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  • Le roi de Vespera (2/7)

    Acte II, scène 1 : 8 ans plus tard… Un apprentissage royal. Une nouvelle journée allait bientôt commencer à Vespera. C’était encore le crépuscule mais un jeune garçon était déjà debout sur le Rocher des Vampires, dans l’ombre, en train de contempler le coucher du soleil avec satisfaction. Ce garçon, c’était le jeune prince Cosmo ! Il avait huit ans à présent et avait beaucoup grandi. Ses cheveux châtains dégageaient quelques épis rebelles et ses irrésistibles yeux d’enfant étaient d’un bleu profond et empli de douceur. Il était habillé en noir et or, les couleurs royales de Vespera, et sa petite épée dorée était fermement accrochée à sa ceinture. Cosmo était aimé de tous dans le royaume, attachant à la fois par son physique et son caractère. En attendant, il regardait partout autour de lui, le visage fier, avant de courir vers le palais pour se rendre dans la chambre de son père. Cosmo (entrant dans la chambre du roi en criant) : Papa ! Papa c’est l’heure ! Papa, réveille-toi ! (Grimpant sur le lit d’Eden) Gnnn… (S’assoit sur le lit et se remet à crier) Papa ! Allez ! Papa !! Garde du roi (à voix basse) : Majesté, votre fils est réveillé. Cosmo (en écho) : Papa, papa, papa, papa, papa, papa, papa, papa !! Roi Eden (d’un ton endormi) : Jusqu’au coucher du soleil, c’est celui de sa nourrice… Cosmo : Allez viens, réveille-toi ! (Lui tire les cheveux) Gnnnnn… (Perd l’équilibre et tombe du lit) Ah ! (Se remet rapidement debout et saute de nouveau sur le lit, secouant son père jusqu’à ce qu’il ouvre un œil) Tu m’avais promis qu’on irait… ! Le jeune prince regardait son père avec une mine boudeuse et ce dernier comprit qu’il devait se lever sinon, Cosmo ne le laisserait pas en paix. Roi Eden (légèrement réveillé) : D’accord, d’accord, je viens, je viens… Cosmo (satisfait) : Youpi ! Le petit prince sortit de la chambre pendant que le roi se leva et s’habilla, aidé de ses gardes d’honneur. Quelques minutes plus tard, il sortit de la pièce et rejoignit son fils qui l’attendait non loin. Tous les deux sortirent du palais et allèrent au sommet du Rocher des Vampires où la lune s’était levée, irradiant Vespera de lumière argentée. Roi Eden : Regarde Cosmo : toute cette immensité baignée de la lumière de la lune, c’est notre royaume. Cosmo (impressionné) : Ouah… Roi Eden : Le temps que passe un roi à gouverner ressemble à la course de la lune. (Regarde son fils avec une brusque gravité) Un jour viendra, la lune éteindra sur moi sa lumière, (S’abaisse au niveau de Cosmo en le regardant tendrement) et se lèvera pour faire de toi le nouveau roi. Cosmo (ébahi) : Et alors tout ça m’appartiendra ? Roi Eden : Absolument tout. Cosmo : Tout ce qui est dans la lumière, ouah… (Se tourne soudainement vers son père, le regard perplexe) Et l’endroit qui est dans l’ombre aussi ? Roi Eden (sévère) : Notre royaume s’arrête à cette frontière, tu ne dois jamais y aller. Cosmo (surpris) : Mais moi je croyais que les rois pouvaient faire ce qu’ils voulaient… Roi Eden (plus apaisé) : Le devoir d’un monarque va au-delà de sa volonté d’agir. Cosmo : Non, c’est vrai ? Roi Eden : Oui mon fils. Le roi et le prince se mirent à faire une promenade dans le royaume tandis que le souverain de Vespera continuait d’expliquer le rôle futur que Cosmo devra exercer. Devant eux, des cerfs gambadaient en sautant. Roi Eden (désignant l’étendue de la plaine avec son épée) : Tout ce que tu vois obéit aux lois d’un équilibre délicat. En tant que roi, il te faut comprendre cet équilibre en respectant ton peuple et toutes les créatures de Vespera, de la fourmi qui rampe au cerf qui bondit. Cosmo (surpris) : Mais nous mangeons des cerfs, non ? Roi Eden (souriant à son fils) : Oui Cosmo, mais laisse-moi t’expliquer. Quand nous mourrons, nos corps se transforment en herbe et le cerf mange l’herbe. C’est comme les maillons d’une chaîne (Regarde le paysage, pensif) dans le grand cycle de la vie. Fin de scène 1. Acte II, scène 2 : Rapport matinal (Chanson : Le rapport du matin). C’est alors que la ravissante Améthyste, conseillère du roi Eden, arriva devant le