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- Le roi de Vespara (5/7)
Acte IV, scĂšne 1 : Dix ans plus tard⊠Une terre de dĂ©solation (Chansons : Personne au monde, Notre monde est tout petit, Sur le pont dâAvignon) Dix ans sâĂ©taient Ă©coulĂ©s Ă Vespera depuis quâOnyxia Ă©tait devenue reine du royaume aux terres sombres. Le pays⊠était vraiment dans un Ă©tat dĂ©plorable. Une terrible sĂ©cheresse sâĂ©tait installĂ©e, rendant lâeau et la nourriture plus rares que jamais. Quant aux sorciĂšres des Terres Interdites, elles sâĂ©taient installĂ©es sur Vespera aux cĂŽtĂ©s des vampires, rendant impossible pour tout le monde de manger chaque jour Ă sa faim ! Par ailleurs, le cĂŽtoiement des deux peuples occasionnait des tensions sans fin, mais sans solution valable. Aujourdâhui, Onyxia sâĂ©tait retirĂ©e dans le palais de Vespera, non loin du Rocher des Vampires, comme elle le faisait si souvent depuis le dĂ©but de son rĂšgne. Elle Ă©tait occupĂ©e Ă aiguiser la pierre dâonyx de son bĂąton, favorisant sa magie et la rendant plus que redoutable pour la chasse. AmĂ©thyste, dans sa prison de pierre situĂ©e prĂšs de la reine, chantait tristement. Mais dâailleurs, que faisait-elle lĂ ? En fait, peu de temps aprĂšs le couronnement dâOnyxia, une crainte lâavait vite gagnĂ©e : en raison de leurs mauvaises relations passĂ©es, la souveraine avait commencĂ© Ă avoir peur que la conseillĂšre royale ne retourne les vampires contre elle⊠Alors, elle a ordonnĂ© secrĂštement Ă son trio dĂ©vouĂ© de sorciĂšres de construire une prison de pierre pour y enfermer AmĂ©thyste. Et pour faire bonne mesure, elle avait jetĂ© un sort Ă la prison pour que la magie ne puisse pas avoir dâeffet pour espĂ©rer une possible libĂ©ration. Le jour oĂč Onyxia avait jetĂ© AmĂ©thyste dans son cachot, la rage de celle-ci avait vite laissĂ© place Ă une soumission teintĂ©e de dĂ©sespoir. Et aujourdâhui encore, son chant mĂ©lodieux Ă©tait empli de dĂ©solation : AmĂ©thyste (agrippĂ©e Ă un des barreaux, voĂ»tĂ©e) : Personne au monde, Ne connaĂźt ma peine ! Personne au monde, Ne mâaime⊠Onyxia (agacĂ©e) : Oh AmĂ©thyste, un peu plus dâenthousiasme ! (Envoie une boule dâĂ©nergie Ă©clater sur les barreaux pour provoquer la jeune femme) Tu nâaurais pas quelque chose dâun peu plus entraĂźnant ? AmĂ©thyste (exaspĂ©rĂ©e) : Ah, comme le monde est petit⊠! Onyxia (lâinterrompt, furieuse) : NON, non ! Tout ce que tu veux, sauf ça⊠AmĂ©thyste (soupire avant de rechanter) : Sur le pont dâAvignon, On y danse, on y danse ! Onyxia et AmĂ©thyste (prenant un crĂąne de cerf) : Sur le pont dâAvignon, On y danse tous en rond ! AmĂ©thyste (soupirant et parlant toute seule) : Ah, jamais on nâaurait osĂ© me demander ça du temps du roi Eden⊠Onyxia (folle de rage, se prĂ©cipite sur la prison) : QUOI !? Quoi, quâest-ce que tu as dit ?! AmĂ©thyste (terrifiĂ©e) : M⊠m⊠moi ? Rien⊠Onyxia (avec sĂ©vĂ©ritĂ©) : Tu connais la rĂšgle : jamais, jamais, on ne prononce son nom en ma prĂ©sence ! JE suis la reine ! AmĂ©thyste (tentant maladroitement de se rattraper) : Oui MajestĂ©, vous ĂȘtes la reine et⊠et je nâai mentionnĂ© ce nom que pour illustrer les diffĂ©rences de vos mĂ©thodes avec votre predecesseur pour gouverner, hĂ©hé⊠Soudain, une voix grinçante vint interrompre la discussion : Voix de Grifcia (au loin) : HĂ© patronne ! Onyxia (avec agacement) : Oh, quâest-ce quâil y a encore ? Grifcia (sâapprochant dâelle) : Yâa un os pour le dĂźner ! Fritcia (lâinterrompant) : Laisse, je mâen occupe. (Sâadresse Ă la reine) Onyxia, y a rien Ă boire, rien Ă manger. Grifcia (dâune voix mĂ©contente) : Ouais ! Câest lâheure de la bouffe et on nâa rien Ă se mettre sous la dent ! Onyxia (dans un soupir exaspĂ©rĂ©) : Ce sont les servantes du chĂąteau qui ont pour mission dâaller Ă la chasse, ah⊠Grifcia (plaintive) : Mais elles y sont pas allĂ©es ! Onyxia (lasse) : Bon, mangez AmĂ©thyste ! (DĂ©signe la prison) AmĂ©thyste (terrifiĂ©e) : Oh non, vous nâaimeriez pas ! Je suis maigre, trop maigre pour vous. AvariĂ©e. (Riant avec frayeur) Hihi⊠Onyxia (ricanant) : Enfin AmĂ©thyste, ne soit pas ridicule ! Faible comme tu es, tu ne servirais que de garniture. Grifcia (chuchotant Ă Fritcia) : Quand je pense quâon se plaignait dâEden⊠Onyxia (se retourne, furieuse) : Quâest-ce que tu as dit ?! Grifcia : Jâai dit quâEd⊠(Coup de coude dans les cĂŽtes par Fritcia pour lâempĂȘcher de faire une gaffe) Euh⊠Je⊠Jâai rien dit du tout ! Onyxia (plus calme) : Bon. Sortez dâici. Le trio se dirigea vers la sortie de la grotte mais Grifcia se retourna. Grifcia : On sort, mais on a toujours faim⊠Onyxia (perdant patience) : DEHORS !! AussitĂŽt, les trois sorciĂšres dĂ©talĂšrent sans demander leur reste ! Fin de la scĂšne 1. Acte IV, scĂšne 2 : Des souvenirs douloureux. Dans une lointaine forĂȘt, au cĆur de la nuit⊠Une boule de lumiĂšre partit dans les airs et Ă©clata au-dessus de la forĂȘt. Quartz (allongĂ©e dans lâherbe avec Cosmo et TĂ©nĂšbre) : Oh, pas mal celle-lĂ Cosmo ! Cosmo (avec un sourire malicieux) : Merci. Mes amis, je suis gavĂ© ! TĂ©nĂšbre : Moi aussi, jâavais une faim de vampire ! Cosmo (un rien narquois) : Câest normal : tu es un vampire. TĂ©nĂšbre (surpris) : Ah oui ? Câest vrai⊠Le trio (dans un bĂąillement collectif) : Aaaaah⊠Eh oui, Cosmo vivait toujours Ă Elementa avec Quartz et TĂ©nĂšbre ! Il avait Ă prĂ©sent 18 ans et Ă©tait devenu un trĂšs beau jeune homme. Il nâavait pas trop changĂ©, hormis le fait quâil nâĂ©tait plus un petit garçon dĂ©sormais, mais bien un adulte. Lui, Quartz et TĂ©nĂšbre regardĂšrent pensivement les Ă©toiles dans le ciel puis, le vampire adulte finit par briser le silence : TĂ©nĂšbre : Quartz ? Quartz : Oui TĂ©nĂšbre ? TĂ©nĂšbre : Tu tâes dĂ©jĂ demandĂ© ce que câĂ©tait ces petits points brillants, lĂ -haut ? Quartz (avec Ă©vidence) : Je me pose mĂȘme pas la question, je sais ce que câest ! TĂ©nĂšbre (intriguĂ©) : Ah bon ? Et câest quoi selon toi ? Quartz (tendant sa main droite vers le haut) : Des lucioles TĂ©nĂšbre. Ce genre de ver qui reste collĂ© la nuit dans le ciel. TĂ©nĂšbre (dâune petite voix) : Ah, tiens⊠Moi, je pensais que câĂ©tait des bulles de gaz qui brĂ»laient Ă des millions de kilomĂštres de nous. Quartz (baillant Ă nouveau) : Câest vraiment une Ă©trange idĂ©e⊠TĂ©nĂšbre (sâadressant Ă Cosmo) : Cosmo, quâest-ce que tu en penses ? Cosmo (un peu gĂȘnĂ©) : Moi⊠? Je nâen sais rien⊠Quartz (insistante) : Oh allez, sois sympa, dis-nous ce que tu penses ! Cosmo (tente dâesquiver) : Non vraiment, je⊠TĂ©nĂšbre (insistant lui aussi) : Sâil te plaĂźt Cosmo ! Cosmo (hĂ©sitant) : Eh bien⊠Quartz (avide dâen savoir plus) : Oui ? Cosmo (le visage pensif) : On mâa dit une fois⊠que c'Ă©taient les grands monarques du passé⊠et quâils nous protĂ©geaient⊠TĂ©nĂšbre (impressionnĂ©) : Ah oui ? Quartz (dâune voix plutĂŽt sceptique) : Quoi, des macchabĂ©s de rois seraient lĂ en train de veiller sur nous ? La jeune femme fut alors prise dâun fou rire incontrĂŽlable, tout comme TĂ©nĂšbre. Cosmo tenta de sây forcer pour ne pas perdre la face mais au fond de lui, il Ă©tait vexĂ©. Quartz (qui riait toujours) : Mais qui tâa racontĂ© une histoire pareille ? Cosmo (tentant de garder le sourire) : Câest⊠Câest Ă©tonnant, hein ? Quartz : Oh, je suis morte de rire ! Hahaha ! Cosmo (dâune petite voix) : Oui⊠Il regarda de nouveau le ciel et soudain, sa colĂšre se changea en tristesse. Il repensa alors Ă son pĂšre et sentant les larmes lui piquer les yeux, il se leva et sâĂ©loigna de son frĂšre et de sa sĆur adoptifs pour rejoindre le bord de la falaise. Quartz (ennuyĂ©e) : Euh⊠Jâai dit quelque chose quâil fallait pas ? Au bord de la falaise, Cosmo leva les yeux vers le ciel et une foule de souvenirs ressurgirent en lui. De dĂ©sespoir, il tomba Ă genoux et laissa couler ses larmes tandis quâune nuĂ©e de pĂ©tales de fleurs sâenvola Ă travers le ciel⊠Fin de la scĂšne 2. Acte IV, scĂšne 3 : Une rĂ©vĂ©lation. Pendant ce temps, Ă Vespera, Donatella regardait lâhorizon qui lui apportait le vent de lâouest, assise sur les plus hautes branches du chĂȘne. Le vent transportait des pĂ©tales de fleurs et la magicienne leva une main pĂąle et ridĂ©e pour en attraper une poignĂ©e. Elle respira le parfum des pĂ©tales puis sâempressa de redescendre de lâarbre afin de les lire et de dĂ©couvrir la signification de leur venue. Une fois Ă terre, Donatella les mĂ©langea dans un bol dâamĂ©thyste puis le secoua doucement. Elle se prit ensuite une prunalline quâelle brisa en deux et mangea une premiĂšre bouchĂ©e tout en consultant les pĂ©tales. Brusquement, elle lĂącha sa prunalline et regarda le bol, abasourdie. Donatella (nâarrivant pas Ă y croire) : Cosmo⊠(Regarde le tronc du chĂȘne et plus prĂ©cisĂ©ment, le portrait du prince enfant) Il est vivant⊠Il est vivant ! Folle de joie, elle se prĂ©cipita sur son bĂąton puis se dirigea vers le tronc du chĂȘne avant de se concentrer pour lire le futur, nâayant pas exercĂ© la pratique des prĂ©monitions depuis un trĂšs long moment. Quand elle eut fini, elle prit ses coques de prunallines remplies de peinture et ses pinceaux puis peignit Cosmo dans la joie. Les couleurs ne tardĂšrent pas Ă prendre vie sur le tronc. Donatella (satisfaite) : Câest lâheure ! CâĂ©tait lâheure pour Cosmo de regagner le trĂŽne et de devenir roi ! Fin de la scĂšne 3. Acte IV, scĂšne 4 : Une rencontre bouleversante. (Chanson : Hakuna Matata, Quand soudain lâamour est lĂ ) Tout commença Ă Elementa : Quartz et TĂ©nĂšbre faisaient une promenade en amoureux, sans Cosmo Ă leur cĂŽtĂ©, occupĂ© Ă faire la sieste. Tout comme TĂ©nĂšbre, le jeune vampire sâĂ©tait habituĂ© Ă ne dormir que quelques heures le jour, restant Ă©veillĂ© la nuit avec son frĂšre adoptif et protĂ©geant ensemble Quartz durant son sommeil. Donc, pendant que Cosmo faisait sa petite sieste quotidienne, le couple faisait leur promenade⊠en chanson ! TĂ©nĂšbre : Hakuna Matata ! Quelle formule Ă©patante ! Quartz : Hakuna Matata ! Quel idĂ©e dĂ©mente ! Soudain, TĂ©nĂšbre vit un papillon aux couleurs chatoyantes et sâĂ©loigna de Quartz qui ne se rendit compte de rien. Quartz : Câest vivre sa vie ! En faisant ce qui vous chante ! (Parle Ă son amant sans voir quâil Ă©tait parti) Eh TĂ©nĂšbre, je tâentends pas, chante plus fort ! (Se remet Ă chanter) La philosophie ! Du sans soucis ! Hakuna Matata⊠(Se rend enfin compte que TĂ©nĂšbre a disparu) Euh⊠TĂ©nĂšbre ? TĂ©nĂšbre ! Ce dernier sâĂ©tait Ă©loignĂ© de sa compagne afin dâattraper le papillon qui Ă©tait passĂ© devant lui auparavant. Comme le fragile insecte ne volait pas bien vite, le vampire le suivit facilement. Connaissant lâamour que Quartz portait justement aux papillons, il comptait bien lâattraper pour lâoffrir Ă celle quâil aimait. Ă un moment, il se coucha Ă plat ventre pour que lâinsecte ne se rende pas compte de sa prĂ©sence. Cependant, quand il sauta au-dessus dâune souche, il se rendit compte quâil sâĂ©tait Ă©loignĂ© de son territoire habituel. TĂ©nĂšbre (surpris et inquiet Ă la fois) : Quartz ? Personne ! Le vampire lâignorait mais il Ă©tait arrivĂ© Ă la limite de la frontiĂšre sĂ©parant Elementa de Vespera⊠Haussant les Ă©paules, il se dĂ©cida Ă continuer son chemin. Le papillon sâĂ©tant arrĂȘtĂ© sur une pierre, TĂ©nĂšbre se redressa lentement avec satisfaction, prĂȘt Ă lâattraper. Mais lâinsecte sâenvola de nouveau et lĂ , TĂ©nĂšbre vit une silhouette qui agitait les hautes herbes sombres de Vespera et entendit un grognement qui rĂ©sonna en lui dâune maniĂšre terriblement familiĂšre⊠TĂ©nĂšbre (dans un hurlement de terreur) : AAAAAAAAH !!! Une jeune fille blonde armĂ©e dâun bĂąton argentĂ© sortit des fourrĂ©es en courant, prĂȘte Ă se jeter sur sa proie. ComplĂštement paniquĂ©, TĂ©nĂšbre trĂ©bucha, se releva en vitesse et prit la fuite. Bien quâil courait vite, la mystĂ©rieuse jeune fille le poursuivait Ă©galement Ă une vitesse affolante. Il Ă©tait Ă©vident quâelle voulait lâattraper dans un but trĂšs prĂ©cis : le dĂ©vorer ! Pendant ce temps, Quartz avait entendu le cri et ayant reconnu la voix de TĂ©nĂšbre, elle se prĂ©cipita vers la direction oĂč le son lui