dernière fois ? Ma petite flamme J’aimerais t’économiser Te faire vivre figée Chaque fois que je te quitte J’aimerais que ton ardeur demeure Telle quelle et pour toujours Ma petite flamme Dis-moi T’éteindras-tu bientôt pour de bon ? L’obscurité viendra-t-elle peindre Ma robe et mon cœur à jamais ? Ma petite flamme Pour toi je craquerais sans hésiter Ma toute dernière allumette Et je t’attendrais Même si je savais Que tu ne te raviverais plus Et alors, ma petite flamme Je graverais Ton arôme Ta chaleur Et ta grâce Dans ma mémoire
- Oh putain, Makolet !
Jeudi 20 janvier 2022, cher journal intime j’ai été agréablement surpris en allant voir cette pièce mise en scène par Alexandre Josse et tirée de la nouvelle déjantée de Marc Bruimaud intitulée Makolet (parue aux éditions Jacques Flament en 2015). La scène intimiste et baroque de l’espace Noriac à Limoges s’y prêtait on ne peut mieux il est vrai, d’autant plus que c’était la première fois que j’y mettais les pieds. Là encore, une belle surprise ! Je tiens aussi à remercier Fabrice Garcia-Carpintero pour la place offerte, les éditions Black-Out forcément, le metteur en scène Alexandre Josse également, les deux comédiens ainsi que toute l’équipe de production sans oublier l’auteur Marc Bruimaud (rendons à César ce qui est à César) pour cet agréable moment qu’ils m’ont fait passer ce soir-là. Alors, pourquoi un si grand moment de théâtre au juste ? Déjà le sujet abordé est un poil décalé il est vrai (et Dieu sait que j’adore les trucs décalés et déjantés) : celui d’un « nain » ou plutôt devrais-je dire une personne de petite taille pour rester politiquement correct, qui narre son histoire et retrace le fil de sa vie, son handicap qui amènera ses parents à l’abandonner honteusement, son enfance difficile dans un orphelinat, ses travers libidineux, sa carrière fulgurante et inattendue d’acteur porno, ses crimes de toutes sortes, plus ou moins avouables, ses rêves, ses fantasmes, ses années de prison également, les liens d’amitié qu’il a tissé au fil de toutes ces années. Il se livre crûment à son éditrice à qui il a confié son manuscrit en vue d’une publication, et le pire dans tout ça, c’est qu’elle en redemande ! Elle se fait littéralement voyeuse. La première surprise passée on se prend aux tripes et à la gorge, on rit jaune et on se plonge complètement dans cette histoire. Pour ne plus en sortir pendant une heure et demie que je n’ai pas vu défiler il est vrai. Des vidéos sont projetées sur un écran géant en fond de scène, la musique est prenante et planante à souhait avec quelques samples de Marilyn Manson entre autres. Bref tout s’accorde à merveille, aussi bien les dialogues débridés, la musique endiablée ainsi que les vidéos aussi lyriques qu’émouvantes (l’oeuvre de la vidéaste Claire Belin), et les deux comédiens sur scène sont comme deux poissons dans l’eau évoluant dans un bocal somme toute restreint mais ô combien jouissif. Et nous dans tout cela, pauvres spectateurs impuissants (si si, j’insiste) que nous sommes, nous nous faisons alors voyeurs de son histoire pas banale pour un sou. c’est ce qui en fait toute son originalité et donc en cela explique le si bon moment que toute la salle a passé. Le jeu des comédiens (Jean Malbernard et Anaïs Archain) qui ne sont pourtant que deux sur scène est au poil, il remplit tout l’espace à lui seul ou presque. On ne voit qu’eux, même si parfois on décroche brièvement pour regarder les vidéos excellentes qui sont projetées derrière et qui servent pertinemment les dialogues ainsi que les propos tenus par ces derniers. Mais au bout de quelques secondes néanmoins on revient à eux avec un plaisir non dissimulé et la sensation d’avoir passé un grand moment à la fois moderne et total de théâtre malgré le dépouillement de la mise en scène en elle-même. Deux comédiens, un téléphone portable sur trépied qui fait office de caméra, un thermos, un calepin et un crayon pour prendre des notes, des vidéos, une bande-son, et surtout seulement la présence d’une table avec deux chaises au milieu de la scène, ainsi que deux autres chaises mises dans chaque coin au-devant de la scène. Les comédiens passant librement d’un espace à un autre pour justement occuper cet espace théâtral du mieux possible. Mais tout compte fait, cela fonctionne ! Il n’en faut pas plus ! Et nous sommes littéralement happés par cette histoire qui sort véritablement des sentiers battus. Encore bravo ! Je lui prédis en tout cas un très beau succès ! Et à très bientôt très cher journal...