souverain et son fils et leur fit la révérence, prête à leur faire son rapport de la matinée sur les animaux de Vespera, comme elle fera celui de l’après-midi sur le peuple vampire. Améthyste (arrive en volant et se pose sur un rocher) : Bonjour sire ! Roi Eden : Bonjour Améthyste ! Améthyste (s’inclinant) : Je viens vous faire mon rapport du matin ! Roi Eden : Faites ma chère. Améthyste (chantant) : Les singes font des singeries, les girafes ont le torticolis ! Les éléphants se souviennent mais de quoi, faut que ça me revienne… Les crocos qui ont les crocs me proposent une escroquerie, Pour croquer vos économies, mais je leur ai dit “Non, merci” ! Les vautours qui ont le bec fin organisent un grand festin, Tous ceux qui seront invités sont sûrs de se faire becqueter ! À ces mots, la jeune femme eut un petit rire gêné avant de reprendre la chanson : Améthyste (l’allure fière) : C’est le rapport du matin ! Tous les ragots, les potins ! Pas d’échos incertains ! Il est vrai point par point ! Le rapport du matin ! Pendant qu’elle chantait son écho matinal, Cosmo s’était mis à jouer avec une sauterelle. Au moment où Améthyste finissait le refrain, le petit prince bondit sur la sauterelle qui disparut d’un bond. Cosmo se cogna alors la tête contre une pierre, l’étourdissant un peu. Son père s’étonna de son comportement : Roi Eden : Que fais-tu mon fils ? Cosmo (légèrement dépité d’avoir raté sa proie) : J’attaque ! Roi Eden (se penche vers lui avec un sourire malicieux) : Laisse donc les experts t’enseigner la technique… Pendant qu’Améthyste continuait à chanter, elle ne se rendit pas du tout compte du jeu auquel le roi se livrait avec son fils… Roi Eden (chuchotant à Cosmo) : Allonge-toi, sur le sol… Cosmo (à quatre pattes) : Bon, je m’allonge sur le sol et après ? Roi Eden: Chhhut. Reste bien silencieux. Améthyste : Le noir redevient à la mode, Les panthères changent de robes ! Roi Eden : Avance d’un pas… Encore un… Améthyste : Les jaguars galopent, Pour manger une antilope ! Roi Eden : Et… Améthyste : Les scarabées ont le blues, De ramper toujours dans la boue ! Roi Eden : Attaque !! Cosmo (bondissant de sa cachette) : Yaaaaaah !!! Améthyste (terrifiée) : AAAH !!! Le roi éclata de rire tant ce fut comique. De plus, Cosmo avait réussi son attaque, planquant la pauvre Améthyste au sol, sur le ventre… Cependant, la jeune femme n’en était pas au bout de ses peines. En effet, Cosmo était si fier de son succès qu’il se mit à chanter également la chanson de la conseillère royale : Cosmo (reprenant le refrain de la chanson) : C’est le rapport du matin ! Tous les ragots, les potins ! Améthyste (effrayée par Cosmo) : Aaah !! Cosmo : Pas d’échos incertains ! Améthyste (encore effrayée) : Aargh !!! Cosmo : Il est vrai point par point ! Le rapport du matin ! Le petit prince, à la fin de la chanson, attrapa Améthyste par la jambe gauche alors que celle-ci tenta de fuir en volant. Finalement, Cosmo l’envoya au sol après quelques cabrioles ! L’enfant revint ensuite vers son père en bombant le torse, un sourire satisfait aux lèvres. Roi Eden (riant) : Pas mal du tout ! Hahahaha ! Une jeune vampire (apparaissant à côté de la conseillère royale) : Améthyste ! Améthyste (se relevant avec difficulté) : Oui ? Jeune vampire (au garde à vous) : Rapport des unités de l’est ! Roi Eden (s’adressant à son enfant) : Tu vois mon fils, c’est simple… Améthyste (paniquée) : Ah Majesté ! (Se redresse vers Eden et Cosmo, le visage pâle) Des sorcières sur nos terres ! À ces mots, Eden s’élança en courant mais se tourna vers sa conseillère pour lui donner un dernier ordre : Roi Eden (le ton grave) : Améthyste, ramène Cosmo au palais ! Cosmo (excité) : Oh, je peux venir avec toi ? Roi Eden (secouant négativement la tête) : Non mon fils. (Disparaît de la vue de Cosmo et d’Améthyste) Cosmo (boudeur) : C’est pas juste, j’ai jamais le droit d’aller nulle part ! Améthyste (tentant de le consoler au mieux) : Allons mon jeune maître, un jour vous serez roi ! Et vous pourrez alors chasser cette bande de bécasses, baveuses, bouchées et stupides, tout votre content ! Cosmo poussa un énorme soupir, pas convaincu. Il pourrait