avait paru le plus proche pour le sauver. Quartz (inquiĂšte) : TĂ©nĂšbre, oĂč es-tu ? Soudain, le vampire surgit devant lâĂ©lĂ©mentaire mais posa son pied sur un piĂšge quâil avait fabriquĂ© avec Quartz pour attraper les quelques animaux qui se trouvaient ici. Il se retrouva alors suspendu au-dessus du vide ! Quartz (Ă©tonnĂ©e) : Mon amour ! Mais quâest-ce qui te prends ? TĂ©nĂšbre (Ă©pouvantĂ©) : ELLE ESSAYE DE ME MANGER !!! Quartz (interloquĂ©e) : Quoi ?! LâĂ©lĂ©mentaire regarda Ă droite et vit la jeune fille blonde qui se prĂ©cipitait vers eux ! Quartz (comprenant le danger) : HoulĂ ! (Se met Ă tirer sur la liane pour la briser) Ne tâinquiĂšte pas TĂ©nĂšbre ! Il suffit de dĂ©truire le piĂšge et⊠(La jeune fille leur saute dessus) AAAAAAAAAAAH !!! Alors que le duo pensait ĂȘtre fichu, Cosmo surgit brusquement ! Lui aussi avait entendu le cri de TĂ©nĂšbre et sâĂ©tait prĂ©cipitĂ© au secours de son frĂšre et de sa soeur de coeur ! Il sauta sur la jeune fille qui eut lâair stupĂ©faite de cette intervention inattendue et ils commencĂšrent Ă se bagarrer fĂ©rocement Ă mĂȘme le sol. Quartz sâempresse de rassurer TĂ©nĂšbre : Quartz : Ne te fait pas de soucis mon amour, tout se passe trĂšs bien ! (Se met Ă encourager Cosmo) Mords-lui le cou ! Frappe dans le ventre ! Mets-la KO, mets-la KO !! (Se tourne vers TĂ©nĂšbre) Je te lâavais dit quâavoir un deuxiĂšme vampire avec nous nâĂ©tait pas une mauvaise idĂ©e ! Finalement, la jeune femme aux cheveux roses parvint Ă briser la liane et TĂ©nĂšbre sâeffondra au sol, Ă©vanoui sous lâeffet de lâĂ©motion. Et pendant que lâĂ©lĂ©mentaire sâacharnait Ă le rĂ©animer, Cosmo continuait Ă se battre avec ardeur contre la mystĂ©rieuse inconnue, prĂȘt Ă tout pour protĂ©ger Quartz et TĂ©nĂšbre. Les deux jeunes vampires roulĂšrent finalement au sol et Ă sa grande stupeur, Cosmo se retrouva bloquĂ© sur le dos par la jeune fille blonde. Jamais aucune femelle vampire nâaurait pu accomplir un tel exploit, vu la force quâil possĂ©dait ! Personne⊠sauf⊠Cosmo (soudain abasourdi) : Crystal ? Surprise, la jeune vampire perdit son air agressif et sâĂ©loigna de cet inconnu qui, apparemment, devait la connaĂźtre puisquâil venait de prononcer son prĂ©nom ! Cosmo (avec espoir) : Crystal, câest bien toi ? Crystal (lĂ©gĂšrement effrayĂ©e) : Qui ĂȘtes-vous ? Cosmo : Tu ne me reconnais pas ? Câest moi ! Cosmo ! Crystal (surprise) : Cosmo ? Il hocha la tĂȘte et lĂ , elle se mit Ă hurler de joie ! Crystal (irradiant de bonheur) : Aaaah !! Cosmo (la prend dans ses bras et la fait tournoyer) : Oh oui ! Crystal (Ă©galement stupĂ©faite) : Mais comment as-tu survĂ©cu ? Cosmo : Oh Crystal, si tu savais comme je suis heureux ! Quartz (interloquĂ©e) : Eh, quâest-ce que câest que ce cirque ? Mais le duo ne lâentendit pas Ă cause de la joie de leurs retrouvailles. Incroyablement contrariĂ©e, lâĂ©lĂ©mentaire sâapproche dâeux et se mit Ă hurler : Quartz (presque furieuse) : EH !! QUâEST-CE QUE CâEST QUE CE CIRQUE !!! Cosmo : Quartz, je te prĂ©sente Crystal ! Câest ma demi-sĆur et mon amie dâenfance ! Quartz (surprise) : Ta demi-soeur ? Cosmo (joyeux) : Oui ! (Se tourne vers TĂ©nĂšbre). Eh TĂ©nĂšbre ! Viens un peu lĂ ! (Se rĂ©veille enfin et vient vers Cosmo) TĂ©nĂšbre, je te prĂ©sente Crystal. (Se tourne vers sa demi-soeur) Crystal, TĂ©nĂšbre. TĂ©nĂšbre (rassurĂ©) : Je suis ravi de vous rencontrer ! Crystal (avec un doux sourire) : Le plaisir est pour moi ! Quartz (les interrompant) : Attendez un peu ! Comment⊠Il faut que je me concentre ! La jeune femme poussa un soupir avant de se lancer dans son discours, dĂ©signant successivement, Crystal, Cosmo et TĂ©nĂšbre : Quartz : Tu la connais, elle te connait mais lui, elle veut le manger et tout le monde trouve ça trĂšs naturel ? (SâĂ©nerve) Jâexige de comprendre ! Cosmo (tente de la calmer) : Allons, Quartz ! Crystal (sâadressant Ă Cosmo) : Et quand tout le monde saura que tu Ă©tais ici ! (Pousse un soupir moralisateur) Quâest quâils vont tous dire⊠Tu y as pensĂ© ? Cosmo (soudain inquiet) : Ils ne doivent pas savoir⊠Il ne faut pas quâon le sache⊠Crystal (protestant) : Mais bien sĂ»r que si, tout le monde te croit mort ! Cosmo (surpris) : Ah⊠Ah bon ? Crystal (baisse les yeux tristement) : Oui⊠Onyxia nous a parlĂ© du troupeau⊠Cosmo (tremblant intĂ©rieurement) : Ah et⊠Quâest-ce quâelle a dit dâautre ? Crystal (change de sujet) : Peu importe, tu es en vie ! Et ça, ça veut dire⊠(Son visage sâillumine) Que câest toi le roi ! Cosmo eut lâair soudain paniquĂ© tandis que Quartz se fit lĂ©gĂšrement narquoise : Quartz (se moquant gentiment de Crystal) : Le roi ? Veuillez mâexcuser ma chĂšre, mais Cosmo ne peut pas ĂȘtre roi ! TĂ©nĂšbre (plus impressionnĂ©) : Le roi ? (Sâabaisse aux pieds de Cosmo) Votre MajestĂ©, je me prosterne Ă vos pieds ! Cosmo (sâĂ©cartant, mal Ă lâaise) : Ăa suffit ! Quartz (sâapproche de son amant) : TĂ©nĂšbre enfin, ne tâabaisse pas comme ça ! Et puis rien ne nous dit que câest le roi ! (Se tourne brusquement vers Cosmo, abasourdie) Attend, tu es le roi ?! Cosmo (protestant) : Non ! Crystal (protestant aussi) : Cosmo ! Cosmo (sâĂ©loignant un peu) : Non, je ne suis pas le roi ! Peut-ĂȘtre que dans le passĂ©, jâaurais pu mais⊠Il est trop tard⊠Quartz (tentant de sây retrouver) : Attend, il faut que je rĂ©flĂ©chisse⊠Tu es le roi⊠et tu ne nous lâas jamais dit ! Cosmo : Roi ou pas, je suis pareil ! Quartz (insistante, le poing levĂ©) : Avec le pouvoir ! Crystal (les interrompant gentiment) : Vous pourriez nous laisser seuls un moment ? Quartz : Euh⊠Cosmo, si elle a quelque chose Ă dire, elle peut le faire devant nous, hein ? Cosmo (rĂ©flĂ©chissant un peu) : Hum⊠(Tranche et chuchotant avec un petit sourire dĂ©solĂ©) Soyez gentils, laissez-nous. Ă ces mots, Quartz se dĂ©composa de dĂ©pit et se vexa : Quartz (levant lĂ©gĂšrement les bras au ciel) : Classique⊠On croit bien le connaĂźtre et puis⊠Pfff⊠Elle et TĂ©nĂšbre sâen allĂšrent, laissant Cosmo et Crystal seuls. Cosmo (avec un lĂ©ger rire) : Ils sont un peu Ă©tranges mais⊠Ils sont adorables⊠Cependant, il sâinterrompit quand il vit lâair Ă©tonnamment triste de Crystal. Elle aussi avait beaucoup grandi mais elle avait toujours ses longs et beaux cheveux blonds ainsi que ses grands yeux bruns qui, Ă cet instant-lĂ , semblaient comme voilĂ©s⊠dâune certaine mĂ©lancolie. Inquiet, il la questionna sur ce qui la rongeait : Cosmo (sâapprochant de Crystal) : Eh ! Quâest-ce qui ne va pas ? Crystal (relevant les yeux, tristement) : Câest comme si tu ressuscitais⊠Tu ignores ce que cela veut dire pour tout le monde ! Et ce que cela veut dire pour moi⊠Cosmo (voulant se faire rassurant) : Ne tâinquiĂšte pas, ça va aller⊠Crystal (enlaçant Cosmo par surprise) : Tu mâas tellement manquĂ© ! Cosmo (rendant lâĂ©treinte de Crystal) : Toi aussi tu mâas manquĂ©. Pendant quâils sâenlaçaient, deux personnes les observaient : Quartz et TĂ©nĂšbre ! LâĂ©lĂ©mentaire avait convaincu son compagnon de rester cachĂ©s dans les fourrĂ©s pour voir ce quâil allait se passer. ApĂšrs la courte disscussion entre les deux vampires, la jeune femme parut attristĂ©e et contrariĂ© Ă la fois. Quartz (tout bas) : Pff⊠HonnĂȘtement TĂ©nĂšbre, ça ne va pas du tout ! TĂ©nĂšbre (Ă©tonnĂ©) : Que veux-tu dire ? Quartz (montrant Cosmo et Crystal qui sâen allaient) : Mais enfin, je te parle dâeux ! Soupirant, Quartz ouvrit alors sa main droite puis la gauche Ă chaque mot quâelle prononçait avant de joindre ses mains au dernier moment : Quartz : Lui, elle, lâamour⊠TĂ©nĂšbre : Quâest-ce quâil y a de mal à ça ? Quartz (commence Ă chanter) : Câest terrible, câest affreux⊠TĂ©nĂšbre (interloquĂ©) : Quoi ? Quartz (tend ses bras, lâair Ă©nervĂ©e) : Et ils se moquent de tout ! TĂ©nĂšbre : Qui ? Quartz (croisant les bras) : Lâamour sâamĂšne et nous, pauvres malheureux, Ils nous jettent tous les deux ! TĂ©nĂšbre (comprenant tout) : Oh⊠Quartz : Sous les diamants des Ă©toiles, Quel magique univers ! (Se blottit contre TĂ©nĂšbre) Mais ! Dans cette romantique atmosphĂšre⊠(Se redresse et Ă©tend son bras droit vers lâhorizon, dĂ©semparĂ©e) Notre monde tourne Ă lâenvers ! Pendant ce temps-lĂ , Cosmo et Crystal se promenaient dans tout Elementa, descendant les rochers menant Ă une cascade, tout en se jetant des regards emplis de tendresse. CachĂ©s dans les fourrĂ©s, la voix des esprits de lâamour semblait chanter une mĂ©lodie dans leurs Ăąmes, mĂ©lodie se transformant en chanson : Voix des esprits : Quand soudain lâamour est lĂ , Quâau soir descend la paix ! Dans un Ă©lan de vie et dâharmonie, Le monde entier renaĂźt ! Finalement, Cosmo et Crystal sâapprochĂšrent du bord de la riviĂšre oĂč la jeune fille blonde se mit Ă boire avec aviditĂ©, agenouillĂ©e. Cosmo (pensĂ©e chantĂ©e tout en regardant Crystal) : âJâai tant Ă lui confier mais, Pourtant, je nâose pas⊠(Tristesse assombrissant son visage) Lui dire la vĂ©ritĂ© ? Ăa non jamais ! Je la perdrais, je croisâŠâ Crystal (sâarrĂȘte de boire et regarde Cosmo, inquiĂšte) : âQui sait ce quâil me cache ? Pourtant, ses yeux me fuient⊠(Regard malicieux de Cosmo) Combien de temps avant que ne sâĂ©veille, (Cosmo sâĂ©loigne, surprenant Crystal) Le roi qui dort en lui ?â Soudain, le jeune vampire se jeta Ă lâeau, entraĂźnant Crystal dans son jeu ! EffrayĂ©e et grelottante, la jeune fille sortit rapidement du lac, tout comme son demi-frĂšre. Taquine, elle le poussa dans lâeau avant de se remettre Ă courir, ne tardant pas Ă ĂȘtre rejointe par Cosmo dans la forĂȘt. Tous leurs gestes sâaccompagnaient de la chanson que les esprits de lâamour avaient glissĂ© en eux : Cosmo et Crystal : âQuand soudain lâamour est lĂ , Quâau soir descend la paix ! Dans un Ă©lan de vie et dâharmonie, Le monde entier renaĂźt !â Tandis quâune petite mĂ©lodie douce et amoureuse se faisait entendre dans lâair, les deux jeunes vampires glissĂšrent le long dâune falaise et soudain, Crystal sauta de façon ludique dans les bras de Cosmo et ils tombĂšrent ensemble en roulant le long dâune autre falaise, enlacĂ©s lâun contre lâautre. Une fois Ă terre, ils rirent dâabord de leur insouciance avant que Crystal ne sâenhardisse davantage et dĂ©pose un baiser sur la joue de Cosmo. Celui-ci eut un lĂ©ger sursaut et regarda sa partenaire avec surprise, Ă©tonnĂ© du regard sĂ©ducteur quâelle lui renvoyait. Mais trĂšs vite, il se laissa captiver par la beautĂ© de Crystal ainsi que par la perceptible atmosphĂšre de dĂ©sir qui planait dans lâair⊠Soudain, sans quâils comprennent ce qui leur arrivait, le couple sâĂ©changea un baiser, un vĂ©ritable baiser empreint dâamour et de tentation. Un deuxiĂšme baiser suivit puis un troisiĂšme puis dâautre encore⊠Le dĂ©sir se fit plus lourd, les caresses devinrent plus osĂ©es, le besoin de se complĂ©ter lâun en lâautre plus frĂ©nĂ©tique et enfin, les deux amants sâunirent sous le ciel nocturne dâElementa, leur amour brillant sous les Ă©toiles. Cosmo et Crystal (perdus dans le plaisir) : âQuand soudain lâamour est lĂ ! Pourquoi chercher plus loin ? En se jouant des brumes et de la nuit, Il nous tend la main !â La relation fut longue, intense et passionnĂ©e. Sur le point de dĂ©faillir de plaisir, Crystal ressentit soudainement une brĂšve douleur Ă lâĂ©paule qui lui fit atteindre son apogĂ©e dans un long gĂ©missement bruyant. Cette douleur, câĂ©tait la morsure de Cosmo que rĂ©clamait ainsi la jeune fille comme sa compagne, chose que faisaient les vampires lors de leur premier rapport sexuel avec leur Ăąme-soeur. Une morsure que Crystal sâempressa de rendre Ă son amant, qui atteignit Ă son tour le point culminant de son plaisir dans un cri rauque. Le couple sâeffondra au sol, lâun Ă cĂŽtĂ© de lâautre, Ă bout de souffle et rassasiĂ© de dĂ©lice. Leurs esprits eurent pourtant encore assez de force pour achever la chanson qui avait conduit Ă la dĂ©couverte de leurs vĂ©ritables sentiments amoureux : Crystal : âEt si lâamour sâempare de lui ? Comme il sâempare de moi !â Cosmo : âIl suffit, Pour ce cĆur si loin de toutâŠâ Cosmo et Crystal (sâenlaçant avec tendresse) : âDâĂȘtre auprĂšs⊠De toiâŠâ Fin de la scĂšne 4.