- Jardin d'hiver
Fleur éclose aux pétales incolores et pourtant éclatants perce la croûte terrestre transperce l’hiver printemps avant le printemps corolles corolles par dizaines sur tiges par centaines parcheminent le parterre incertaine d’où placer les pieds pour ne pas les écraser
- Melancholia
Melancholia, film de Lars Von Trier sorti en 2011, est à la fois poétique et étrange, sombre et lumineux tout à la fois. Le réalisateur semble jouer sur des clairs obscurs comme le peintre baroque le fait sur ses tableaux. D’ailleurs, Lars Von Trier nous dresse toute une série de tableaux tous plus beaux les uns que les autres mais tout aussi étrangement inquiétants. C’est toute la nature pessimiste et sombre du maestro danois qui transpire ici. Il transfigure ainsi nos peurs et nos angoisses en quelque chose de plausible et d’inéluctable. En même temps c’est ce qui arrivera dans quelques millions d’années, si l’Humanité toute entière n’a pas totalement disparu de la surface du globe d’ici là. Ceci-dit je ne voudrai pas être à la place des derniers représentants de l’espèce humaine qui verront leur dernière heure arriver. Melancholia est dans le film une planète qui est censée passer à quelques milliers de kilomètres de la Terre, ce qui à l’échelle du cosmos est somme toute très peu ; de fait, elle apparaît comme une curiosité pour les scientifiques et autres amateurs de spectaculaire et sensations fortes, mais aussi comme une véritable source d’angoisse et de crise agissant sur les comportements pour les autres qui sont de nature plus sensibles à leur environnement et qui ressentent intrinsèquement les choses. Comme les effets de la Lune sur les humeurs par exemple. Humeurs du reste chères aux Anciens, tout comme la mélancolie, qui est source ici de génie mais aussi de folie. Sauf que le calme et l’apaisement viennent après la tempête et les coups de sang. Tout est déréglé dans ce monde que peint Lars Von Trier, tout est également inversé. Les personnages tout d’abord, deux sœurs que tout oppose (l’une brune, mariée et mère de famille avec les pieds sur terre, incarnée par Charlotte Gainsbourg, l’autre un peu paumée, blonde et au caractère instable jouée par Kirsten Dunst, deux actrices chères au réalisateur du reste). Le film commence par un mariage raté et se termine par une vision apocalyptique dans un état d’extrême tension voire même de paroxysme de l’angoisse. Cette angoisse qui nous pousse un peu plus vers la mort, et qui se retrouve dans l’état mélancolique. On ne peut que rapprocher le poème de Victor Hugo du même nom au titre du film, mais plus encore d’une des parties du recueil Poèmes Saturniens de Paul Verlaine. Le film se décompose en deux parties appelées chapitres (« Justine » et « Claire », du nom des deux sœurs), les deux chapitres sont totalement bouleversés par le comportement des deux sœurs, la folie et la mélancolie (deux termes qui ici restent assez proches dans ce film) semblant gagner l’une en premier et se transmettre à l’autre dans un deuxième temps, tandis que celle qui était déprimée connaît enfin l’apaisement, ou plutôt devrais-je dire la plénitude mentale de la résignation. On assiste ainsi à une sorte de renversement qui au début du film était loin d’être évident. Bref, un film étrange et beau à la fois, à l’esthétique soignée et qui ne pourra que nous faire réfléchir sur notre propre condition. XK (Limoges, le 25.01.22)
- Cette nuit-là (4/4)