s’écouler un temps infini avant qu’il ne devienne roi… Mais bon, s’il peut chasser les sorcières quand il sera grand, ça ira. Le cœur un peu plus léger, il rentra au palais avec Améthyste. Fin de la scène 2. Acte II, scène 3 : Conversation troublante. Dans le petit salon du palais, Onyxia errait comme une âme en peine. Toujours aussi sombrement belle, sa rancune envers son neveu était également toujours présente en sa conscience. Elle était là, le visage boudeur, lorsque Cosmo entra dans la pièce en courant. Cosmo (d’une voix joyeuse) : Eh tante Onyxia, devine quoi ! Onyxia (avec mauvaise humeur) : Je déteste les devinettes… Cosmo (sautillant un peu) : Je vais devenir roi de Vespera ! Onyxia (d’un ton ironique que Cosmo ne perçut pas) : Ah, quelle joie… Cosmo : Papa m’a montré le royaume ! Et c’est moi qui gouvernerait tout ! (Petit rire) Onyxia (maintenant assise sur le canapé) : Moui. Pardonne-moi de ne pas trépigner de bonheur, problème de lumbago… Elle s’allongea tandis que Cosmo la rejoignit et se fit une petite place derrière sa tête. Cosmo (ses mains dans les cheveux de sa tante) : Dis tante Onyxia, quand je serai roi, toi tu deviendras quoi ? Onyxia (sarcastique) : La bouffonne du roi. Cosmo (saute du canapé en riant) : Hahaha ! Ce que tu es bizarre ! Onyxia (le regard inquiétant) : Tu n’as pas idée… (Se relève et fait quelques pas, son bâton à la main) Alors, ton père t’as montré tout le royaume dis-tu ? Cosmo (suivant sa tante) : Oh oui, d’un bout à l’autre ! Onyxia : Y compris ce qui se trouve derrière les collines de la frontière nord ? Cosmo (soudain gêné) : Euh, non… Il m’a interdit d’y aller. Onyxia (l’air grave) : Et il a ABSOLUMENT raison, c’est bien trop dangereux ! Seuls les braves osent s’y aventurer. Cosmo : Mais moi je suis brave ! Je veux savoir ? Onyxia (détournant les yeux) : Je regrette mais je dois garder le secret. Cosmo (intrigué) : Pourquoi ? Onyxia (sur un ton étrangement affectueux) : Cosmo, mon chéri, ma seule préoccupation est de protéger mon neveu préféré. Sur ces mots, la jeune femme lui caressa les cheveux, d’une façon curieusement tendre. Cosmo : Oh mais ça c’est trop facile, je suis ton seul neveu ! Onyxia (lui retirant sa main des cheveux) : Eh bien raison de plus pour être doublement attentif. Un cimetière d’éléphants ne serait pas idéal pour un prince… (Porte sa main gauche à ses lèvres comme si elle venait de dire une bêtise) Oh ! Cosmo (surexcité) : Un cimetière de QUOI !? Ouah … Onyxia (se tapant le front) : Oh suis-je bête, c’est parti tout seul… (S’examine les ongles) Enfin, je suppose que tu l’auras découvert tôt ou tard, avec ton astuce et ta finesse naturelle. (Le prend brusquement dans ses bras) Mais fais-moi plaisir, promet-moi que tu n’iras jamais visiter cet effroyable endroit, hum ? Cosmo (réfléchissant trois secondes) : Pas de problème… Onyxia (prenant un air satisfait) : Tu es un bon garçon. Allez, va t’amuser maintenant ! (Relâche Cosmo et lui fait une dernière recommandation alors qu’il s’apprête à partir) Et n’oublie pas ! C’est notre petit secret… Cosmo hoche la tête et quitte la salle tandis qu’Onyxia se rassit sur le canapé, un étrange sourire aux lèvres. Qu’allait-il donc se passer ? Fin de la scène 3. Acte II, scène 4 : Promenade enfantine (Chanson : Moi je veux super vite être roi !) Cosmo courut vers les jardins royaux car il cherchait quelqu’un avec qui s’amuser ; or, il savait à qui demander… Arrivé au jardin central, il la retrouva. Sa sœur Crystal. Comme lui, elle avait huit ans et était toujours prête à jouer et à rire. Elle était très jolie pour son âge avec ses longs cheveux blonds et ses beaux yeux bruns. Quand Cosmo s’approcha, elle était en train de boire du jus de prunalline, surveillée par sa nourrice. Cosmo : Crystal… Crystal : Oui Cosmo ? Cosmo (chuchotant) : Tu viens, on va visiter un endroit fantastique… Crystal : Une minute, tu ne vois pas que je prends mon petit-déjeuner ? Crystal se remit à boire son jus de prunalline tandis que son frère la regarda, dépité. Nourrice de Cosmo (s’adressant à son protégé) : Et il est temps que tu prennes le tien. En entendant sa voix, Cosmo tenta de fuir mais sa nourrice