- Fin du monde
Ăcrire une microfiction Ă partir dutableau de David Hockney Le Parc des Sources, 1970. (consigne de Mme Milena MikhaĂŻlova) Câest la fin du monde, ça y est câest reparti, la troisiĂšme Guerre Mondiale et tutti quanti ! Lâholocauste nuclĂ©aire a terminĂ© le travail commencĂ© par la Covid19, câest lâOver Killing, les champignons atomiques fleurissent comme des chrysanthĂšmes partout dans le monde pour mieux nous enterrer vivants, tout comme les drogues dures et le LSD. Bon sang, nous nâavons fait que nous dĂ©truire depuis tout ce temps ! Dieu au fond ne voulait plus de lâespĂšce humaine. Dâailleurs a-t-il un jour rĂ©ellement voulu de nous ? De fait, il a plusieurs fois revu sa copie et ses rĂȘves Ă la baisse pour repartir dâune page blanche et tout recrĂ©er, de nouveau ; il y a eu Adam et Eve, le DĂ©luge et lâAtlantide avant nous. Au fond, nous ne sommes quâun Ă©niĂšme brouillon. Il est dĂ©pitĂ© tel un PromĂ©thĂ©e moderne ou bien encore un scientifique devenu complĂštement fou devant sa crĂ©ature protĂ©iforme, assemblage de broc et dâos, devenue subitement incontrĂŽlable, comme une pĂąle copie de lui-mĂȘme. LâĂȘtre humain est une espĂšce non viable. Nous sommes mal conçus et ce dĂšs le dĂ©but. Pour vivre, nous devons respirer, boire, manger et chier. Nous devons dormir aussi un certain nombre dâheures chaque jour pour ne pas risquer lâĂ©puisement. Ce qui nous donne un dĂ©savantage certain sur les autres espĂšces. En sus, nous ne devons pas ĂȘtre soumis Ă un environnement trop agressif, au trop froid, au trop chaud, au soleil, aux UV, aux Ă©pidĂ©mies, aux virus. De plus tous nos composants organiques sont vouĂ©s Ă lâobsolescence programmĂ©e. Nous sommes des productions divines biodĂ©gradables qui ne laisseront derriĂšre elles aucune trace relevable au carbone 14. Nous sommes des ĂȘtres fragiles, avec une enveloppe corporelle molle entourant une ossature en dur. Alors quâau final ce devrait ĂȘtre lâinverse pour pouvoir survivre dans ce monde-ci, parti en totale dĂ©liquescence. Certains dinosaures lâavaient compris en leur temps. Seulement eux aussi ont disparu, alors Ă quoi bon⊠Ne survivront aprĂšs nous guĂšre plus que les fourmis, les scorpions et les micro-bactĂ©ries. Tout le reste aura disparu ! Alors Ă quoi bon lâamour ? Ă quoi bon aimer ? Ă quoi bon donner Ă cette vie qui nâa plus de sens une nouvelle vie ? Un fils qui se fera tuer la premiĂšre semaine au front, dâune balle entre les deux yeux. Autant ne plus se toucher, autant ne plus espĂ©rer. Regarde ! Tout autour de nous, les rues sont vides, les bancs se meurent de nous. Le parc est rĂ©duit au silence. Un silence de mort ! Toi aussi, tu ne parles plus. Je ressens tout comme toi que nous vivons pour de bon nos derniers instants. Je voudrais te tenir la main, te prendre dans mes bras, mais je nâen ai plus la force ni mĂȘme le courage. Ce matin, Ă la radio et Ă la tĂ©lĂ©, les nouvelles Ă©taient affligeantes. Notre humanitĂ© aura totalement disparu dâici une dizaine de jours, et que restera-t-il alors pour tout reconstruire ? Plus rien, ni personne. Ni Adam, ni Eve, ni dâArche de NoĂ©, ni mĂȘme de Dieu. Non, celui-ci a rendu les armes depuis longtemps. Il a compris son erreur et aprĂšs tout, câest tant mieux ! crĂ©dits : Tableau de Pieter Brueghel lâAncien (1525 - 1569), La Dulle Griet (Margot lâenragĂ©e), 1562, Anvers, Museum Mayer von den Bergh, 117,4 x 162 cm
- Le rouge de mon pantalon
Ăcrire une microfiction Ă partir de lâaffiche âIls ont vu cela !â du premier numĂ©ro de la revue Lâamour, dirigĂ©e par FrĂ©dĂ©ric Pajak (consigne de Mme Milena MikhaĂŻlova) Je ne suis pas sĂ»re de ce qui mâest arrivĂ©. Câest incroyable comme sensation. Câest bizarre comme effet mais tout s'est passĂ© sans que je ne me rende pas compte. Pourquoi câest Ă moi de baisser la tĂȘte ? pourquoi câest Ă eux de se sentir dĂ©goĂ»tĂ©s ? Pourquoi je devrais ressentir la honte alors que je nâai rien fait ? Câest eux et elles qui devraient se rougir de leurs rĂ©actions et non pas moi ! Ils ont vu cela et alors ? ce nâest jamais arrivĂ© auparavant Ă leurs sĆurs, Ă leurs mĂšres ou Ă leurs tantes ? Quelle hypocrisie ! Quelle honte ! Honte de jouer devant moi les ââpursââ et de me faire sentir ââimpureââ. DĂšs que lâassemblĂ©e me voyait en pantalon blanc tachetĂ© de gouttes rouges qui le dĂ©corent et qui marquent un tournant dans ma vie, une transformation dans mon physique. Mon physique quâils admirent, aujourdâhui, les grands et les petits, les jeunes et les vieilles, les femmes et les hommes. Ma taille de mannequin qui fait le dĂ©filĂ© sous leur admiration sous les lumiĂšres Ă©clatantes et habillĂ©e en vĂȘtements dernier cri les touchent au cĆur. Ils et elles mâenvient de la chance que jâai alors quâavant ils et elles se moquaient de mes tĂąches rouges qui mâont rendu une femme mĂ»re, indĂ©pendante et sage. Sans ce rouge, je nâaurais pu jamais atteindre cette forte personnalitĂ© que jâai et que je me vante de me construire malgrĂ© leurs regards hostiles et dĂ©goĂ»tĂ©s qui me poursuivaient chaque fois que je fais tomber mes vĂȘtements sous la douche. Oui ! Le rouge mâa assignĂ©e mais il ne mâa pas achevĂ©e : il mâa formĂ©e. Ils ont vu ce rouge un jour et sâen moquaient une Ă©ternitĂ©. Maintenant, ils et elles me voient et se rappellent ce jour honteux qui est une tare ineffaçable sur leurs fronts et me permet de les distinguer des autres crĂ©atures de la terre. Je parie mĂȘme quâils espĂšrent, maintenant, si un cas pareil leur est venu pour quâils se transforment en un ĂȘtre nouveau, un ĂȘtre fabuleux, un ĂȘtre magnifique comme je le suis, moi, aujourdâhui.
- Ils ont vu cela !
Ăcrire une microfiction Ă partir de lâaffiche âIls ont vu cela !â du premier numĂ©ro de la revue Lâamour, dirigĂ©e par FrĂ©dĂ©ric Pajak (consigne de Mme Milena MikhaĂŻlova) Ils ont vu cela ! Rebondissement inattendu dans lâaffaire du quadruple homicide de Brive ! Câest une info exclusive concernant la tragique affaire criminelle du moment : le quadruple assassinat de la famille Maury ! Hier soir, une source confidentielle nous a rĂ©vĂ©lĂ© que le couple ayant appelĂ© la police peu de temps aprĂšs le crime, M. et Mme Dupuy, serait en rĂ©alitĂ© des tĂ©moins essentiels dans cette affaire de choc ! Rappelons les faits : le 17 mars 2022, aux alentours de 21h, M. et Mme Maury et leurs deux enfants, Marc et Alicia Maury, ont Ă©tĂ© assassinĂ©s par balle dans la maison familiale, au 24 rue des Rosiers. Quelques minutes aprĂšs cet effroyable crime, la police a Ă©tĂ© avertie par un couple de passants, M. et Mme Dupuy, de lâincident. Mais ce quâon ignorait jusquâalors, câest que le couple aurait en fait assistĂ© Ă la fuite des coupables et dĂ©couvert en premier le corps des victimes ! Lâun de nos confrĂšres a pu recueillir les confidences M. et Mme Dupuy Ă propos de ce dont ils ont Ă©tĂ© tĂ©moins : âEn rĂ©alitĂ©, nous nâavons pas assistĂ© Ă grand-chose.â a dĂ©clarĂ© Alexandre Dupuy. âMa femme et moi faisions notre promenade habituelle du soir et quand nous sommes arrivĂ©s au niveau de la rue des Rosiers, nous avons vu deux silhouettes sombres quitter prĂ©cipitamment la maison des Maury. Jâai eu le temps de voir un Ă©clat dans la main de lâun dâentre eux : je suis presque certain quâil devait sâagir dâun pistolet ou au moins dâune arme en mĂ©tal.â âCes individus sont partis si vite quâils nâont pas prĂȘtĂ© attention Ă nous.â nous raconte ensuite Marguerite Dupuy. âMon mari et moi avons dĂ©cidĂ© de sonner Ă la maison des Maury pour nous assurer que tout allait bien pour eux. Cependant, la porte avait Ă©tĂ© laissĂ© ouverte et quand nous sommes entrĂ©s⊠CâĂ©tait horrible ! M. Maury gisait dans le corridor, mort, le corps entourĂ© dâune flaque de sang ! Je nâai pas pu retenir un cri et Alexandre non plus. CâĂ©tait tellement atroce⊠A ce moment-lĂ , nous avons prĂ©fĂ©rĂ© appeler la police car on craignait de dĂ©couvrir dâautres corps dans la maison.â A propos de leur Ă©trange silence sur ces faits, pourtant essentiels sur lâenquĂȘte en cours, le couple nous a confiĂ© que jusquâici, câĂ©tait la peur qui les avait retenus : âEn fait, nous Ă©tions terrifiĂ©s Ă lâidĂ©e que ces types puissent revenir pour nous abattre, mon mari et moi, si jamais on rĂ©vĂ©lait Ă la police tout ce que nous avions vu ce soir-lĂ .â a expliquĂ© Mme Dupuy. âCependant, on sâest vite rendus compte que lâenquĂȘte ne parvenait plus Ă avancer puisque la police avait Ă©cartĂ© toutes les pistes explorĂ©es pour retrouver les tueurs des Maury. Et mĂȘme si Marguerite et moi avions peur de nous mettre en danger, nous avions encore plus peur que les assassins puissent Ă nouveau frapper. Câest pour cette raison que nous avons dĂ©cidĂ© de raconter tout ce que nous savions aux enquĂȘteurs.â conclut M. Dupuy. Avec ce tĂ©moignage inattendu, il est certain que lâaffaire Maury va pouvoir reprendre son cours ! Mais qui Ă©taient donc ces deux individus ayant fui la maison des victimes ? Et surtout, pour quelle raison ont-ils commis cet acte ? Plus dâinfos Ă venir dans nos prochaines colonnes.