Je reste silencieuse quand, petit à petit, je me rends compte que je crache mon venin sur un comportement que moi-même j’adopte. Ça ne me plaît pas vraiment, mais si je dois en passer par là pour le ramener à la raison... Alors ainsi soit-il. – Zak, s’il te plaît ! Mes parents n’ont jamais affronté un seul obstacle ensemble et je... J’ai trop souvent vu ma mère en souffrir. Regarde où ça l’a menée... La corde sensible fonctionne parfaitement ; de son côté comme du mien, d’ailleurs. Il tente de répondre, mais aussi difficile que ça l’est pour moi, je l’en empêche. – Tu sais que mon père peut encore se rattraper, mais c’est fini pour elle... C’est pour ça que quand elle est morte, je me suis jurée de faire en sorte que jamais ça ne m’arrive. Pour elle. Mes propres mots me transpercent le cœur, et je m’aperçois alors que ça fait une éternité que je n’ai pas parlé de ma mère. – Mais si tu te bats contre toi-même... Dis-moi, comment suis-je censée tenir ma promesse ? – Ce n’est pas ce que je voulais, je t’assure... Mais je ne peux me résoudre à croire que ta souffrance puisse être égale à la mienne... – Il faut que tu te pardonnes d’abord, déclaré-je d’une voix douce. Tu t’en veux encore pour ce qu’il se passe, c’est normal. Je réagirais exactement comme toi si les rôles étaient inversés... – Ça fait mal, Nev, tellement mal... – Je sais... Mais ça prend du temps. D’elle-même, ma main quitte le rebord de la piscine et se faufile vers sa jumelle masculine, posée sur la cuisse de mon petit ami. L’autre l’imite et elles y exercent, ensemble, une douce pression. Au contact de nos mains, la différence radicale de nos deux températures me fait soudainement prendre conscience que Zak est peut-être là depuis des heures. – Ça sera dur, mais on passera outre... – Ensemble, complète-t-il ma phrase. Je le gratifie de mon plus beau sourire, heureuse qu’il ait enfin compris. Un énorme frisson parcourt mon corps au moment où il me le rend ; je suis persuadée qu’il l’a aussi ressenti. Il rompt l’étreinte de nos mains et retire une manche de son sweat, puis l’autre ; jusqu’à ce que le vêtement finisse par carrément s’enlever de son torse. Je suis tiraillée entre me jeter sur lui ou l’engueuler pour lui faire renfiler le sweat... que je viens de recevoir en pleine tronche. – Mets ça. Tu vas attraper froid. – T’es là depuis combien de temps ? l’ignoré-je. – 10 minutes, commence-t-il en me fixant, avant que tempête Nevaeh ne débarque et me ruine mon paquet de cigarettes ! Les éclairs que lancent ses yeux se veulent menaçants, mais je sais que ce n’est qu’une façade et qu’il fait semblant de me sermonner. – Neuf, insiste-t-il sans pour autant attendre de réponse. Maintenant enfile-moi ce sweat avant que je le fasse moi-même ! Je rigole, une idée derrière la tête, avant de me relever. Je croise son regard et je comprends vite qu’il a deviné mes intentions. Bon sang, il me connaît trop bien ! Ni une, ni deux : il fonce sur moi tellement vite que je n’ai même pas le temps de faire un seul pas. D’une main, il m’attrape par la taille et me passe le sweat de l’autre, sous mon rire devenu incontrôlable. Je réussis à m’échapper avant qu’il ne m’enfile les manches. Ayant retrouvé mon immature gaieté, je tourne plusieurs fois sur moi-même afin de faire voler les manches dans les airs. J’ai officiellement réussi ma mission quand Zak finit par craquer et que son rire retentit jusqu’à mes oreilles. J’arrête de faire l’imbécile et mets correctement son sweat avant de sourire, heureuse. Ça fait vraiment du bien d’entendre son rire après avoir essuyé ses larmes... Je l’invite à me rejoindre en lui tendant la main, qu’il s’empresse d’attraper avant d’y déposer un baiser. Nous rentrons à l’intérieur de la maison et remontons à l’étage. Zak entre le premier dans la chambre et, comme il n’a pas lâché une seule fois ma main, je le retiens alors qu’il s’apprête à s’affaler sur le lit. – Qu’est-ce qu’il y a, princesse ? – Danse avec moi, exigé-je. Je l’entends rire légèrement et sens ses mains se