le rattrape par le bras, le fit asseoir sur le banc et commença à lui préparer du sang, malgré les protestations de l’enfant : Cosmo (contrarié) : Nourrice ! Nourrice, je veux pas boire du sang ! Je veux du jus de prunalline comme Crystal ! Nourrice de Cosmo (lui fourrant son verre avec un sourire malicieux) : Le sang animal rend les petits garçons robustes, Cosmo. Aurais-tu oublié ? Le jeune prince pousse un soupir exaspéré mais but le tout sans broncher. Puis, il sauta du banc en s’essuyant la bouche : Cosmo (agacé) : Voilà, c’est bon, j’ai bu ! On peut y aller ? Crystal (tout en buvant à petites gorgés) : Où est-ce qu’on va ? J’espère qu’on se déplace pas pour rien… Cosmo (chuchotant de nouveau) : Non, c’est super intéressant ! Nourrice de Cosmo : Et il se trouve où, cet endroit intéressant ? À ces mots, Cosmo sentit une sourde panique l’envahir. Il n’avait pas du tout envisagé l’idée que quelqu’un puisse lui demander où il voulait aller ! Cosmo : Oh… Euh… (Sors le premier endroit qui lui vint en tête) Tout près de l’étang ! Crystal (déçue) : Près de l’étang ? Mais il n’y a rien à voir près de l’étang ! Cosmo (dans un chuchotement agacé) : Je te le dirais après qu’on y sera ! Crystal (comprenant le sous-entendu) : Oh… (Finit son verre et se tourne vers sa nourrice) Nourrice, je peux aller jouer avec Cosmo ? Nourrice de Crystal : Qu’en penses-tu Ombréa ? Ombréa (réfléchissant) : Eh bien… Cosmo et Crystal (suppliant) : S’il te plait !! Ombréa (souriant) : D’accord les enfants. Cosmo et Crystal : Ouaaaais !!! Cependant, alors qu’ils commençaient à partir joyeusement en courant, Ombréa leur rajouta quelque chose qui allait les faire déchanter : Ombréa : À condition qu’Améthyste aille avec vous. Cosmo (tentant de protester) : Pas Améthyste ! Ombréa : C’est non négociable ! Cosmo (dépité) : Bon d’accord… Les deux enfants quittèrent le jardin, rapidement escortés par la conseillère royale. Améthyste (qui volait à travers le ciel) : Dépêchez-vous les enfants ! Plus vite on y sera et plus vite on sera rentrés. Crystal (dans un murmure) : Où est ce qu’on va en réalité ? Cosmo (murmurant également) : Dans un cimetière d’éléphants. Crystal (impressionnée) : Ouah ! Cosmo : Chut ! Améthyste… Crystal (hochant la tête) : Oui, il faut qu’on se débarrasse d’elle… Cosmo : Oui, tu as raison… Améthyste entendit les enfants chuchoter entre eux et descendit pour faire la causette : Améthyste (enthousiaste) : Oh regardez-moi ces deux-là ! La petite graine de l’amour flamboie dans l’air ! (Regard perplexe entre Cosmo et Crystal) Le roi Eden sera enchanté en apprenant vos épousailles ! Cosmo (interloqué) : Epou-quoi !? Améthyste (souriant toujours) : Épousailles ! Alliance ! Fiançailles ! Crystal (légèrement inquiète) : Euh… Ça veut dire ? Améthyste : Qu’un jour tous les deux, vous vous marierez. A ces mots, les deux enfants grimacèrent de dégoût : Cosmo (protestant de manières enfantine) : Beurk ! Mais on ne peut pas se marier, c’est ma copine ! Crystal (également gênée) : C’est vrai, ça paraîtrait bizarre… Améthyste (agacée) : Je suis navré de perturber votre programme, mes tourtereaux, mais vous n’avez pas le choix ! La tradition remonte à des générations. Cosmo (avec malice) : Eh bien quand je serai roi, je supprimerai la tradition. À ce moment-là, une petite mélodie joyeuse commença à retentir dans les airs… Améthyste (l’air fière) : Pas temps que je serai là. Cosmo (s’approchant de la jeune femme, moqueur) : Alors ça y est, t’es viré ! Améthyste (narquoise) : Bien joué, mais seul le roi peut faire ça. Crystal (s’approchant d’eux en réfléchissant) : Mais… C’est pas le futur roi ? Cosmo : Si ! Et tu vas faire tout ce que je t’ordonne ! Améthyste (se fâchant vraiment) : Ah non, non, non, pas encore ! Avec une attitude pareille, j’ai bien peur de te voir devenir un pauvre petit roi de pacotille ! Agacés, Cosmo et Crystal avaient commencé à s’éloigner mais sous le coup de la provocation, le jeune prince se retourna, prêt à en découdre ! Cosmo (avec un sourire malicieux) : Ça, ça m’étonnerait ! (Commence à chanter) Moi je vais faire un roi sensass, Sans peur et sans rival ! Améthyste (qui se relève