- Tao
Ăcrire une microfiction se terminant par âCâest tout ce quâil voulait savoirâ. (consigne de Milena MikhaĂŻlova) La premiĂšre chose que la maman de Tao remarqua Ă sa naissance fut ses yeux, curieux. Tao passa son enfance Ă poser des questions Ă ses parents, des questions sur tout ce quâil voyait, sentait et imaginait. Malheureusement, il nâexistait pas assez de rĂ©ponses pour endiguer ce flux constant. Devenu adolescent, Tao entendit parler dâune montagne lointaine oĂč vivait un ermite qui, disait-on, connaissait la rĂ©ponse Ă toute interrogation. Le garçon ne rĂ©flĂ©chit pas longtemps avant de prĂ©parer un baluchon avec assez de vivres pour le voyage et de se mettre en route. Il ne savait pas depuis combien de temps il Ă©tait parti de chez lui lorsquâil sâengagea sur un chemin qui montait au cĆur dâun sommet enneigĂ©. Lâescalade lui prit encore plusieurs semaines et au terme de son pĂ©riple, il trouva une caverne creusĂ©e dans la pierre par la force de lâeau de pluie. Tao sâengagea dans la grotte Ă©trangement chaleureuse pour se trouver face Ă face avec un vieil homme minuscule qui souriait de toutes ses dents. â MaĂźtre, ĂȘtes-vous le sage qui rĂ©pond Ă toute interrogation ? â Je ne prĂ©tends pas tout savoir, mon garçon, je sais ce que la vie mâa enseignĂ©. Pose-moi tes questions et nous verrons bien si jâen ai des rĂ©ponses. Tao passa les journĂ©es suivantes Ă demander au vieil homme des explications aux pensĂ©es qui lâempĂȘchaient de dormir la nuit. Au bout dâune semaine, alors que le flot ne sâĂ©tait pas tari, lâermite demanda Ă son jeune visiteur : « Si tu ne pouvais me poser quâune seule question, quelle serait-elle ? » Tao prit un jour et une nuit pour rĂ©flĂ©chir. Il rĂ©flĂ©chit en cueillant les simples dont les deux hommes se nourrissaient et il rĂ©flĂ©chit dans ses rĂȘves. Les interrogations tournaient dans la tĂȘte de Tao, chacune prenait le relais dâune autre, chacune traversait tour Ă tour son esprit sans sâarrĂȘter assez longtemps pour quâil se dĂ©cide Ă la poser. Le lendemain, il salua lâermite et se dĂ©cida. â MaĂźtre, voici ma question : quelle question dois-je vous poser ? Le sourire du vieil homme sâĂ©tira jusque dans ses pupilles. â Tu dois poser la question de la vie, mais pas Ă moi, Ă toi-mĂȘme. Pose la toi sans en attendre de rĂ©ponse. Celle-ci sâimposera Ă toi. Un jour. En attendant, vis. Tao quitta la montagne et lâermite, lâesprit et le cĆur confiants, mais encore plein dâinterrogations. La rencontre avec le vieil homme nâavait quâaggravĂ© la crise de curiositĂ© que traversait Tao. Il se trouvait dans lâĆil du cyclone dâune tempĂȘte Ă sa naissance. Pour abreuver sa soif, Tao parcourut mers et ocĂ©ans. Il fit connaissance avec les baleines blanches, lâeau salĂ©e et les rĂ©cifs coralliens. Encore affamĂ©, il regagna la terre, sâadonna aux travaux des champs. Il bĂȘcha, piocha, sema, arracha et cueillit les fruits du sol nourricier. Tao visita les plus grandes villes du monde et les oasis cachĂ©es, il Ă©tudia les matiĂšres du corps, de lâesprit et de lâĂąme. Et chaque connaissance lui ouvrait un univers de savoir toujours plus immense. Tao connut lâamour et la mort. Il rencontra des amis et des dĂ©ceptions. Il eut des relations charnelles et platoniques avec des hommes et des femmes. Il se maria et sâĂ©tablit bien que la petite boule bouillonnante lui tenaillait toujours lâestomac. Il eut un fils et une fille. Le premier ferma les yeux au bout de trois jours, la deuxiĂšme perdit sa vie, noyĂ©e, en mĂȘme temps que la femme de Tao, dans un fleuve enflĂ© de larmes amĂšres. Mais la perte des aimĂ©s ne sâaccompagna pas de celle du dĂ©sir de savoir. Au contraire, Tao se demandait pourquoi. Pourquoi ? Pourquoi ? Pour trouver une rĂ©ponse, Tao marcha. Il marcha longtemps sur tous les continents jusquâĂ sa terre natale puis jusquâau berceau de lâhumanitĂ©. Il marcha inlassablement jusquâĂ se trouver au pied dâune montagne qui semblait sortir dâun souvenir. Des jours durant, il emprunta un chemin qui serpentait jusquâau sommet oĂč se trouvait une grotte vide. Il sâinstalla Ă lâorĂ©e de la caverne et sâassit en tailleur devant le paysage qui sâĂ©tendait Ă lâhorizon. Le matin venu, le premier rayon du soleil vint frapper Tao. Alors il se souvint dâun vieil homme dont il avait dĂ©sormais dĂ©passĂ© lâĂąge. Il se souvint de lâermite, de sa question et de sa rĂ©ponse. Il avait vĂ©cu. Câest tout ce quâil voulait savoir.
- Le roi est mort : vive le roi !
Un doux vent de folie sâest littĂ©ralement emparĂ© de Limoges ce soir (ndlr le mardi 23 mars 2022), et plus prĂ©cisĂ©ment du Théùtre de lâUnion avec la reprĂ©sentation de King Lear Syndrome ou les mal-Ă©levĂ©s dâaprĂšs la piĂšce en cinq actes de Shakespeare le Roi Lear, Ă©crite en 1606 et quelque peu dĂ©poussiĂ©rĂ©e par Elsa Granat. CâĂ©tait vraiment jouissif que dâassister aux 3h15 de scĂšne, mĂȘme si on avait quelque peu envie de se dĂ©gourdir les jambes Ă la fin du spectacle et mal au cul. Mais comme on dit, il faut souffrir pour arriver au plaisir théùtral ! Et câest donc chose faite, aprĂšs un coĂŻt informel de presque cent quatre-vingt-quinze minutes menant Ă lâorgasme Ă la fois visuel, sonore et intellectuel, nous avons eu le bonheur dâassister Ă un final en apothĂ©ose digne des meilleurs feux dâartifice ou concerts de rock ! Musique entraĂźnante et dark Ă souhait (surtout lors de lâenvolĂ©e finale et ce moment dĂ©chaĂźnĂ© de tempĂȘte juste avant lâaccalmie), comĂ©diens au taquet (Lucas Bonnifait, Antony Cochin, Elsa Granat, Clara Guipont, Laurent Huon, Bernadette Le SachĂ©, Ădith Proust, HĂ©lĂšne Rencurel), dialogues et mise en scĂšne aux petits oignons ! Tout Ă©tait rĂ©uni pour nous faire passer vĂ©ritablement un dĂ©licieux moment ! Dâailleurs le public ne sâest pas trompĂ©, et le théùtre de lâUnion affichait salle comble. Il en avait du reste pour son argent. Doux amalgame entre costumes Ă©lisabĂ©thains et modernes. ProblĂšmes et questions sur lâexistence somme toute intemporels et problĂšmes de sociĂ©tĂ© actuels. Dialogues empruntĂ©s Ă la piĂšce originelle et langage trĂšs XXIĂšme forcĂ©ment plus lĂ©chĂ© pour ne pas dire chĂątiĂ©. Pour nous offrir un dĂ©calage qui n'Ă©tait pas sans intĂ©rĂȘt. Ă nous rappeler forcĂ©ment lâexcellentissime film RomĂ©o + Juliette de Baz Luhrmann rĂ©alisĂ© en 1996, mais pas que. Finalement, câest une piĂšce qui nous amĂšne Ă rĂ©flĂ©chir sur notre propre existence, sur la vieillesse et hĂ©las ses maladies dĂ©gĂ©nĂ©ratives, sur le sens de la vie et surtout de la fin de vie que lâon doit pourtant accueillir avec dignitĂ©. Avec des personnes ĂągĂ©es que lâon place dans des mouroirs et que lâon oublie pour de bon en posant dessus un mouchoir invisible, le mouchoir de la honte ! Cela bien Ă©videmment nous interpelle. Nous amĂšne Ă rĂ©flĂ©chir et Ă repenser les EHPAD qui sont, âpour une question pratique il sembleraitâ, situĂ©s proches des cimetiĂšres (Ă©conomie dâessence oblige dans un monde de plus en plus Ă©colo) et oĂč nos « vieux » sont traitĂ©s comme des moins que rien, de façon tellement indigne et systĂ©matique mĂȘme quâĂ force on ne va plus les voir. Pour ne pas sâoffrir la vue dâun crĂšve-cĆur. Des EHPAD oĂč le personnel est le plus souvent dĂ©bordĂ© et trop peu nombreux (mais il en est de mĂȘme de tout le personnel soignant en France hĂ©las). Ce qui conduit Ă des manques cruels de soin des patients qui sont alors livrĂ©s Ă eux-mĂȘmes. Câest pourtant pour beaucoup dâentre nous lâavant derniĂšre Ă©tape de notre existence, et malheureusement la moins excitante de notre si courte aventure sur cette Terre. En vĂ©ritĂ©, ce nâest pas seulement la personne sĂ©nile et malade ou le « mourant » qui souffrent le plus, mais bel et bien ceux qui restent et qui nây peuvent rien (et sans doute le personnel de ce genre dâĂ©tablissements en premier lieu). Car le temps est implacable comme lâaction de la Grande Roue sur le cĆur. Alors, autour de nous la famille se dĂ©chire, pour une bĂȘte question dâhĂ©ritage, corrompue par ce monde pourri de lâargent. Faute de temps pour sâen occuper ou bien encore de « capacitĂ© », on se dĂ©leste de nos responsabilitĂ©s, on place nos « vieux » dans des maisons de retraite (qui est en soi un bien joli mot mais ĂŽ combien trompeur) ou autres Ă©tablissements spĂ©cialisĂ©s. Cela nous sert bien Ă©videmment dâexcuse. Car quand on veut on trouve toujours des solutions mais quand on ne veut rien faire, câest bien souvent une excuse que lâon trouve... On veut aussi Ă©loigner loin de notre vue les traces marquantes et implacables de notre propre dĂ©crĂ©pitude. Ce nâest pas seulement un parent ou un proche que lâon voit mourir progressivement. Mais câest un peu de nous-mĂȘme aussi. Car chaque pas que lâon fait nous conduit un peu plus vers la mort. LâAlzheimer de feu ma grand-mĂšre mâen est tĂ©moin. Pourtant ici pas dâapitoiement, pas de pathos ni dâĂ©panchements larmoyants, tout se fait avec finesse et parfois mĂȘme avec humour. Vous vous surprendrez alors Ă rire ! Des comĂ©diens tout dâabord, mais aussi par effet ricochet, de nous-mĂȘme. Et câest en cela que je ne peux que chaudement vous inviter Ă aller voir de toute urgence la piĂšce ! Pour rĂ©sumer on ne peut mieux mes propos je fais sous des roulements de tambour Ă la fois de circonstances et tonitruants mon annonce sur la grand place du village et de cette bonne vieille ville de Limoges. - Le roi est mort : vive le roi ! crĂ©dits : image du site du Théùtre de lâUnion Ă Limoges https://www.theatre-union.fr/fr/show/king-lear-syndrome-ou-les-mal-eleves
- La Belle de la vallée
Ăcrire une microfiction Ă partir du poĂšme Le Dormeur du Val dâArthur Rimbaud, 1888. (consigne de Mme Milena MikhaĂŻlova) Câest une lĂ©gende des temps anciens, Lâon parlait alors de lâĂąge dâor des dieux. Un univers parfait, formĂ© de paix et de bien, Dont le monde renfermait le plus secret des lieux. Vienne le jour, lâaube se rĂ©veille, La belle dort, jamais ne sâĂ©veille. CâĂ©tait une vallĂ©e merveilleuse, Aux arbres dâor, Ă la riviĂšre dâargent et Ă la montagne de cuivre. LĂ -bas, une jeune fille belle et rĂȘveuse Dormait ; ainsi Ă©tait-elle toujours dĂ©crite dans les livres. Vienne le jour, lâaube se rĂ©veille, La belle dort, jamais ne sâĂ©veille. BergĂšre Ă la beautĂ© estimĂ©e, Son corps entourĂ© de marguerites, de coquelicots et de lys, Elle dormait constamment, maĂźtresse aimĂ©e de MorphĂ©e, Dieu des rĂȘves et des abysses. Vienne le jour, lâaube se rĂ©veille, La belle dort, jamais ne sâĂ©veille. Immortelle mais toujours lâesprit inconscient Amoureuse au coeur vaillant Ă jamais elle sommeille, la Belle de la vallĂ©e.
- Message to an angel
Ăcrire une microfiction Ă partir de la chanson Le Soleil a rendez-vous avec la Lune (version live) de Charles Trenet. (consigne de Mme Milena MikhaĂŻlova) â Ăa va ĂȘtre Ă toi, mon grand. Jâai les yeux rivĂ©s sur le mĂȘme papier froissĂ©, abĂźmĂ© de toutes ces fois oĂč le texte nâĂ©tait bon quâĂ jeter. MalgrĂ© tout il est encore lĂ , ce soir, entre mes mains qui sây accrochent comme si jâavais peur quâil ne sâenvole, ma mĂ©moire avec. Parce que ces paroles je les ai Ă©crites, puisĂ©es au plus profond de mon ĂȘtre. Mais jâai beau les relire... rien nây fait. « Je jette lâĂ©ponge. » Pourquoi sâobstiner sur des mots, sâils ne sont plus que des lettres en train de se vider de leur sens ? â Je suis prĂȘt. * En fait, pas du tout. Je me planque derriĂšre ma guitare ; pas foutu dâentamer la moindre note alors que mon public rĂȘve de cette mĂ©lodie. Tout est avec moi sur scĂšne : la batterie, le piano, les musiciens⊠Tout. Sauf mon cĆur. Le temps se fige ; je plonge dans les vestiges du passĂ©. Je ne comprends pas, jâai forcĂ©ment ratĂ© un truc... Un seul coup dâĆil et je sais oĂč je me trouve : lĂ oĂč mon ange sâest envolĂ©e. LĂ oĂč elle a poirautĂ©, priĂ©, puis dĂ©sespĂ©rĂ©. LĂ oĂč nos yeux se sont croisĂ©s, lorsquâune ombre lâa fauchĂ©e. LĂ oĂč, impuissant, jâai vu sâĂ©teindre son sourire. Je croyais nâavoir rien ressenti. Mon cĆur me dĂ©livre alors dans une implosion dâĂ©motions. Ma main fend les cordes. Ma voix se libĂšre. Mon sourire renaĂźt. Le temps aussi. « Jâai compris. » In a flash You are gone And I realize You were the one
- La Belle et la BĂȘte