poser sur le bas de mon dos. Je suis donc son geste et enroule amoureusement mes bras autour de sa nuque. J’attendais ça depuis tellement longtemps... Un moment paisible, sans dispute, sans tierce personne... Rien que lui et moi. – Tu me donnes l’exemple parfait de ce que je disais tout à l’heure... – Quand tu as dit que j’étais un « sacré personnage » ? – Oui. Il n’y a que toi pour vouloir danser avec moi, à quatre heures du matin ! Ses yeux noisette et le sourire que j’entends dans ses paroles m’hypnotisent. Il guide les moindres battements de mon cœur, et j’adore ça. Je suis littéralement amoureuse de chacun de ses défauts, qualités ou comportements. Alors pour lui montrer ma gratitude, je caresse tendrement sa joue avec mon pouce. – Mais c’est pour ça que je suis tombé amoureux de toi, Nev. Je souris avec sincérité, me hisse sur la pointe des pieds et pose tendrement mes lèvres sur les siennes. Quand je mets fin au baiser, ma bouche contre son oreille, je lui chuchote : – Je sais que tu n’as pas la force de le faire maintenant, mais moi, je te pardonne.
- Ça ne se dit pas
Ça ne se dit pas. Ça se cache – ça se vit. Ça finit par se savoir Parce qu’on s’éteint à petit feu Parce qu’on ne peut plus voir Ni le jour, ni la lumière mais la Nuit. C’est le Vide et c’est le trop C’est un tas de choses Indicibles C’est souffrances et c’est chaos Parce que plus rien d’autre n’existe.
- N'abandonne jamais
N’abandonne jamais, quoi qu’il arrive… Sois fort et combatif Courageux quand tu montes sur le ring Esquive les coups au mieux Ou apprends à les encaisser Tu n’es pas encore mis K.O A peine sonné sérieux Si tu es poussé dans les cordes, Dégage-toi ! Si tu tombes au sol, Relève-toi ! Sens la force qui est en toi Aie confiance Et tu y arriveras Et si jamais tu en doutes, Rappelle-toi : La vie est un combat, Et tu n’en es qu’au premier round ! Xk (14-06-16)
- Vacance en la tombe de mamie
Décrire ses vacances dans un lieu insolite. C’était le jour d’Halloween. Les vacances d’automne venaient juste de commencer. Le week-end dernier, nous avons enterré ma grand-mère. Elle a ainsi rejoint mon grand-père avec six ans d’écart. Je dis délibérément mon grand-père et non pas son mari, parce qu’ils ne faisaient pas simplement un mauvais couple, un couple affreux, mais leur mariage pouvait être un contre-exemple pour tous ceux qui les connaissaient. Cela faisait au moins une décennie avant que mon papi ne quitte ce monde qu’ils ont cessé de se parler. À un moment, ma grand-mère s’est même décidée de déménager, alors un matin elle a fui en catimini. À part ma tante, personne ne connaissait son adresse : elle a, en effet, loué une chambre quelque part dans le village. Et elle ne voulait pas que nous autres sachions où elle se trouvait de peur que papi en prenne connaissance également et aille la chercher. Il est vrai que papi ne s’attendait pas à une telle tournure de sa part et il a quand-même bien été embêté parce que c’était toujours grand-mère qui cuisinait, sans parler des autres tâches ménagères. Dans sa détresse, il a effectivement rédigé quelques lettres pour tenter de la faire rentrer à la maison, en priant ma tante de les lui transmettre, ce qu’elle a accepté de faire, mais elles sont restées sans réponse. Cette période de quelques mois seulement a produit des faits assez comiques de la part de papi. Bref, il s’avérait qu’il n’était pas capable de se débrouiller tout seul. Ensuite, mamie est rentrée. Mais pas parce qu’elle avait été touchée par les maux de papi, non. C’était à cause de ses difficultés financières à elle. Donc tout est retourné à l’état habituel d’avant, mis à part quelques petits compromis que mon grand-père a dû accepter sans conditions. Cela ne faisait que