après que Cosmo l’ait fait trébucher) : Jamais je n’avais vu monarque avec si peu de poil ! (Arrache un cheveu de Cosmo qui le fit grimacer) Cosmo (sur un arbre) : Partout je vais laisser ma griffe, Faire naître un jour nouveau ! (Grimpe sur une branche) Je vais gagner de la hauteur, En travaillant mon roooaaar ! (Fait tomber Améthyste de la branche) Améthyste (tombée dans une flaque d’eau) : Pardon si tant d’aplomb me laisse de bois ! (Tombe sur un éléphant qui, se sentant dérangé, la renvoie loin de lui) Aargh ! Cosmo (courant avec Crystal dans les eaux basses) : Moi je veux super vite être roi ! Le petit groupe arriva dans les marécages de Vespera où émergea Améthyste, la robe et les cheveux trempés : Améthyste (marchant maladroitement dans l’eau) : Petit maître, vous avez encore beaucoup de chemin à faire ! Si vous croyez… Cosmo (narquois, pendant que Crystal faisait des grimaces) : Plus jamais de “Fait-ci !” Améthyste (ne voyant pas que Crystal se moquait d’elle) : Quand je disais que je… Crystal (chantant pendant que Cosmo grimaçait à son tour) : Plus jamais de “Dis-ça !” Améthyste (face à Crystal, ne voyant pas que Cosmo la narguait) : Ce que je voulais dire, c’est que… Cosmo (l’interrompant) : Plus jamais de “Ça non !” Améthyste : Ce que vous ne comprenez pas, c’est que parfois… (Se tourne vers Crystal et la voit en train de lui faire des grimaces) Cosmo et Crystal : Plus jamais de “Hep-là !” (Se sauvent en courant) Améthyste (furieuse) : Hep-là !! (Perd l’équilibre et tombe de nouveau dans l’eau) Cosmo et Crystal (galopant sur des chevaux) : Rien à faire que de faire les fous ! Améthyste (les suit en volant, exaspérée) : Ça c’est hors de question ! Cosmo (avec un grand sourire) : Toute une vie de 400 coups ! Cosmo et Crystal traversèrent les plaines de Vespera sur leurs chevaux, bientôt rattrapé par Améthyste qui semblait vraiment en colère ! Améthyste (s’adressant à Cosmo) : Il est grand temps votre Grandeur, qu’on parle de cœur à cœur ! (Se cogne brusquement contre un rocher) Cosmo (narquois) : Le roi n’a que faire des conseils d’une vieille corneille ! Améthyste (se relevant) : Si c’est ce qui attend la royauté, moi je dis stop ! Pauvre de nous et pauvre Vespera, En trois jours, c’est le flop ! (Se remet à la poursuite des enfants) Il faut clouer le bec à ce petit-là ! Cosmo (tenant la main de sa sœur) : Moi je veux super vite être roi ! Cosmo et Crystal traversèrent les champs devant les paysans vampires qui s’étaient mis au garde à vous. Cependant, quand ce fut Améthyste qui arriva, ils tournèrent le dos à la conseillère royale et se remirent au travail. Bien qu’ulcéré par ce manque de respect, la jeune femme n’en perdit pas pour autant de vue les enfants ! Ces derniers étaient partis s’amuser dans la réserve des animaux exotiques, principalement avec les éléphants. Améthyste les cherchait partout, sans voir qu’ils avaient formé une gigantesque pyramide avec les animaux ! Cosmo (sur une girafe, se tournant à gauche) : Qu’on se tourne plein est ! Améthyste (horrifiée) : Ah non pitié ! (Se fait piétiner par les animaux) Crystal (sur une girafe, se tournant à droite) : Qu’on se tourne plein ouest ! (Piétinant de nouveau Améthyste au passage) Cosmo (sautant sur girafes) : Toujours et partout moi ! (Glissant le long d’un de leur cou) Qui domine tout le reste ! Améthyste (tente de passer entre les animaux) : Pas encore ! Chœur des paysans vampires : Que Vespera résonne de mille voix ! (Améthyste se fait attraper par des enfants qui s’amusent avec elle à ses dépends) Que hommes et femmes s’unissent dans la joie ! (Cosmo et Crystal sont lancés triomphants vers le ciel nocturne, illuminé par la lune) Qu’arrive l’heure de sacrer Cosmo roi ! Cosmo et le chœur (formant une pyramide) : Moi je veux super vite être roi ! Crystal et le chœur : Il veut super vite être roi ! Cosmo et le chœur : Moi je veux super vite… ! Crystal et le chœur : Hyper vite… ! Et à ce moment-là, la pyramide vampirique s’écroula ! Cosmo, Crystal et le choeur : Être roi ! L’un des paysans vampires tomba sur la tête d’Améthyste qui s’évanouit tandis que Cosmo et Crystal prenaient la fuite… Fin de la scène 4.