Ăcrire une microfiction Ă partir de lâaffiche âIls ont vu cela !â du premier numĂ©ro de la revue Lâamour, dirigĂ©e par FrĂ©dĂ©ric Pajak (consigne de Mme Milena MikhaĂŻlova) - Des tĂ©moins ? Ha oui ? Ils ont vu cela ? Une belle bande de vicelards oui ! Attendez Commissaire, je vais tout vous expliquer. Câest pas compliquĂ© : JâĂ©tais depuis quelques mois Ă la colle avec une chouette fille, ça roulait pas mal entre nous et Ă vrai dire câĂ©tait au poil. Elle mâavait littĂ©ralement Ă la bonne et sâimaginait me faire un gosse. Histoire dâofficialiser les choses. JâĂ©tais mĂȘme prĂȘt Ă me laisser tenter, tant il est vrai, quâĂ y regarder de plus prĂšs, elle mâapaisait, mâapportait une sorte de stabilitĂ© et de (rĂ©)confort. Pour pas dire une forme de tendresse et de chaleur humaine que jâavais trouvĂ©e encore nulle part ailleurs et qui mâavait cruellement fait dĂ©faut jusquâici. CâĂ©tait sans compter sur ma capacitĂ© Ă tout faire foirer. HĂ© pardi ! Ăâa pas loupĂ©. De nouveau, jâai tout fait capoter comme si ma vie de iench Ă©tait un jeu absurde dans lequel je me complaisais. RattrapĂ© par ma mĂ©diocritĂ© en quelque sorte, Ă me dĂ©battre dans un ocĂ©an de shit. CâĂ©tait pas faute dâessayer, jâsuis restĂ© clean quelques jours, mais passĂ©e une semaine, mes mauvais penchants ont repris le-dessus. Bref mea culpa, jâai encore dĂ©rapĂ© dans les grandes largeurs, tapĂ© dans la C et la Belle sâen est allĂ©e. Laissant derriĂšre elle la BĂȘte un peu plus seule et abattue. Ă dormir comme un con dans un lit froissĂ©, en chien de fusil, et Ă grelotter en claquant des dents. Pourtant jâdevrais avoir lâhabitude de ce genre dâissue puisque ma vie nâest quâune longue voie sans issue. Une impasse sombre ou bien encore une ruelle sordide oĂč des toxicos et des clodos se passent le citron pressĂ©, le garrot, la shooteuse et la cuillĂšre Ă tour de bras en se rinçant la gueule Ă grand renfort de PĂšre Julien. Mais on y croit, on fonce tĂȘte baissĂ©e et on tombe dans le piĂšge tĂȘte la premiĂšre. Il faudrait sans doute avoir une carapace en mĂ©tal ou en Ă©cailles de tortue ninja pour surmonter toutes ces conneries ! Me voilĂ donc dans un bouge dĂ©gueulasse Ă noyer ma gueule de bois et ma solitude Ă doses de sirops non prescrits par les mĂ©decins en mode automĂ©dication. Pas plus de trois verres par jour et pas tous les jours sinon bonjour les dĂ©gĂąts ! Que dire de plus sinon que je me la joue rĂ©glo, et quâen ce qui me concerne ce nâest jamais plus dâun verre Ă la fois. Biture sur biture. Ăa fait dĂ©jĂ plusieurs semaines que ça dure. Mon premier psy mâa plusieurs fois diagnostiquĂ© shizo Ă tendance paranoĂŻde. Jâai eu beau changer de psy et donc dâavis, ils convergent toujours vers la mĂȘme conclusion : selon moi, les psys sont des incapables. Jâai donc arrĂȘtĂ© les frais, et par lĂ -mĂȘme une thĂ©rapie qui ne menait visiblement Ă rien sinon Ă me ruiner ou me faire interner et passer la camisole de force. Sauf que lâautre soir, jâavais pas pris les mĂ©docs que les autres trouducs mâavaient prescrits en grand nombre au cas oĂč ça nâirait pas et que je gobais comme des smarties Ă longueur de journĂ©e devant la tĂ©loche et les Ă©missions Ă la con. Je sais pas pourquoi mais ce soir-lĂ je nâarrivais pas Ă mettre la main dessus, dans le fichu bordel de mon appartâ. Je criais Ă la conspiration ou bien mĂȘme pire : Ă un traquenard ourdi par des complotistes comme les programmes tĂ©lĂ©visuels nous le rabĂąchent sans cesse. Pour pas arranger les choses, et comme par un Ă©trange concours de circonstances, câĂ©tait le soir quâavait choisi Cynthia pour repointer le bout de son nez, en me disant que putain elle Ă©tait navrĂ©e et quâil fallait rabibocher les choses ou bien encore recoller les morceaux cassĂ©s. Comme si notre couple Ă©tait un vase de Soissons brisĂ© en mille morceaux par ma seule faute. Ou bien pâtĂȘt quâelle Ă©tait venue chercher quelques fringues ou deux quâelle avait oubliĂ©es chez moi. Je mâen rappelle plus exactement. Dans ma tĂȘte en vrac plusieurs voix se bousculaient, et les Ă©motions et les idĂ©es. Tout tournait en boucle et me hurlait mais vas-y putain fais-le ! Quâest-ce que tâattends ? Le dĂ©luge mec ? Jâai alors fermĂ© la porte Ă clĂ© pour pas que le bel oiseau sâenvole de nouveau, et jâai rapprochĂ© mes lĂšvres des siennes. Elle me les a alors mordues violemment et ma lĂšvre infĂ©rieure pissait le sang. De lĂ , sans doute Ă la vue de mon propre sang, je suis rentrĂ© dans une rage folle et jâai vĂ©ritablement pĂ©tĂ© un plomb. Ăa sâest passĂ© comme dans un rĂȘve, ou alors Ă©tais-je en plein film. Je ne sais plus. Jâai du mal Ă distinguer le faux du vrai, le rĂ©el de lâillusion. Toujours est-il quâil faisait nuit noire dehors et que jâai pas vu les deux hurluberlus regarder Ă travers la vitre avec leurs grands yeux de merlans frits. - Vous pensez bien ! Sinon je les aurais butĂ©s eux aussi⊠crĂ©dits : Van Gogh (1853-1890), Autoportrait Ă l'oreille bandĂ©e, 1889, huile sur toile (60 Ă 49 cm), Londres, Institut Courtauld
- Le roi de Vespara (4/7)
Acte III, scĂšne 1 : La mort dâun roi. Tout se passa quelques nuits aprĂšs lâexposĂ© du complot sur les Terres Interdites. Onyxia avait emmenĂ© son neveu dans le canyon de Vespera car elle voulait tendre son piĂšge Ă cet endroit. Onyxia (dâune voix Ă©tonnamment doucereuse) : Tu vas mâattendre gentiment ici, ton pĂšre a une trĂšs belle surprise pour toi. Cosmo (ravi) : Ouah, quâest-ce que câest ? Onyxia (riant) : Mais si je te le dis, ce ne sera plus une surprise, tu es dâaccord ? Cosmo : Je veux savoir ! Et puis je pourrais faire semblant ! Onyxia (riant encore) : Hou hou hou ! Tu sais que tu es un petit chenapan toi ? Cosmo (sur un rocher, suppliant, entourant le cou de la jeune femme de ses bras) : Dis-moi tante Onyxia ! Onyxia (ne cĂšde pas) : Non, non, non, non, non, non, non. Câest quelque chose entre toi et ton papa. Tu sais, des histoires courantes⊠de famille⊠(Regard Ă©tonnĂ© et perplexe de Cosmo) Eh bien, je vais aller le chercher. (Fais demi-tour) Cosmo (sautant du rocher) : Je viens ! Onyxia (Ă©levant la voix un peu trop haut) : NON ! En voyant lâair surpris et presque effrayĂ© de son neveu, la jeune femme sombre comprit quâelle venait de commettre une erreur et tenta de se rattraper : Onyxia : Euh⊠(Ris avec gĂȘne) HĂ©hĂ©hé⊠Non. Toi, tu restes sur ton rocher. Et promets-moi que tu ne referas pas de bĂȘtise comme lâautre jour, avec les sorciĂšres. Cosmo (de nouveau sur la roche, la voix surprise) : On tâen a parlĂ© ? Onyxia (avec un lĂ©ger soupir) : Cosmo, tout le monde mâen a parlĂ©. Cosmo (gĂȘnĂ©) : Ah oui ? Onyxia (hochant la tĂȘte) : Oh oui. Une chance que ton pĂšre ait Ă©tĂ© lĂ pour te sauver. (Regarde derriĂšre elle, sâassurant quâil nây avait personne et chuchote) Et tout Ă fait entre nous, tu pourrais travailler ton petit feulement, hmm ? Cosmo (dans un soupir) : Hum⊠Bon dâaccord⊠La soeur du roi s'apprĂȘtait Ă sâen aller, mais son neveu lui posa une derniĂšre question : Cosmo : Eh tante Onyxia, je vais lâaimer ma surprise ? Onyxia (se retourne avec un sourire mielleux) : Lâaimer ? Bien sĂ»r, Ă en mourir⊠La jeune femme sâĂ©loigna lentement pendant que le petit garçon restait tout seul dans le canyon. Ce quâil ignorait, câĂ©tait quâen haut de la gorge, un immense troupeau de buffles y Ă©tait en train dây brouter de lâherbe. Et plus haut encore, bien cachĂ©es derriĂšre les roches, se trouvaient Ă©galement les trois sorciĂšres ! Fritcia (sâadressant Ă Grifcia, dâune voix basse et agacĂ©e) : ArrĂȘte de gargouiller ! Grifcia (dâune voix plaintive) : Je peux pas mâen empĂȘcher, jâai tellement faim ! (Se relĂšve) Il faut que je mange quelque chose ! Fritcia (mĂ©contente) : Ne bouge pas ! Grifcia (dĂ©signant un jeune buffle) : Eh, et si je bouffais celui qui a lâair malade, là ⊠? Fritcia (agressive) : Non ! On attend le signal dâOnyxia⊠à ce moment-lĂ , cette derniĂšre apparut en haut dâun autre rocher, les cheveux volant au vent. Fritcia : La voilĂ . (Avec une grimace) Allez, en route ! (Se mirent toutes les trois en marche pour accomplir le plan) Entre-temps, Cosmo sâennuyait ferme en attendant sa tante et son pĂšre. Cosmo (lĂ©gĂšrement vexĂ©) : Un petit feulement, pfff⊠Soudain, un camĂ©lĂ©on atterrit sur le rocher et le jeune garçon se troubla. AprĂšs tout, quâavait-il Ă perdre en sâentraĂźnant Ă son grognement ? Sâil rĂ©ussissait Ă gronder comme un vampire adulte, son pĂšre ne pourrait ĂȘtre que fier de lui ! Et qui sait, la surprise nâen serait peut-ĂȘtre que plus belle⊠Alors, Cosmo testa son feulement contre le camĂ©lĂ©on pour voir comment il rĂ©agirait. Or, celui-ci nâeut pas lâair impressionnĂ© par la voix aiguĂ« de lâenfant et continua son chemin. ContrariĂ©, Cosmo sauta du rocher, se rapprocha du camĂ©lĂ©on et grogna Ă nouveau, sans rĂ©sultat. Cette fois, il perdit patience, s'avança encore et grogna avec toute la force que ses jeunes poumons lui permirent. A sa grande surprise, sa voix en ressortit grave et agressive ! Heureux de lâĂ©cho qui rĂ©sonnait dans toute la gorge, Cosmo Ă©prouva pourtant trĂšs vite une sorte de malaise. Comme si⊠comme si ce nâĂ©tait pas lui qui venait de feuler ainsi. Soudain, les cailloux du sol se mirent Ă trembler. Inquiet, Cosmo releva la tĂȘte et lĂ , il vit avec horreur le troupeau de buffles dĂ©valer dans le canyon ! Dâabord figĂ© de terreur et incapable de crier, il finit par prendre la fuite, le troupeau courant derriĂšre lui, affolĂ©. AffolĂ© Ă©tait bien le mot car en rĂ©alitĂ©, câĂ©taient Fritcia, Grifcia et Cricia qui avaient terrifiĂ© les buffles avec leurs cris dĂ©moniaques. Ainsi, câĂ©tait leurs grognements Ă elles qui avaient rĂ©sonnĂ© dans le canyon, et non celui de Cosmo ! Quand les derniers buffles eurent quittĂ© la prairie, elles partirent vite se cacher pour laisser Onyxia rĂ©aliser le reste de son plan. Quant Ă Cosmo, le malheureux enfant courait avec toute lâĂ©nergie du dĂ©sespoir pour Ă©chapper Ă une destinĂ©e tragique ! Entre-temps, le roi Eden revenait des jardins, accompagnĂ© dâAmĂ©thyste. Elle fut la premiĂšre Ă remarquer le troupeau de buffles au loin. AmĂ©thyste (dĂ©signant le canyon) : Regardez MajestĂ©, le troupeau sâagite⊠Roi Eden (les sourcils froncĂ©s) : Câest Ă©trange⊠Brusquement, Onyxia apparut sur les rochers, lâair complĂštement paniquĂ© : Onyxia (feignant lâaffolement) : Eden ! Vite ! Câest la dĂ©bandade ! Dans les gorges ! Cosmo est en danger ! Roi Eden (soudain effrayĂ©) : Cosmo ?! Dans le canyon, le petit prince continuait Ă courir Ă en perdre haleine. Mais Ă cause de ses petites jambes, il se fit vite rattraper. Croyant dâabord quâil allait mourir Ă©crasĂ©, il aperçut un vieil arbre dessĂ©chĂ© sur lequel il sâempressa de grimper et de sây accrocher fermement. Pendant ce temps, son pĂšre et sa tante dĂ©valaient les rochers en courant pendant quâAmĂ©thyste volait pour essayer de retrouver son jeune maitre. Elle le trouva bien vite sur lâarbre et se prĂ©cipita vers lui, ne pouvant malheureusement lâaider, de peur de ne pas rĂ©ussir Ă le porter tout en volant. Cosmo (affolĂ© et menaçant de tomber) : AmĂ©thyste, aide-moi ! AmĂ©thyste (affolĂ©e elle aussi) : Ton pĂšre arrive ! Cramponne-toi ! Cosmo (suppliant) : Vite, vite ! Entre-temps, le roi Eden et Onyxia Ă©taient arrivĂ©s et regardaient dâen haut, sur un rocher, Ă droite et Ă gauche avec dĂ©sespoir. En rĂ©alitĂ©, câĂ©tait surtout le roi qui Ă©tait le plus dĂ©sespĂ©rĂ© ! Soudain, AmĂ©thyste arriva et leur dĂ©signa lâendroit oĂč Cosmo sâĂ©tait rĂ©fugiĂ© : AmĂ©thyste (paniquĂ©e) : LĂ , lĂ ! Sur lâarbre ! Roi Eden (affolĂ©) : Tient bon Cosmo ! Ă ce moment-lĂ , lâarbre se brisa Ă moitiĂ© Ă cause de la charge dâun buffle et le jeune prince faillit tomber ! Cosmo : AAAAAAAAAAAAH !!! Le roi Eden sauta alors de rochers en rochers, son Ă©pĂ©e Ă la main, afin dâaller sauver son fils qui nâarrivait presque plus Ă se tenir sur les branches. De son cĂŽtĂ©, AmĂ©thyste laissait libre court Ă sa terreur pendant quâOnyxia ne disait pratiquement rien. AmĂ©thyste (parlant toute seule) : Oh, câest affreux ! Quâest-ce quâon peut faire ? Quâest-ce quâon peut faire ?! (A soudain une idĂ©e) Oh, je vais aller chercher du renfort ! Je vais aller chercher⊠La jeune femme nâeut pas le temps de finir sa phrase car Onyxia, perfidement, lui donne un violent coup de bĂąton par derriĂšre, lâenvoyant se cogner contre une roche. AmĂ©thyste eut tout juste le temps de crier avant de sâĂ©vanouir. Entre-temps, Eden rĂ©ussit Ă se mĂȘler aux buffles mais dĂ©passa lâarbre oĂč Cosmo sâaccrochait de toutes ses forces. Le roi parvint Ă faire demi-tour mais alors quâil courait vers lâarbre, il se fit renverser par un buffle. Il se releva malgrĂ© tout et regarda son fils, paniquĂ©. Soudain, un buffle brisa lâarbre de Cosmo et ce dernier sâenvola ! Cosmo (hurlant de terreur) : AAAAAAAAAAAAAAAAAAH !!! Alors quâil pensait chuter au sol, son pĂšre sauta et le prit dans ses bras juste Ă temps, avant de se remettre Ă courir. Il ignorait quâOnyxia le suivait discrĂštement dans lâombre dâune corniche. Puis brusquement, Eden se fit bousculer par un buffle et Cosmo tomba. Il se releva, terrifiĂ©, car son pĂšre avait disparu de sa vue. Il Ă©vita de se faire Ă©craser par le troupeau quand soudain, Eden rĂ©apparut et le prit Ă nouveau dans ses bras, dĂ©sireux de le mettre Ă lâabri. Il sauta sur un gros rocher et dĂ©posa dĂ©licatement Cosmo dessus lorsque les buffles lâemportĂšrent malgrĂ© lui et lui firent faire une nouvelle chute ! Cosmo (tremblant) : Papa ! Il se mit Ă regarder partout parmi le troupeau affolĂ©, mais il ne vit aucun signe du roi. Le petit prince allait sâaffoler pour de bon lorsquâil le vit, dâun bond formidable, sauter du sol et sâaccrocher au rocher avec son Ă©pĂ©e. Cosmo la regarda dâabord angoissĂ© puis rassurĂ©. Cosmo (pensĂ©e, soulagĂ©) : « Papa est sauvĂ© ! » Il sâempressa de remonter les rochers jusquâau sommet des terres de Vespera. Quant