quelques années que nous avions commencé à célébrer cette fête reprise du monde anglo-saxon. La plupart des gens ne s’y intéressent pas en Europe et même nous, ce n’était que pour le côté ludique du déguisement que nous avions eu envie d’y prendre part. Donc nous nous sommes réunis chez moi le soir pour nous mettre en costume, nous maquiller et nous préparer pour aller en ville. En sortant du dernier lieu où nous sommes allés – il devait être vers trois heures du matin – nous avons décidé, comme ça, d’aller voir le cimetière en rentrant. Évidemment, c’était fermé pendant la nuit donc nous avons escaladé la clôture. C’est une nécropole vaste, pleine d’arbres, espacée et assez plaisante. De la sorte, ceux qui apprécient le silence et la sérénité de ces lieux macabres (pour la majorité) peuvent passer des heures à se promener, à être assis sur les bancs et laisser leur esprit vagabonder. Pendant que les autres se sont installés sur et autour d’un banc sous la pleine lune et se mettaient à picoler, j’ai eu l’idée de faire un tour et de jeter un œil sur les tombeaux familiaux, notamment celui où se trouve désormais la dépouille de ma grand-mère. Je me suis mis devant le tombeau, tout près, pour le voir d’en face. J’ai levé la tête, je me suis tourné sur moi-même pour voir les cieux en entier avec toutes ses étoiles et la lune mais, tout à coup, j’ai perdu l’équilibre et je suis tombé en arrière. J’aurais dû atterrir sur le dessus du tombeau mais, au lieu de ça, j’ai continué ma chute longuement. Je ne comprenais pas, mais je ne m’inquiétais pas, la plus grande quiétude s’emparait de moi. Et soudain, je me suis retrouvé par terre, sans choc. Je me suis levé et je ne savais pas où j’étais ou ce que je voyais. J’ai fait un pas, ce qui m’a fait avancer, j’avais l’impression, d’une centaine de mètres. J’ai commencé à marcher sans trop penser et je me suis presque heurté à une porte, on aurait dit, comme dans les contes de fées, en bois et ferrée. J’ai appuyé sur la poignée, j’ai encore fait un pas et j’étais là… eh ben, c’était ma grand-mère devant moi. Elle cuisinait. Rien d’extraordinaire. La cuisine était aménagée différemment que celle qu’elle avait avant. Mais elle portait le même genre d’habits que ce que je connaissais. Je l’ai salué clair et fort d’un ton naturel mais avec une nuance de petite surprise. Elle n’a pas réagi, mais est apparu au fond, dans l’embrasure de l’autre porte, mon grand-père avec des bouteilles vides dans l’une de ses mains tandis que dans l’autre, il tenait sa béquille et il commençait à se traîner vers une autre porte de côté. À ce moment, grand-mère s’est retournée avec une mine déjà peu chaleureuse, mais lorsqu’elle s’est aperçue du contenu des mains de papi, ses traits se sont fâchés à l’extrême et elle a commencé à hurler. Papi n’a rien dit. Il s’est arrêté juste un moment, comme s’il avait été quelque peu surpris, même s’il n’y avait rien de surprenant dans la situation, il a légèrement et hâtivement soulevé sa béquille comme un geste de désarroi et a continué son chemin. Bon, je me suis dit, pas grande chose a changé. Ils vont relativement bien… À cet instant, comme si un souffle m’avait saisi, j’ai été emporté de la chambre avec une vitesse extraordinaire et à mon prochain clin d’œil, c’était de nouveau un ciel dégagé de nuages et étoilé avec une grosse lune un peu jaunâtre au milieu que j’ai trouvé devant moi. Je me suis levé. J’ai tout de suite porté ma main à mon occiput. J’avais mal. Je frottais. Là, il y avait mon cousin qui est apparu sur ma droite en poussant de côté une branche d’arbre et avec un sourire éclatant sur son visage éclairé par la nuit : Tu fais quoi là sur la tombe de mamie ? On pensait que tu étais allé pisser.