  • Dealer de mots

    Réécrire la microfiction Bienfaisante censure de Régis Jauffret. (consigne de Milena Mikhaïlova) Dis-leur deux mots ? Mais quoi ? Par quoi commencer au juste ? Par ce qu’ils veulent entendre ou par ce que je suis vraiment ? Ok c’est bon, j’y vais, vous l’aurez voulu ! Je suis un écrivain raté qui se fait de l’argent sur le dos des pauvres gens. Je vivote en marge de la société et dans les milieux underground j’ai mes entrées. Ici-bas tout le monde me connaît, pour ne pas dire, dans le quartier, j’ai mes petites habitudes ainsi que mes habitués. Je leur vends du rêve par pages entières, et le pire c’est qu’ils en redemandent. Au coin d’une rue sombre, dans un rade bondé, vous me trouverez toujours à essayer d’écouler mon fond de commerce. À vous refourguer ma mauvaise came. Je deale mes mots, par ici la monnaie ! Au fond, je suis une cash machine sans aucun scrupule ni aucune morale. Je serais même capable de vendre ma propre mère. Il n’y a qu’à lire mes histoires glauques pour vous en persuader. Je produis des histoires sordides pour mieux vous enfermer dedans, à vous en rendre accros et je prends bien soin de refermer le couvercle au-dessus de votre tête. Je voudrais tellement que vous puissiez vous noyer avec ! Au fond la littérature c’est bien plus puissant que la coke ou bien l’héro. Mais un conseil, allez-y doucement, trop de mots dans le cerveau ça finit par rendre tout ramollo ou complètement foldingo. La nuit venue je me déguise en travelo pour pas éveiller les soupçons des flics. Sur mes hauts talons perché, perruque longue, boa rose et paréo. Je déambule dans les rues en ondulant des hanches. Les voitures me klaxonnent, une vitre s’ouvre, un gros billet contre un petit sachet. Oui à vrai dire quand j’écris je fais la pute ! C’est la société de consommation qui veut ça et les fast-foods. Je ne fais rien de mal puisque je ne fais que répondre à la demande. Il faut bien l’avouer, notre monde va de plus en plus vite, un texte aussitôt lu est aussitôt dégluti. Il faut que ça aille vite, c’est comme avec le sexe. On passe alors au suivant avec cette sensation de vide à l’estomac. Comme un camé ou un alcoolo en manque. Quand je rentre chez moi j’ai la sensation du travail bien accompli. De la thune plein les fouilles et des ampoules aux pieds. À vrai dire mes textes moisis je les produis à la chaîne ou bien à la queue leu leu, pour vous dire mon esprit malade et dérangé. Plus c’est tordu et plus vous appréciez ! Alors je salis mon âme pour vous faire plaisir, je me roule dans la fange parmi les porcs et toutes les immondices de la ville, je me compromets très sérieusement. En un mot j’ai tous les vices ! Je bois, je fume, je baise, j’écris, je suis un être lubrique et irréfléchi. Je vis la nuit et dors quelques heures le jour, les mots sortent tout naturellement de moi après une bouteille de vin ou deux. Je me mets dans tous mes états, je me dérègle tout à fait complètement en me mettant à chaque fois minable pour provoquer l’inspiration, cette littérature ketchup que vous appréciez tant ! Aux chiottes les Belles-lettres, place à la prose des bas-fonds ! Plus c’est crade, plus ça parle de violence et de cul et plus c’est bancable à vos yeux. À force même, vous les avez vitreux et l’esprit libidineux. Je ne suis pas responsable des merdes que vous consommez, je me contente juste de les produire pour pouvoir en vivre, afin de ne pas crever la bouche grande ouverte dans le caniveau. Qu’y a-t-il donc de condamnable à ça ? Moi en tout cas, j’ai rien fait de mal sinon empiler des lettres les unes à la suite des autres pour former des mots, les agencer dans des phrases qui prennent aux tripes, noircir des tonnes de pages et il faut bien l’avouer, j’ai aimé ça ! Je dois sans doute être sado-maso… Écrire et suer c’est mon gagne-pain, c’est ce qu’on appelle la littérature de l’estomac. Alors dis-leur deux mots à ces messieurs les jurés-levez-vous ? Au fond moi j’en ai rien à cirer, vous pouvez bien me condamner. Me passer la corde au cou ou bien perpète ! Maintenant le mal est fait, c’est le monde du Progrès et à vrai dire moi, je n’ai aucun regret… XK (ST Flo, le 29.01.22)

  • La genèse d'un texte