Ă Eden, il Ă©tait en bien mauvaise posture car malgrĂ© son Ă©pĂ©e, il pouvait tomber Ă tout instant si personne ne lui venait en aide. Dâailleurs, le roi vit Onyxia au-dessus de lui, un air assez dĂ©daigneux empreint sur son visage. Cela, le roi ne le vit pas, tant la peur de tomber lui rongeait alors le ventre. Roi Eden (affolĂ©) : Onyxia ! Ma sĆur⊠Aide-moi ! Des petits cailloux tombĂšrent des pieds dâEden. Si jamais il chutait, ce serait la mort certaine ! Onyxia regarda un court instant son frĂšre en silence puis soudain, elle lui planta violemment ses ongles dans ses mains. Eden poussa un cri de douleur avant de regarder sa sĆur avec incomprĂ©hension : pourquoi avait-elle fait ça ? Celle-ci eut alors un horrible sourire : Onyxia (dâune voix basse et diabolique) : Longue vie au roi ! Et, traĂźtreusement, Onyxia poussa son frĂšre du rocher et Eden tomba dans le vide ! Roi Eden : AAAAAAAAAAAAAAAAAH !!! Cosmo (qui vit au loin son pĂšre tomber) : NOOOOOOOOOOOOOOOOOON !!! Fin de la scĂšne 1 Acte III, scĂšne 2 : La disparition du prince. Cosmo sauta de rochers en rochers afin de redescendre. Les derniers buffles Ă©tant partis, tout danger Ă©tait Ă©cartĂ©. A travers la poussiĂšre, Cosmo appelait son pĂšre, dĂ©sespĂ©rĂ©. Cosmo (inquiet) : Papa ! Il sâavança un peu plus lorsque soudain, il entendit un bruit lĂ©ger et Ă©trange qui le fit lĂ©gĂšrement sursauter : Cosmo (reprend espoir) : Papa ? Il vit un buffle passer devant lui⊠et Ă cĂŽtĂ© dâune silhouette allongĂ©e au sol. Cosmo entrouvrit la bouche puis la referma avant de courir vers la silhouette, priant que ce ne soit pas son pĂšre. HĂ©las, en sâapprochant, Cosmo dut bien admettre que câĂ©tait lui : il Ă©tait allongĂ© sur le cĂŽtĂ© droit, les yeux clos, son bras droit tendu vers son Ă©pĂ©e dont la lame sâĂ©tait brisĂ©e en deux. Le petit prince tenta de se persuader que tout cela nâĂ©tait quâun affreux cauchemar et que son pĂšre Ă©tait juste endormi. Il sâagenouilla prĂšs de lui : Cosmo (dâune petite voix) : Papa⊠Tu te rĂ©veilles ? Il faut que tu te lĂšves⊠(Le secoue un peu) Papa⊠Viens, on rentre⊠(Lui tire une mĂšche de cheveux) Mais le roi ne bougeait pas. Cosmo comprit alors que son pĂšre Ă©tait bel et bien mort. Sa douleur Ă©clata comme un orage : Cosmo (hurlant) : Ă LâAIDE !!! SâIL VOUS PLAĂT !! Sâil vous plaĂźt⊠Papa⊠Cosmo se mit alors Ă pleurer, de grosses larmes lui coulant sur les joues. Il revint lentement vers le corps dâEden et se faufila son bras gauche, sâallongeant et finalement, il ferma les yeux comme sâil voulait sâendormir auprĂšs de lui. Cependant, il ne vit pas la silhouette menaçante dâOnyxia qui sâapprochait dâeux. Onyxia (dans un murmure de reproche) : Cosmo⊠(Attention de ce dernier tournĂ© vers sa tante) Quâest que tu as fait ? Cosmo (se relevant en larmes) : Le troupeau⊠Il-il a voulu me sauver ! (Renifle) CâĂ©tait un acci⊠Je voulais-je voulais pas ce qui est arrivĂ© ! (Se remet Ă pleurer) Onyxia (le prenant dans ses bras) : Bien sĂ»r, bien sĂ»r que tu ne le voulais pas. Personne ne peut concevoir des choses aussi horribles⊠(RelĂšve la tĂȘte, le regard fixe) Mais le roi est mort⊠(Regard dâeffroi de Cosmo sur sa tante) Et sans toi, il serait encore en vie⊠Le remord commençant Ă le ronger pernicieusement, Cosmo se serra plus fort contre Onyxia, les larmes coulant de plus belle sur ses joues. Onyxia (soupirant tout en regardant son jeune neveu) : Ah, quâest-ce quâAmĂ©thyste et Crystal diront ? Cosmo (terrifiĂ©) : Mais quâest-ce que je peux faire alors ? Onyxia (le dĂ©gageant soudainement de ses bras) : Sauve toi Cosmo. Pars, pars trĂšs loin et ne reviens jamais ! Ă ces mots, le jeune prince prit aussitĂŽt la fuite. DerriĂšre Onyxia, trois silhouettes sombres sâavançaient silencieusement mais la jeune femme perçut leur prĂ©sence. Onyxia (aux trois silhouettes, dâune voix froide) : Tuez-le. Et Ă ce moment, les sorciĂšres Fritcia, Grifcia et Cricia se lancĂšrent Ă la poursuite de Cosmo ! Ce dernier Ă©tait arrivĂ© devant une montagne de pierre, hĂ©sitant Ă grimper lorsquâil entendit un bruit suspect qui le fit se retourner. Il vit alors le trio des sorciĂšres qui sâapprochait de lui ! PaniquĂ©, le petit garçon sâempresse de grimper Ă travers les minuscules parois des rochers et Ă©vita de justesse les griffes de Grifcia qui entaillĂšrent la roche. ArrivĂ© au sommet, Cosmo courut Ă toutes jambes mais sâarrĂȘta devant le bord. Sâil sautait, survivrait-il ? Mais il nâeut pas le temps dâapprofondir la question car les sorciĂšres surgirent des rochers ! Sans plus dâhĂ©sitation, Cosmo se jeta dans le vide. Il roula dans la terre noirĂątre, le trio malĂ©fique sur ses talons. Soudain, il tomba dans un Ă©norme buisson d'Ă©pines et heureusement pour lui, la branche se cassa et il tomba Ă lâintĂ©rieur du buisson. Il se releva, malgrĂ© ses nombreuses Ă©gratignures, reprit la fuite en se faufilant Ă travers les branches et parvint sortir Ă travers les Ă©pines avant de reprendre sa course Ă travers le dĂ©sert. Entre-temps, Grifcia sâĂ©tait rendu compte la premiĂšre quâelle et ses compagnes se prĂ©cipitaient vers des buissons Ă©pineux. Elle tenta de ralentir de toutes ses forces et sâarrĂȘta juste devant le bord. Mais, elle se fit bousculer par Fritcia, puis par Cricia, causant sa chute bruyante dans le buisson. Grifcia (sautant en lâair, le corps recouvert dâĂ©pines) : HYAAAAAAA !!! Cricia se mit Ă rire de façon hystĂ©rique pendant que Grifcia remontait sur le rocher et marchait difficilement, des Ă©pines dans tout le corps. Soudain, Fritcia se mit Ă crier : Fritcia (pointant lâindex vers lâhorizon) : Eh, il sâen va, il sâen va ! Grifcia (sâarrachant des Ă©pines) : Quâest-ce que tu attends ? Fritcia (moqueuse) : Tu dĂ©lires, moi je plonge pas lĂ -dedans ! Jâai pas envie de me retrouver comme toi, tĂȘte de cactus ! Grifcia (jetant quelques Ă©pines sur Cricia qui ricanait) : Faut quâon finisse le boulot ! Fritcia (dâune voix dĂ©daigneuse) : Tu parles. Dans le dĂ©sert, il sâen sortira jamais. Et si un jour il revient, on le tuera ! Grifcia (qui sâĂ©tait approchĂ©e de Fritcia) : Ouais ! (Dâune voix menaçante, Ă Cosmo au loin) Eh tâentends ! Si tu reviens, on te fera la peau !! Dans un dernier ricanement, les vilaines sorciĂšres firent demi-tour et disparurent pour retourner sur les Terres Interdites en attendant le grand jour. Entre-temps, Onyxia avait ramenĂ© le corps de son frĂšre au palais afin quâil soit embaumĂ© et enterrĂ©. A tous ceux qui lui avaient posĂ© la question de savoir comment il Ă©tait mort, elle avait Ă chaque fois racontĂ© la mĂȘme version de lâhistoire, sa version : le roi avait fait une chute accidentelle qui lui avait Ă©tĂ© fatale, dans sa tentative de sauver Cosmo. Mais concernant ce dernier, les explications dâOnyxia Ă©taient plus confuses : elle avait juste racontĂ© que son neveu avait disparu. Mais on ne lâavait pas interrogĂ© davantage, tout le monde Ă©tant anĂ©anti de douleur et de dĂ©sespoir. La nuit de lâenterrement du roi Eden, Onyxia prononça alors un discours non loin du Rocher des Vampires. Un discours qui nâĂ©tait que mensonges et tromperies mais que personne ne pouvait soupçonner : aprĂšs tout, qui pourrait dĂ©couvrir lâaffreuse vĂ©ritĂ© ? Onyxia (sur un ton dramatique) : La mort du roi Eden est une horrible tragĂ©die. (Pose sa main libre sur son visage) Mais perdre Cosmo qui Ă©tait Ă lâaube de sa vie. Pendant ce court laps de silence, les visages des fidĂšles du roi - dont OmbrĂ©a, la nourrice de Cosmo - affichĂšrent lâanĂ©antissement le plus complet tandis que Crystal pleurait en silence dans les bras dâAmĂ©thyste. Onyxia (poursuivant son discours) : ⊠Est pour moi un drame personnel dâune cruautĂ© insoutenable. (Sanglot convulsif de Crystal) Câest donc le cĆur brisĂ© par le chagrin que je monte sur le trĂŽne. Soudain, le regard de la jeune femme devint beaucoup plus inquiĂ©tant et des ombres se faufilĂšrent Ă travers les rochers, effrayant AmĂ©thyste, Crystal et les autres vampires. Onyxia (la voix sourde et effrayante) : Sachant que malgrĂ© notre infinie douleur, nous nous relĂšverons pour saluer lâĂ©vĂšnement dâune Ăšre nouvelle, (Saute sur les roches jusquâau Rocher des Vampires) dans laquelle les vampires et les sorciĂšres sâuniront pour Ă©riger lâavenir en un glorieux Ă©difice ! Ces ombres, câĂ©tait les sorciĂšres ! TOUTES les sorciĂšres des Terres Interdites ! Elles sâavancĂšrent, menaçantes, vers les vampires qui se serraient davantage entre eux, terrifiĂ©s. Au loin, Donatella avait vu toute la scĂšne et rentra finalement chez elle, Ă©crasĂ©e de chagrin. Assise devant le tronc de son chĂȘne, elle pleurait. Comment nâavait-elle pas pu prĂ©voir une tragĂ©die pareille ? Et Cosmo⊠Si jeune⊠Mort lui aussi⊠Quel affreux destin envers ce malheureux garçon si innocent ! La vieille femme regarda le portrait de lâenfant et posa sa main droite dessus, mouillĂ©e de larmes, la passant devant lâimage du jeune prince qui devient lĂ©gĂšrement flou. Pour Donatella, ce geste Ă©tait significatif : pour elle, cela voulait dire que Cosmo Ă©tait dĂ©sormais auprĂšs de son pĂšre pour lâĂ©ternitĂ©. Fin de la scĂšne 2. Acte III, scĂšne 3 : Nouvelle famille et nouvelle vie. (Chanson : Hakuna matata) Cependant, la vĂ©ritĂ© sur Cosmo Ă©tait tout autre : il avait survĂ©cu Ă lâĂ©preuve ! Pendant plusieurs jours, il avait traversĂ© le dĂ©sert dâElementa, un royaume voisin de Vespera, puis Ă bout de force, il sâĂ©tait Ă©vanoui, son corps exposĂ© au soleil brĂ»lant. Tout commença lorsquâune nuĂ©e de vautours, volant autour de Cosmo, sâapprochĂšrent pour se dĂ©lecter de sa chair lorsque soudain⊠Voix dâhomme et de femme : YAAAAAAAAAAAAAAAAAAH !!! A ce moment-lĂ , une jeune fille et un jeune homme sâĂ©lancĂšrent sur les rapaces en courant ! La fille avait une lance en or dont la pointe Ă©tait taillĂ©e dans un quartz rose et son compagnon portait un bouclier en argent avec une obsidienne fichĂ©e en son centre. La fille avait les cheveux roses pĂąles et de beaux yeux dorĂ©s tandis que son compagnon avait les cheveux et les yeux noirs. Ils portaient tous deux une sorte de tunique, aux couleurs vives pour la fille et aux couleurs plus sombres pour lâhomme. Jeune femme (donnant des coups de lance tandis que son ami la protĂ©geait avec son bouclier) : Allez, allez ! Du vent ! Ouste ! Jeune homme (une fois les vautours partis) : Ah dĂ©cidĂ©ment, ça fonctionne Ă chaque fois le bowling de rapaces ! Jeune femme (rangeant sa lance et sâenlevant de la poussiĂšre en riant) : A tous les coups ça marche ! Hahahaha ! Jeune homme (qui sâĂ©tait approchĂ© de Cosmo) : Oh oh⊠(Appelle son amie) Eh Quartz, viens voir une minute ! On dirait quâil est vivant⊠Quartz (sâapprochant de lâenfant, interloquĂ©e) : Oh ! Bon voyons voir, mais quâest que câest que ça ? Elle sâagenouille prĂšs de Cosmo et lui soulĂšve dĂ©licatement la main qui cachait son visage. Mais quand elle vit ses petites canines, elle se mit Ă hurler ! Quartz (horrifiĂ©e) : AAAH !! Un vampire ! Elle trĂ©bucha et se releva, Ă©pouvantĂ©e, avant de se prĂ©cipiter vers son compagnon et de lui prendre la main. Quartz (affolĂ©e) : Allez TĂ©nĂšbre, on rentre ! TĂ©nĂšbre (interloquĂ©) : Eh Quartz, attend une seconde ! Câest juste un enfant vampire ! (Regarde Cosmo avec attendrissement) Il a dĂ» se perdre. Regarde comme il est mignon, pauvre petit. (Se tourne vers Quartz) Si on le gardait ? Quartz (lui hurlant dans les oreilles) : Non mais tâes malade ?! Un vampire, ce nâest pas un jouet ! Un jour ou lâautre, il boira tout mon sang ! TĂ©nĂšbre (secouant la tĂȘte) : Pas lui, il est trop petit ! Quartz (agacĂ©e) : Ăa grandit ces choses-lĂ ! TĂ©nĂšbre (sourit malicieusement) : Peut-ĂȘtre quâil sera notre alliĂ© ! Quartz (se met Ă ricaner) : Hahaha, ça câest la meilleure de lâannĂ©e, comme sâil pouvait⊠! (Interruption brutale lorsquâune idĂ©e lui vint Ă lâesprit) Eh attend une minute⊠Mais câest une bonne idĂ©e ça ! Quâil devienne notre allié⊠Finalement, avoir un deuxiĂšme vampire dans son camp nâest peut-ĂȘtre pas une si mauvaise idĂ©e ! TĂ©nĂšbre (ramassant Cosmo, ravi) : Alors on le prend ! Quartz (souriant) : Mais oui ! Le cerveau, câest toi ou câest moi ? TĂ©nĂšbre (hĂ©sitant pour sa rĂ©ponse) : Euh⊠Quartz (dans un soupir) : Bah, laisse tomber. (SâĂ©ponge le front) Ah, je cuis ! Trouvons un coin dâombre ! AussitĂŽt, ils se mirent Ă courir en vitesse sous le brĂ»lant soleil du dĂ©sert dâElementa car ils savaient que si les vampires y restaient exposĂ©s trop longtemps, ils pouvaient mourir⊠BientĂŽt, le duo arriva devant une oasis. Ils dĂ©posĂšrent Cosmo Ă lâombre, sur le cĂŽtĂ© dâun petit lac, et Quartz lui envoya de lâeau sur son visage brĂ»lant pour le rĂ©veiller. Et ça marcha ! Cosmo Ă©mergea enfin de son sommeil, les yeux encore Ă demi clos de fatigue. Quartz (inquiĂšte) : Ăa va petit ? Cosmo (dâune petite voix) : Oui, je crois⊠TĂ©nĂšbre : Tu as failli mourir ! Quartz (prenant un air fier) : HĂ©, je tâai sauvĂ© ! TĂ©nĂšbre (regarde Quartz avec irritation) : Hey ! Quartz (corrigeant sa rĂ©ponse avec mauvaise grĂące) : Enfin, TĂ©nĂšbre mâa aidé⊠un peu⊠Cosmo (se relevant