- Le Silence
Un silence de plus qui court à notre perte Un cri strident dans la Nuit qui n'en finit plus Un battement de cils sur un visage inerte Et au milieu de tout ça, nos corps mis à nu Xk (29-04-2016)
- Cette nuit-là (3/4)
Je veux lui dire que je suis désolée de lui avoir crié dessus. Désolée de ne pas l’avoir laissé parler quand moi j’avais des choses à dire. Je veux lui dire que je me déteste de lui avoir reproché des choses pour lesquelles il n’était pas responsable. Je veux tout lui dire, mais je me tais : c’est à lui de parler maintenant. Il porte la main à son visage, couvre ses lèvres et ferme les yeux. Ses paupières se pressent aussi fort que la douleur qu’il ressent en ce moment-même. Sans surprise, sa douleur est aussi là, dans mon cœur qui se fissure, lentement. Zak essaye tant bien que mal de retenir les larmes qui ont déjà humidifié ses cils. – Je m’en veux tellement, articule-t-il au bout d’un moment. Ça me tue de me dire qu’il peut te tomber dessus n’importe quand et que moi, je suis incapable de te protéger... Quelques fissures se creusent encore, puis mon cœur vole en éclats. – Ce qui me bouffe le plus, c’est mon impuissance. Je n’arrive pas à faire en sorte que ton cauchemar s’arrête, je n’ai pas ce pouvoir ! Comment peux-tu encore trouver la force de m’aimer ? – Arrête, tu te démènes pour garantir ma sécurité... Mais tu n’es pas un super-héros et tu ne peux pas toujours être au bon endroit au bon moment. Personne ne peut te reprocher de vivre... – Mais je ne comprends pas ! Pourquoi ça t’arrive, à toi ? Ça me rend fou... – Pourquoi ça nous arrive, le corrigé-je. N’oublie pas que tu souffres aussi... Il rouvre brusquement les yeux et son regard m’indique qu’il n’est absolument pas d’accord. J’y décèle même de la colère... et je déteste quand il devient comme ça. – Arrête, tu ne peux pas dire ça alors que c’est toi qui te fais harceler ! Pourquoi est-ce que tu prends toujours la douleur des autres sans considérer la tienne ? – C’est faux Zak, je le fais ! – Menteuse. C’est toujours comme ça, entre nous. On s’aime façon fleur bleue puis on se vexe, on met le feu aux poudres et on explose. On n’y peut rien, à ce jeu de provoc... parce qu’on l’adore. – OK, tu veux la vérité ? C’est insupportable et j’ai tout le temps peur ! J’enrage à chaque fois qu’il prend le dessus ! Mais tu sais le pire dans tout ça ? C’est que je dois toujours compter sur quelqu’un pour me sortir de là ! Et quoi qu’il se passe, je suis piégée ! C’est bon, t’es content là ?! – Non, et je ne sais plus comment t’aider, Nev... Je pousse un soupir de frustration. Qu’est-ce qu’il m’énerve quand il refuse de s’écouter ! J’aimerais bien qu’il comprenne qu’on doit se battre ensemble, mais va expliquer ça à un entêté de première, aussi ! Je reste silencieuse quand, petit à petit, je me rends compte que je crache mon venin sur un comportement que moi-même j’adopte. Ça ne me plaît pas vraiment, mais si je dois en passer par là pour le ramener à la raison... Alors ainsi soit-il.