    Réécrire la microfiction Bienfaisante censure de Régis Jauffret. (consigne de Milena Mikhaïlova) Quatre murs blancs, une fenêtre entrouverte, un lit défait, une table de nuit, un bureau sur lequel sont éparpillés des stylos et des feuilles vides et froissées, et une chaise en bois. L’homme circule dans la chambre, en cercle. Il s’arrête puis il tourne autour de lui, la tête penchée vers le sol : il veut qu’il s’encercle. Puis, il tombe évanoui sur sa chaise. Le lit, la fenêtre et la table de nuit semblent tourner autour de lui. Il s’élève, frotte son visage et dévisage du haut du sixième étage, le vert d’un vair que porte une passante dans la rue et il la salue sans que cette dernière n’en remarque l’existence. Il se fâche ! Il déteste qu’on ne l’aperçoive pas. Il est là ! il existe malgré toi, femme ignorante et inconstante ! je parie que s’il sort dans la rue, maintenant, et qu’il parle, tout le monde va l’applaudir ! il est une légende ! une perle unique ! une incroyable créature ! une …. ! une ….. Oh le fil des idées s’est coupé pour la énième fois ! Il marche de nouveau de longen large dans la chambre étroite. Nerveux, les lèvres serrées, les narines élargies : elles respirent plus d’oxygène et n’expirent rien. Il sent telle une odeur de fumée s’exalter de sa tête. Il y a quelque chose qui brûle dedans. Au secours ! Il s’assoit de nouveau et réfléchit en pleine asphyxie puis il crie : Mais sors ! soooors de ma tête ! il poignarde la page vierge située tranquillement sur la face du bureau. Ensuite, il ouvre la fenêtre et appelle aux urgences. Personne de la foule ne l’entend car l’encombrement de la circulation assourdit ses lamentations. Inutile. Il referme la fenêtre et se recroqueville dans un coin, la tête enfoncée dans ses jambes serrées. Tic-tac, tic-tac, tic-tac, tic-tac, tic-tac (silence) ‘’Réveille-toi !’’ Il lève sa tête brusquement, car il sent qu’une voix étrange veut l’éveiller. Non, il hallucine. Retour au sommeil. Tic-tac, tic-tac, tic-tac : ‘’Hé ! je dois sortir maintenant, lève-toi vite !’’. Il relève sa tête brutalement. Cette fois-ci, il sent une chaleur le brûler. Son corps inerte commence à s’émouvoir et bouger vers le bureau. Ses doigts vibrent et il en perd le contrôle. Des forces le dominent et prennent un stylo noir et commencent à remplir le blanc de la feuille. Lui, pauvre serviteur, il observe les oscillations du stylo et lit ce qui en sort : « Je suis un écrivain dangereux, ma production est malfaisante, nocive, le poison que renferment mes livres tue les lecteurs, et durant leur brève agonie ils ont le temps de rendre leur entourage fou, infirme, incapable de joie de vivre à jamais. Une ligne suffit, la dose est déjà létale. Même si vous brûlez cette page sur le barbecue de votre jardin, vous l’aurez rejointe demain au milieu des cendres. -J’ai toujours demandé etc.

  • Cathartique

    Un moment où la souffrance a pour moi été un acte cathartique a été ma dépression que j’ai faite lorsque j’avais vingt ans. Je suis littéralement tombé dans l’alcool et l’autodestruction. En fac d’histoire sur Nantes, j’étais totalement déscolarisé, des problèmes sentimentaux et familiaux en plus à se greffer par-dessus, en un mot, j’avais vraiment plus le goût à rien. Bref la profonde déprime qui nous fait broyer du noir et plonger pour de bon dans un gouffre sans nom. J’étais alors en cité U. Elle avait pourtant un joli nom, Launay-Violette qu’elle s’appelait. Elle avait beau avoir un nom de fleur ça n’empêchait pas que j’avais vraiment envie de me foutre en l’air. Je traînais mon âme en peine dans mon neuf mètres carré triste et vide. Un petit réduit qui avait tout du boui-boui. Histoire de tenir bien au chaud le cafard qui me rongeait comme un ver puisque je me faisais l’effet d’un fruit pourri. Je lisais aussi pas mal de poésie, je crois même que c’est ce qui m’a sauvé corps et biens. J’avais acheté trois recueils bon marché vendus dix francs à l’époque pour la petite anecdote, de trois poètes qui allaient bientôt devenir mes maîtres en Poésie : Baudelaire, Rimbaud et Verlaine. Ces trois livres désormais ne me quittaient plus, ils avaient pris possession des murs blancs et de la table de chevet. Ça a eu en tout cas un effet bénéfique sur ma santé mentale. Bien sûr il a fallu du temps pour que ça fasse effet, c’était une thérapie inconsciente et de longue haleine. J’écoutais aussi pas mal de musique, je picolais pour noyer mon chagrin et moi avec. Je voulais régurgiter tout mon mal-être, je me suis alors mis à écrire tout mon malaise et à vomir tout mon soûl. De la poésie pour l’essentiel. Au début c’était juste pour le fun, mais très vite j’ai compris que ça avait un effet exutoire sur moi. Au lieu de me faire du mal, je torturais les mots dans tous les sens. Je prenais mon pied même si c’était douloureux. Le mal par le mal comme je dis toujours. C’était toujours mieux que de me tailler la peau ou me taillader les bras, oui dans un sens, j’étais véritablement à fleur de peau. J’étais renfermé sur moi-même, je ne voulais plus sortir ni voir personne. Les seules sorties que je m’autorisais c’étaient les courses à la supérette du coin pour acheter ma