et marchant tristement dans lâombre) : Merci, câest gentil⊠Quartz (interloquĂ©e) : Mais⊠OĂč est-ce que tu vas ? Cosmo (dans un soupir) : Nulle part⊠Perplexe, la jeune fille sâadressa Ă son compagnon vampire tandis que Cosmo sâĂ©loignait : Quartz : Eh, il a le cafard⊠TĂ©nĂšbre (Ă©tonnĂ©) : Quâest-ce que tu racontes ? Quartz (agacĂ©e) : Bah, je veux dire quâil est dĂ©primĂ© ! TĂ©nĂšbre : Ah bon⊠Lui et Quartz sâapprochĂšrent du garçon, Ă©tonnĂ© par sa tristesse, peu courante chez un enfant : TĂ©nĂšbre : Quel mal te ronge, petit ? Quartz (voulant dĂ©tendre lâatmosphĂšre) : Eh bien rien ! Câest lui le mal qui ronge ! (Prise dâun fou rire) Hahahahaha, le mal qui ronge ! HĂ©hĂ©hĂ©hĂ©hé⊠(SâarrĂȘte de rire en voyant que Cosmo demeurait triste) Euh⊠Alors, dâoĂč tu viens ? Cosmo (reprenant sa marche, la tĂȘte baissĂ©e) : Quâest-ce que ça peut faire ? Je peux plus y retourner⊠Quartz (sâapprochant de lui, ravie) : Quoi, tâes un hors la loi ?! Ăa tombe bien, nous aussi ! TĂ©nĂšbre (qui sâest approchĂ© aussi) : Quâest-ce que tu as fait, petit ? Cosmo (frissonnant) : Une chose Ă©pouvantable, mais je ne peux pas en parler⊠Quartz : Tant mieux, ça ne nous intĂ©resse pas ! TĂ©nĂšbre : Dis donc Quartz ! (Sâadressant Ă Cosmo) On peut faire quelque chose ? Cosmo (dans un soupir) : Non, Ă moins de changer le passé⊠TĂ©nĂšbre (avec un sourire malicieux) : Eh bien dans des cas comme ça, mon amie Quartz me dit toujours : on ne revient jamais en avant ! Quartz (exaspĂ©rĂ©e) : Non, non, non !! TĂ©nĂšbre (surpris) : Ah, ce nâest pas ça ? Quartz : Amateur ! Assied-toi, tu vois bien que tu te fatigue ! Dans un soupir, le vampire adulte obĂ©it tandis que la jeune fille se tourna vers Cosmo : Quartz : Câest : on ne revient jamais en arriĂšre. Bon Ă©coute petit, si les choses tournent mal, tu ne peux rien y faire, vrai ? Cosmo (tristement) : Vrai⊠Quartz (son doigt pointĂ© vers Cosmo) : FAUX ! (Ătend son bras droit vers lâhorizon) Quand le monde entier te persĂ©cute, tu te dois de persĂ©cuter le monde ! Cosmo (secouant la tĂȘte) : Ce nâest pas ce quâon mâa appris⊠Quartz : Peut-ĂȘtre quâil te faut une autre mĂ©thode ! RĂ©pĂšte aprĂšs moi, (Se racle la gorge) hum, hum, hum⊠Hakuna matata. Cosmo (interloquĂ©) : Quoi ? TĂ©nĂšbre (rĂ©pĂ©tant Ă©galement) : Hakuna matata. Ăa veut dire « pas de soucis » ! Soudain, le duo commença Ă fredonner dâĂ©tranges paroles aux oreilles du jeune garçon : Quartz (faisant une petite rĂ©vĂ©rence) : Hakuna matata, Quelle formule Ă©patante ! TĂ©nĂšbre (chantonnant) : Hakuna matata, Quelle idĂ©e dĂ©mente ! Quartz (chante et fait signe Ă Cosmo de les suivre) : Câest vivre sa vie ! En faisant ce qui vous chante ! Quartz et TĂ©nĂšbre (asseyant Cosmo sur une chaise en mousse) : La philosophie ! Du sans soucis ! (TĂ©nĂšbre protĂšge Cosmo des rayons du soleil pendant que Quartz lui lime les ongles) Quartz (reprenant le refrain en jetant la lime Ă ongles) : Hakuna matata ! Ă ce moment-lĂ , le trio se remit Ă parler normalement : Cosmo (surpris) : Hakuna matata ? TĂ©nĂšbre : Oui, câest notre crĂ©do ! Cosmo (perplexe) : Câest quoi un crĂ©do ? Quartz : Notre devise ! TĂ©nĂšbre : Câest facile ! Ces deux mots rĂ©soudront tous tes problĂšmes ! Quartz : Câest vrai ça ! Bon on se refait un coup ? TĂ©nĂšbre : Oh oui ! Le vampire adulte alla sâasseoir sur une liane, comme sur une balançoire, tandis que Quartz sâempressa de la remonter par le bout : Quartz et TĂ©nĂšbre : Hakuna matata, Quelle formule Ă©patante ! (Quartz saute sur la balançoire avec TĂ©nĂšbre) Hakuna matata, Quelle idĂ©e dĂ©mente ! Cosmo (se met Ă chanter aussi, joyeusement) : Câest vivre sa vie ! En faisant ce qui vous chante ! Quartz (sautant de la balançoire avec TĂ©nĂšbre) : Chante petit ! Cosmo, Quartz et TĂ©nĂšbre : La philosophie ! Du sans soucis ! Hakuna matata ! Puis, Cosmo suivit ses nouveaux amis vers leur territoire personnel, situĂ© sur les terres dâElementa, le fameux royaume des Ă©lĂ©ments. Un royaume dont Quartz Ă©tait native et une terre dâadoption pour TĂ©nĂšbre aprĂšs avoir Ă©tĂ© chassĂ© de Vespera par les siens, ayant commis le seul crime dâaimer une Ă©lĂ©mentaire et non une vampire⊠Une vie en exil que les deux amants ne regrettaient pas. Et maintenant que cet enfant venait de les rejoindre, leur famille nâen Ă©tait que plus agrandie. Quartz : Tu vois gamin, câest ça la vraie vie ! TĂ©nĂšbre : Ouais ! Pas de lois, pas de responsabilitĂ© ! Quartz et TĂ©nĂšbre (ensemble) : Et par-dessus tout⊠! Cosmo (complĂ©tant leur parole, excitĂ©) : Pas de soucis ! Et câest ainsi que commença la nouvelle vie de Cosmo de Vespera ! Au rythme dâHakuna Matata, il grandissait. De lâenfant charmant, il devint un bel adolescent puis un magnifique jeune homme ! Il restait toujours auprĂšs de Quartz et TĂ©nĂšbre et ils chantĂšrent souvent « Hakuna matata » tous ensemble. Quartz et TĂ©nĂšbre (ayant vieilli de quelques annĂ©es) : Hakuna matata ! Hakuna matata ! Hakuna matata ! Hakuna matata ! Cosmo (maintenant adulte) : Câest vivre sa vie ! En faisant ce qui vous chante ! (Sâapproche de Quartz et TĂ©nĂšbre en souriant) Cosmo, Quartz et TĂ©nĂšbre : La philosophie ! Du sans soucis ! Hakuna matata ! Hakuna matata ! Hakuna matata ! Hakuna matata ! Cosmo (se tournant vers TĂ©nĂšbre, malicieux) : Je dis ! TĂ©nĂšbre : Hakuna ! Cosmo (se tournant ensuite vers Quartz) : Je dis ! Quartz : Matata ! Cosmo, Quartz et TĂ©nĂšbre : Hakuna matata ! Et câest ainsi que se dĂ©roulĂšrent leur vie : dans la joie et la bonne humeur ! Et ce, tout en chantant le plus souvent leur indĂ©modable devise : Hakuna matata ! Fin de la scĂšne 3 et fin de lâacte III.
- « Il y a une francophonie réelle en Bulgarie »
- Interview de Georgi Zhechev Dans le cadre du Master 1 FABLI, certains cours, qui sâintitulent « sĂ©minaires thĂ©matique internationale », sont dispensĂ©s par des professeurs dâuniversitĂ©s Ă©trangĂšres. Le thĂšme de cette annĂ©e est « lâenquĂȘte ». Nous avons reçu les 17 et 18 mars Georgi Zhechev, linguiste bulgare et directeur du dĂ©partement français de lâUniversitĂ© de Sofia. Il est un spĂ©cialiste de la langue française et a notamment travaillĂ© sur des questions dâintĂ©gration des langues minoritaires dans les politiques linguistiques et sâintĂ©resse dĂ©sormais Ă la modernitĂ© de la langue française Ă travers le « langage jeune ». Les deux cours que nous avons eu avec lui portaient sur la mĂ©thodologie de lâenquĂȘte en sociolinguistique. Isabelle : Quâest-ce qui vous a amenĂ© Ă intervenir dans notre Master ? Georgi Zhechev : Je connaissais les deux co-directeurs du Master, Monsieur DevĂ©sa et Madame MikhaĂŻlova, depuis un certain temps et quand jâai appris quâils avaient créé le Master FABLI (Fabrique de la littĂ©rature, ndlr), je me suis dit que câĂ©tait lâoccasion de renouer le contact. Par ailleurs, Monsieur DevĂ©sa et moi avons eu lâidĂ©e de crĂ©er un lien entre le Master de français de lâUniversitĂ© de Sofia et le Master FABLI de lâUniversitĂ© de Limoges. Nous avons donc rĂ©flĂ©chi Ă des points de convergence et Ă des actions communes. DâoĂč mon intervention dans le cadre des cours de sĂ©minaire international. En quoi consiste le Master dont vous ĂȘtes responsable ? Ce Master porte sur la francophonie comme objet dâĂ©tude et aborde diffĂ©rents aspects de cette notion : institutionnel, linguistique et littĂ©raire/culturel. Dans le volet linguistique, nous nous intĂ©ressons au plurilinguisme comme phĂ©nomĂšne actuel ; la sociolinguistique est une des approches de base mais il y a Ă©galement un cours sur les langues minoritaires. Nous avons aussi un volet sur lâaspect interculturel, qui sert Ă crĂ©er le lien entre le travail du traducteur et lâinterculturalitĂ©. Nous Ă©tudions des littĂ©ratures de diffĂ©rents endroits du monde (Afrique francophone, QuĂ©bec, etc). Nous essayons de donner une vision variĂ©e de la francophonie dans la production littĂ©raire. Le français nâest pas la langue Ă©trangĂšre la plus rĂ©pandue en Bulgarie mais on sây intĂ©resse. Quel Ă©tat des lieux de la francophonie en Bulgarie ? Ce qui distingue la Bulgarie dâautres pays (de lâEurope de lâEst, par exemple), câest une trĂšs longue tradition de sections bilingues oĂč le français est non seulement enseignĂ© mais est aussi une langue dans laquelle on enseigne une partie des disciplines scolaires. Ces sections sont hĂ©ritĂ©es des Ă©coles religieuses, trĂšs prestigieuses dans la premiĂšre moitiĂ© du XXe siĂšcle. Puis, Ă lâĂ©poque communiste, il y avait une certaine mĂ©fiance Ă lâĂ©gard de ces ordres religieux venant des pays occidentaux. Ces Ă©coles ont donc Ă©tĂ© fermĂ©es. Des personnes au sein de la direction du parti communiste avaient cependant apprĂ©ciĂ© cet enseignement du français et avaient regrettĂ© la fermeture de ces Ă©tablissements. Ils ont donc créé sur leur modĂšle les sections bilingues dans les Ă©tablissements de lâĂ©cole publique bulgare. Depuis les annĂ©es 1950, nous avons conservĂ© ces sections françaises dans les lycĂ©es Ă Sofia mais aussi dans toutes les grandes villes de province. Chaque annĂ©e, nous avons de nouveaux francophones qui viennent dans les universitĂ©s. Il y a donc des formations dispensĂ©es uniquement en français, comme certains cursus pour devenir ingĂ©nieur qui ont des conventions avec les Ă©coles dâingĂ©nieurs françaises ou belges. Il y a Ă©galement des cotutelles de doctorat et des soutenances qui se font en français. Il y a donc une francophonie rĂ©elle en Bulgarie. Pourquoi cette francophonie ? Est-ce de lâordre de la nĂ©cessitĂ© ou de lâamour de la langue ? Je pense que câest de lâordre de lâamour de la langue pour commencer. Mais parfois, les gens se retrouvent dans une section française un peu par hasard, quand ils nâont pas eu les rĂ©sultats nĂ©cessaires pour lâallemand ou lâanglais par exemple. Dâautres Ă©tudiants, dans les Ă©coles dâingĂ©nieurs notamment, voient le français comme un outil qui leur permet dâintĂ©grer des rĂ©seaux europĂ©ens. ConnaĂźtre le français et la culture française apporte un certain prestige. Y a-t-il une filiĂšre dĂ©diĂ©e Ă lâĂ©criture ou qui met lâaccent sur cela Ă lâUniversitĂ© de Sofia ? Nous avons deux facultĂ©s de Lettres : celle pour les langues slaves (russe et bulgare), et celle pour toutes les autres langues. La premiĂšre essaye dâintroduire des cours dâĂ©criture, je crois, comme le Master traducteur-rĂ©dacteur. Je sais que certains des professeurs qui y enseignent sont Ă©galement auteurs et introduisent certainement des notions dâĂ©criture crĂ©ative. Mais nous nâavons pas de formation du type FABLI. Que pensez-vous du Master FABLI ? Je trouve que câest une excellente idĂ©e. Les universitaires peuvent venir en aide Ă des gens qui envisagent de devenir Ă©crivains, ce qui est rare et peut-ĂȘtre que ce sont des formations dâavenir qui vont se dĂ©velopper. Pourquoi avez-vous choisi dâĂ©tudier le français et les langues minoritaires ? Parce que ce sont les parents pauvres de lâĂ©tude sur les langues ; les communautĂ©s qui portent ces langues ont besoin dâĂȘtre soutenues et je pense que câest le rĂŽle de la recherche de sâintĂ©resser Ă elles et dâaider Ă les visibiliser. Ce sont des parts de cultures qui risquent de se perdre et ce serait dommage. Mon parcours a toujours Ă©tĂ© liĂ© Ă la langue française mais cela ne mâempĂȘche pas de faire de la sociolinguistique en Bulgarie. Les dialectes nâont pas de prestige dans mon pays ; ce nâest pas comme en France oĂč les langues rĂ©gionales font partie du patrimoine de la RĂ©publique. Chez nous, on se moque surtout de quelquâun qui parle un dialecte. Quels ont Ă©tĂ© et quels sont vos champs de recherches principaux ? Depuis trois ans, je mâintĂ©resse aux langues crĂ©oles. Câest liĂ©, bien sĂ»r, Ă mon attrait pour les langues minoritaires, mais aussi Ă lâAfrique : nous avons mis en place pour la premiĂšre fois en Bulgarie une Licence consacrĂ©e Ă lâAfrique avec lâapprentissage de trois langues trĂšs prĂ©sentes en Afrique (deux au choix parmi lâanglais, le français et le portugais). On propose Ă©galement aux Ă©tudiants quelques cours de langues africaines comme le wolof ou le swahili. Ils ont Ă©galement un cours sur les crĂ©oles car câest lĂ oĂč langues africaines et langues des colonisateurs ont Ă©tĂ© tellement en contact quâelles ont donnĂ© naissance Ă de nouvelles formes linguistiques. Je mâintĂ©resse actuellement aux « parlers jeunes » mais je suis encore dans une pĂ©riode prĂ©paratoire. Ce qui ressort de mes recherches pour le moment est quâil y a beaucoup de controverses sur le statut de ce que lâon appelle le « parler jeune », au niveau de lâappellation notamment. Câest un domaine qui commence Ă se constituer au niveau de la sociolinguistique. Certains chercheurs disent que câest un discours politique et non une rĂ©alitĂ© en termes de pratiques langagiĂšres ; mais câest Ă voir, ce sont encore des questions que nous nous posons. Avez-vous quelque chose Ă ajouter ? Je souhaite remercier les collĂšgues du Master FABLI ; ça mâa fait trĂšs plaisir de venir ici et de dĂ©couvrir les lieux. Merci pour cet entretien ! Câest moi qui vous remercie.