- Chevalier du désert
Par le souffle coupé Par le feu sacré Qui me fait t’embrasser Par la chaleur d’un été Dans tes bras enlacés Toi et moi dans cette Éternité Ce désert vibrant, immense et rêvé Ref : Tu m’as fait chevalier Du désert Et rejeté mon passé à la mer Enfermé mes peurs dans une bouteille en verre Cet amer noyé qu’on enterre Je n’étais rien avant de te rencontrer Je n’avais rien d’autre que du sable et des pierres Je n’étais rien d’autre que promesses et prières Tu m’as redonné la lumière Tu as fait de mon Enfer un Éther Ô ma princesse, ma bien bien-aimée Ô mon astre brûlant, ma Voie lactée ! Par les larmes asséchées Par les yeux qui ont trop pleuré Par le passé Et qui me jettent à tes pieds Par Dieu le père alarmé Devant la candeur de tes baisers À l’ombre de ces dunes ensablées Ref… Par la Foi en cette Humanité Par cette faculté de pouvoir s’accrocher À cette vie qui nous tient serrés À ces contraires trop souvent aimantés Par l’innocence de tes lèvres sucrées La promesse de toujours t’aimer Bien plus qu’un été, l’Éternité ! Ref…
- Restitution du 15 décembre 2021
Préparez les pop-corn, la captation des travaux des ateliers du premier semestre par les étudiants du master 1 FABLI est disponible ici ! Vous pourrez voir et entendre neuf monologues issus de l'atelier éloquence dirigé par M. Paul Francesconi ainsi que dix textes ; pages indépendantes ou extraits de nouvelles sur le thème « Du féminin » ; écrits dans le cadre de l'atelier fiction de M. Jean-Michel Devésa. Entre ces deux moments, l'artiste Nelly Sanchez présente son travail d'auteure et de collagiste sous le titre « Histoire de fragments ». Voici l'ordre de passage : 0:00 / Introduction de Jean-Michel Devesa et Paul Francesconi Atelier d'Eloquence de Paul Francesconi 02:40 / Isabelle Péré-Fam - Numéro 471 09:15 / Szilard Fekete - Homme, chat, LSD 14:30 / Inès Bardou - Chacun fait ce qu'il lui pleure 19:30 / Killian Carlu - Trou de ver 26:23 / Esther Schneider - Terre et Nectar 31:44 / Nicolas Lafont - Les flammes 37:33 / Lamia Bedjou - La vie ou la mort ? 43:00 / Marie Pompier - La confession de Jean 49:20 / Marion Daure - Sa main sur mon épaule 56:24 / Intervention de Jean-Michel Devésa 01:03:30 / Histoire de Fragments - Présentation de Nelly Sanchez, auteure et collagiste 01:26:00 / Début de l'atelier Fiction de Jean-Michel Devésa 01:38:00 / Garance Accily - La valeur de la sincérité 01:40:00 / Fedia Berrima - « La femme de ménage » 01:45:18 / Riv - In carnation de la toile 01:48:00 / Kama Datsiotté - Voyage en train 01:54:00 / Lecture par Jean-Michel Devesa du texte de Gabrielle Lisowski - Le Livre 2:02:45 / Pauline - « La Veuve Blanche » - Extrait 2:08:00 / Maxime Gelineau Coste – « Danielle » - Extrait 2:11:20 / Lucille Lorieux – « Maëva » - Extrait de Elles 2:15:50 / Julie Mougenot - « US State of mind » - Extrait 2:20:00 / Morgane Sarmiento - « Hommage rouge » - Extrait 2:25:30 / Conclusion de Jean-Michel Devésa Vous pouvez retrouver d'autres vidéos sur la chaîne Youtube des M2, Fabligne, n'hésitez pas à la parcourir ! Bon visionnage !!!
- Le garde-chasse
Écrire une page (au maximum un feuillet A4) en usant du procédé décrit par Raymond Roussel dans Comment j’ai écrit certains de mes livres. Rédiger un texte incluant deux phrases identiques à l’exception d'un paronyme qui en change le sens. Puis "les deux phrases trouvées, il s’agissait d’écrire un conte pouvant commencer par la première et finir par la seconde." (consigne de Jean-Michel Devésa) Veilleur dans l’âme ? Il l’était bien. C’était une qualité essentielle lorsqu’on exerçait en tant que garde-chasse, Marius le savait bien. Pour pouvoir lutter efficacement contre le braconnage et les dégâts faits à la faune et à la flore des forêts, il valait mieux avoir “l’oeil de lynx” comme il le disait souvent. Ancien chasseur émérite dans ses jeunes années, Marius s’était reconverti en tant que garde- chasse au moment de sa retraite. Spécialiste de la nature française, il en connaissait un bon rayon sur les animaux et les plantes des bois campagnards de France : il ne pouvait donc que parfaitement convenir pour ce nouveau rôle, taillé à sa mesure. De plus - comme il a été dit précédemment - Marius possédait ce qu’il appelait “l’oeil de lynx”, autrement dit une vue exceptionnelle qui lui a souvent été indispensable dans son rôle de chasseur. Cependant, il l’était également au sens figuré : d’une rare lucidité, il savait vite y voir clair sur le comportement des gens et sur la façon dont il fallait procéder avec eux. Cette qualité avait souvent servi Marius durant le cours de sa vie : à la chasse bien sûr, mais aussi dans sa vie de famille, où ses conseils et ses avertissements étaient toujours pris en compte par ses proches. Il était le patriarche, la parole de sagesse vers qui se tourner pour savoir quelle décision prendre dans telle ou telle affaire. Pour en revenir à la nature, Marius était considéré comme un grand connaisseur de la faune et flore françaises constituant le trésor végétal du pays. Il savait combien la vie était fragile et qu’il fallait tout faire pour la préserver : telle était désormais sa mission quotidienne. Si le garde-chasse n’avait rien contre les chasseurs - après tout, lui aussi en avait été un et il connaissait bien ceux qui venaient régulièrement dans les bois pour ce domaine-là - en revanche, il se montrait beaucoup plus combatif contre les braconniers. Après tout, c’était à cause de ce genre de personne si certaines espèces se retrouvaient en voie de disparition ou finissaient même par disparaître complètement ! Voilà le genre de lutte permanente que Marius menait sans fin, désireux de mettre un jour le terme à ces activités illégales. En l’espace de quelques années, le garde-chasse était devenu un véritable cauchemar vivant pour tous les colleteurs. Il fallait bien dire qu’à chaque fois que ces faux chasseurs étaient sur le point de commettre leurs délits, souillant de leurs mains et de leurs armes les différentes formes de vie animant les bois, Marius surgissait toujours au plus mauvais moment, les prenant à chaque fois en flagrant délit de braconnage. Le plus beau coup d’éclat du redoutable garde-chasse restera, sans conteste, la sauvegarde in extremis des tourterelles des bois, une espèce d’oiseaux gravement menacée par une chasse intempestive, mais malheureusement légale en France. Quoique seul contre tous, Marius s’était longuement obstiné dans sa bataille pour la préservation des tourterelles, punissant sévèrement tous ceux qui irait à la chasse de l’espèce. Il était même arrivé que certaines nuits, l’homme soit allé faire des rondes dans des secteurs dits “sensibles”. Combien de fois avait-il surpris un ou plusieurs colleteurs essayer de s’en prendre aux nids, une lampe de poche comme seule source de lumière ? Heureusement, Marius était toujours intervenu à temps, faisant bientôt comprendre qu’il ne servait à rien de se cacher pour chasser illégalement : il serait toujours là pour veiller sur les forêts. Meilleur dans l’âme ? Oui, il l’était bien !