- Trois petits chats
Ăcrire une microfiction Ă partir du tableau de David Hockney Le Parc des Sources, 1970. (consigne de Mme Milena MikhaĂŻlova) Soleil Ă©tait assise lĂ , autrefois. Elle aimait cette aube qui pointait le bout de son nez, cette lumiĂšre qui rĂ©chauffait son pelage et cet air frais quâelle humait. Elle Ă©tait Ă lâaube ce que le fer Ă©tait pour un aimant ; lâeuphorie nocturne de courir aprĂšs la souris et dâabuser dâun dangereux lait nâĂ©tant jamais suffisantes pour quâelle manque un tel spectacle. Tout Ă©tait parfait⊠ou presque. Pourquoi apprĂ©cier ce cadeau, si ça devait ĂȘtre sans ses fidĂšles compagnons ? Souvent, MystĂšre et Neige Ă©taient trop assommĂ©s par ces mĂȘmes ivresses pour le partager avec elle. Mais parfois, seulement parfois, trois petits chats se rĂ©unissaient devant lâaube... et Soleil ne pouvait ĂȘtre plus comblĂ©e. Pendant un temps, MystĂšre et Neige crurent ne jamais guĂ©rir. Leurs cĆurs enflĂšrent de cette douleur et de cet horrible sentiment de ne pas avoir assez profitĂ© de leur amie disparue. Dâavoir une culpabilitĂ©, et dâen ĂȘtre les responsables. Bien sĂ»r, trop dur dâaccepter la vĂ©ritĂ© ; plus facile de sâaccuser... alors ils se feulĂšrent dessus. Encore. Et encore. Et encore. Tant quâils purent. JusquâĂ ce que, aprĂšs la grisaille et les larmes de la nuit, ils se murent dans le silence. Pour MystĂšre, lâaube imminente nâest que synonyme dâune triste journĂ©e. Il ne sâattend pas Ă trouver Neige dans ce jardin, les pupilles perdues vers lâhorizon. Il se surprend mĂȘme Ă sâasseoir prĂšs dâelle. Un long moment passe, sans un mot ; Neige Ă©clate en sanglots, sans un mot ; MystĂšre lâattire contre lui, sans un mot. Ils pleurent. Se comprennent enfin. Des trois petits chats ils ne sont plus que deux, lorsquâun rayon de soleil leur sourit au travers des nuages.
- Shall We Dance ?
Quand nos voix se seront tues Quand le silence aura vĂ©cu Shall We Dance? Quand notre mĂ©moire flanchera Les souvenirs tombĂ©s au bout des bras Shall We Dance? Quand notre alter ego nous quittera Quand la premiĂšre bombe atomique explosera Shall We Dance? Quand lâAube sera Nuit Les yeux noyĂ©s par la MĂ©lancolie Shall We Dance? Quand la maladie aura notre peau RongĂ© et notre cĆur et nos os Shall We Dance? Shall We Dance? Petits pantins de chair dĂ©saccordĂ©s Sur la musique effrĂ©nĂ©e Dâun disque rayĂ© Qui tourne en boucle dĂ©sormais Les bras et jambes complĂštement dĂ©sarticulĂ©s Shall We Dance? Shall We Dance? Shall We Dance? Quand nos corps seront nus Quand nos bouches auront trop bu Shall We Dance? Quand lâAmour vacillera Et aura dĂ©finitivement froissĂ© les draps Shall We Dance? Quand la guerre nous rattrapera Quand la Faucheuse sinistre frappera par trois fois Shall We Dance? Quand lâAurore se sera enfuie Sur les plaines dâUkraine et de Russie Shall We Dance? Quand la vie brisera nos idĂ©aux Notre libertĂ© enchaĂźnĂ©e comme un fardeau Shall We Dance? Shall We Dance? Petits pantins de chair dĂ©saccordĂ©s Sur la musique effrĂ©nĂ©e Dâun disque rayĂ© Qui tourne en boucle dĂ©sormais Les bras et jambes complĂštement dĂ©sarticulĂ©s Shall We Dance? Shall We Dance? Shall We Dance? CrĂ©dits : La Danse par Henri Matisse (1910), huile sur toile, 260 cm x 391 cm, MusĂ©e de lâHermitage, Saint-PĂ©tersbourg (Russie)
- Jeanne
Ăcrire une microfiction Ă partir de la chanson Le Soleil et la Lune (version live) de Charles Trenet. (consigne de Mme Milena MikhaĂŻlova) Elle sâappelle Jeanne. Son rouge Ă lĂšvres dâun brun profond sâaccorde Ă la perfection avec ses yeux et cheveux de la mĂȘme teinte. Elle sourit Ă pleines dents. Dents du bonheur, dents de la chance, câest selon. De son septum pend une Ă©toile argentĂ©e qui tombe au centre de son philtrum. Une fantaisie quâelle sâest offerte Ă ses dix-huit ans me dira-t-elle plus tard. « Elle paraĂźt si solaire et enjouĂ©e. » Câest la premiĂšre chose que je me suis dite en voyant cette photo sur son profil Spicy. On a matchĂ©. Je lui parle de maths, de ma passion pour les problĂšmes irrĂ©solus, comme la conjecture de Syracuse : pourquoi ce cycle trivial ? Et pourquoi ternaire ? Les solutions incalculables de certaines Ă©quations du second degrĂ© et ce quâelles disent de nos capacitĂ©s dâimagination limitĂ©es, le mystĂšre des nombres de Lychrel qui ne pourraient pas former de nombres palindromes sans quâon nâait jamais prouvĂ© leur existence. Et elle me parle de littĂ©rature. De son admiration pour la poĂ©sie de Marceline Desbordes-Valmore, dâAnna de Noailles mais surtout de RenĂ©e Vivien quâelle affectionne tout particuliĂšrement pour ses descriptions passionnĂ©es et florales. Elle me dit quâelle aime « saisir lâĂ©motion et lâinstant pour les figer dans un ballet lettrĂ© ». Elle mâenvoie parfois des captures de ces danses : Demi-Lune cherche demi-Lune Pour se complĂ©ter, ne faire quâune Briller ensemble dâune flamme bĂ©nie CratĂšres contre cratĂšres, lâinterdit La nuit, le froid et le feu, Certains croient que ce nâest quâun jeu⊠* * * Ce soir, câest notre premier rendez-vous. Nous devons nous retrouver au Lotta, lâun des restaurants les plus connus de la ville, Ă vingt heures. JâhĂ©site sur le choix de ma tenue : devrais-je mettre une valeur sĂ»re, du noir peut-ĂȘtre ? Non, câest trop classique, je veux ĂȘtre originale pour elle. Du violet, sa couleur prĂ©fĂ©rĂ©e. Jâai justement un beau blazer de cette teinte ; jâenfile une jupe et des talons, relĂšve mes cheveux en un chignon approximatif. Je ne mets pas de rouge Ă lĂšvres, il ne vaut mieux pas, si lâon sâembrasse⊠âŠun jeu lunaire et enfantin Mais moi je sais quâil nâen est rien Parce que ce sont elles qui mâappellent Ces demi-Lunes aux fragrances nouvelles Leurs rondeurs imparfaitement libres Qui auraient pu faire dresser mon chibre. Je souris en me remĂ©morant ses quelques vers. Quelle audace quand mĂȘme ! Bzzz bzzz. Quelquâun appelle. Jeanne a eu un accident de voiture. Elle ne viendra pas ce soir. Elle vient de mourir. JâŠJeaâŠJeanneâŠ
- ĂhĂł comme un Ă©cho
ĂhĂł rĂ©sonne en moi comme un Ă©cho Ă la fois lointain mais si proche. Je me lĂšve le lendemain matin de la lecture Ă la fois vivante et vibrante du fantastique chant dâadieu ĂhĂł Ă Vicq-sur-Breuilh rendue ce jeudi 17 mars Ă 19h00 dans le cadre des ZĂ©brures de Printemps, et je revois le visage plein de vie de Kouam Tawa. Il me fait face et me rĂ©pĂšte inlassablement les mĂȘmes mots :ĂhĂł ! ĂhĂł ! Ou plutĂŽt il me les chuchote Ă lâoreille. Je lui fais ĂhĂł moi aussi en retour, mais de loin, en lui faisant un bref signe de la main. Sur le rivage dâun bien mauvais rĂȘve. Distanciation sociale oblige. Ă mi-chemin entre rĂȘve et rĂ©alitĂ©, je plisse les yeux un bref instant puis je les rouvre, il nâest plus lĂ . Comme un Djinn sorti tout droit dâun conte Ă©trange, il a disparu. Ou plutĂŽt câest moi qui ne suis plus lĂ puisque je suis rentrĂ© chez moi, et puisque toute bonne chose a une fin. Je paye mon Ă©cot Ă tout ça, Ă tous ces ancĂȘtres blancs esclavagistes que jâai probablement eus longtemps avant moi et qui se sont fait de lâargent sur le dos de pauvres gens. Ou bien sans doute Ă©taient-ce eux aussi des hommes rĂ©duits en esclavage ? Qui sait. Seulement parfois, ma couleur de peau me donne des nausĂ©es et je paie sans doute pour tous les autres. Ă me sentir coupable dâun crime que je nâai pas moi-mĂȘme commis. ĂhĂł le monde dâavant, ĂhĂł lâami ! Quoi de plus bel hommage que dâĂ©crire un texte en lâhonneur de celui-ci. HĂ©las parti trop tĂŽt et emportĂ© lâĂ©tĂ© dernier par une maladie invisible rendue paradoxalement trop visible par des masques dĂ©nuĂ©s de toute humanitĂ©. Larvatus prodeo mais piano ! Piano ! Car qui va doucement va sĂ»rement. ĂhĂł le chant du coq au petit matin. ĂhĂł la musique lancinante qui accompagne la parole et les mĂ©lopĂ©es qui crĂ©pitent et sâenvolent en particules de fumĂ©e au-dessus du feu. Il ne faisait pas chaud il est vrai mais au moins nous nous tenions chauds, serrĂ©s les uns contre les autres. Ăpaules contre Ă©paules. Ă hauteur dâhomme. Nous Ă©tions en communion et tout ouĂŻe devant la lecture passionnĂ©e et passionnante de lâauteur camerounais Kouam Tawa, invitĂ© spĂ©cialement pour lâoccasion et accompagnĂ© par Mangane avec quelques instruments du pays (ndlr le Cameroun). Pour sublimer le texte par ses notes, espacer et meubler les silences. Quand les mots ne veulent plus rien dire et sont dĂ©possĂ©dĂ©s de leur rĂ©alitĂ© propre. Une trĂšs jolie soirĂ©e en vĂ©ritĂ© au coin dâun feu qui nous rĂ©chauffait un peu moins que les paroles chaleureuses dâun adieu. Avec ses notes dâhumour et dâespoir. Un bel hommage rendu Ă lâAfrique tout entiĂšre et un bel ĂhĂł multiple au pays, Ă une histoire commune, Ă lâami. Mais plus que tout une ode Ă la vie, car aprĂšs tout, que nous reste-t-il sinon des pleurs, des souvenirs et des sourires de notre passage ici, sur cette terre nourriciĂšre, et notre devoir dâhonorer les morts ? Afin quâils survivent malgrĂ© tout et malgrĂ© nous. Un beau texte tout en retenue et en pudeur. Avec de lâhumour Ă©galement, pour repousser un peu plus le moment de nous dire ĂhĂł mutuellement. ĂhĂł le frĂšre tombĂ©, ĂhĂł lâami envolĂ©. ĂhĂł lâAfrique et son histoire agitĂ©e, ĂhĂł le pays, ĂhĂł la vie, ĂhĂł la nuit ! Et mille fois merci Monsieur Tawa pour ce trĂšs beau texte et votre prestation qui Ă©taient somme toute au diapason. Mis en musique et sublimĂ©s par les notes aiguĂ«s et cristallines de Mangane. Comme un cri dĂ©chirant dans la nuit froide. La salle Ă©tait comblĂ©e, et les spectateurs venus en grand nombre sont passĂ©s par toutes les Ă©motions. Nous nous sommes tous retrouvĂ©s ensuite autour dâun buffet dans une autre aile du chĂąteau, un peu moins soumise aux courants dâair et aux alĂ©as du vent. Jâai pu Ă©changer quelques mots avec vous. Et puis vint le moment fatidique de nous dire ĂhĂł mutuellement. Je suis rentrĂ© chez moi, des images plein les yeux, et des sonoritĂ©s plein la tĂȘte. La nuit venue, jâai dormi dâune seule traite, une nuit blanche sans rĂȘve, et au rĂ©veil encore ces ĂhĂł obsĂ©dants qui rĂ©sonnaient dans ma tĂȘte comme un Ă©cho, et bien entendu votre visage bienveillant. Ce texte est pour vous M. Kouam Tawa. Merci Ă vous pour cette magnifique prestation ! Ainsi quâaux organisateurs de cette rencontre des ZĂ©brures de Printemps sans qui cette belle rencontre nâaurait pu ĂȘtre possible. XK (Limoges, le 21.03.22) CrĂ©dits : image tirĂ©e du site tourisme de Haute Vienne