tise bon marché. Des bouteilles de mousseux dégueux, du muscadet à donner des aigreurs d’estomac et de la vodka à l’odeur de désinfectant que je coupais néanmoins avec du jus d’orange pour tenir à distance les ulcères. Je faisais en quelque sorte de la prévention. Et par-dessus tout ça, bien évidemment quelques glaçons… Arrivé un moment, à force de me mettre dans tous mes états et chaque jour un peu plus minable que la veille, j’ai fini par accumuler sur la table qui me tenait lieu de bureau plusieurs poèmes. J’ai commencé alors à les agencer, à les organiser entre eux, à les taper au propre, car le plus souvent je n’arrivais même pas à me relire comme si c’était quelqu’un d’autre qui les avait écrits à ma place, ou comme si une quelconque entité avait pris possession de mon corps. Pour ce faire, j’avais rapatrié sur Nantes la machine à écrire de ma mère dont elle ne se servait plus et à vrai dire ne s’était jamais véritablement servie. C’était à chaque fois le même rituel. Je me levais tard le matin ou plutôt en début d’aprèm, je partais en titubant faire les courses car il n’y avait plus rien à boire, je mangeais un bout et surtout je buvais beaucoup pour soigner ma gueule de bois. Je m’ambiançais tout seul sur de la musique rétro des années soixante qui tournait en boucle, ou bien encore du rap, je lisais de la poésie, j’écrivais jusqu’à tard dans la nuit, jusqu’à ce que je ne tienne plus debout ou que mes paupières se ferment d’elles-mêmes en prenant soin de laisser la lumière allumée derrière moi pour éloigner tous mes démons. Il fallait bien avouer qu’en plus de la dépression, l’inspiration était elle aussi au rendez-vous, ça avait quelque chose de magique ! Très vite j’ai commencé dans mon esprit à associer les deux. C’était mon mode de fonctionnement et je ne voyais pas comment écrire sans être complètement ivre ou juste après en phase descendante. Dans un de ces moments creux d’accalmie, vous savez comme lorsque l’on est pris dans l’œil du cyclone ou bien de calme avant la tempête. De fait, de fil en aiguille, l’alcool aidant et les mois passants, j’ai fini par guérir tout seul et sortir de ma longue et interminable gueule de bois, en plus de ça, cerise au kirsch sur le gâteau, j’avais pondu mon tout premier recueil de poésie que j’intitulais sobrement et en latin s’il-vous-plaît « dans sa vingtième année » (IN ANNO AETATIS SUAE XX) pour signifier la mort de son auteur : Kama Datsiottié, je simulais en quelque sorte ma propre mort ou encore celle du poète maudit comme pour laisser loin derrière moi cette mauvaise période de ma vie. Ou comme l’on brûle un personnage de paille pour mieux danser autour. Le recueil est resté enfermé à double tour pendant presque seize années dans un tiroir de mon esprit auquel j’avais volontairement jeté la clé. Puis un beau jour le déclic, je me décide à reprendre mes études sur Angers en Licence Lettres Modernes afin de me donner un violent coup de pied au cul. Je décide de reprendre ma vie en main après un divorce douloureux et les aléas du quotidien. Dans la foulée j’exhume le recueil et me décide enfin à l’envoyer à des éditeurs et à leur en parler en tâtant le terrain lors de Livres Paris en mars 2019. Le feeling passe avec Claire Garnier, la directrice des éditions Illador, je lui envoie mon manuscrit, elle est conquise. Un an plus tard je fais mon entrée en Poésie de façon officielle et officieuse avec XXI, bien que pourtant j’avais poussé la porte quelques seize années auparavant. Depuis je bois un peu moins mais j’écris toujours autant. La dépression est loin derrière moi même si parfois j’ai de sérieux coups de mou et des tonnes de doutes. Sauf que je n’attends plus qu’une chose désormais, non pas de me foutre en l’air mais bel et bien de confirmer mon entrée en Poésie par un recueil et puis par un autre. À quarante piges il est bien temps, non ?

  • Le piège à frelons

    Réécrire la microfiction No-kill de David Thomas. (consigne de Milena Mikhaïlova) Au printemps, mon père a l’habitude de fabriquer des pièges à frelons pour capturer ceux qui hantent le jardin et décapitent les abeilles sur le bord du bassin. La manipulation n’a rien de bien compliqué. Il lui suffit de sortir son couteau de sa poche pour couper une bouteille à son premier tiers. J’ai toujours dans la tête l’image du plastique vert transparent de la Badoit dont l’eau pétillante, bue dans les verres de la cuisine est remplacée par un mélange de miel et de sirop à la fraise fait maison. Une fois la mixture versée dans le fond de la bouteille, papa enfonce le goulot coupé, tête en bas, pour encastrer les deux parties du piège. À l’aide d’une ficelle bleue, il l’accroche dans le lilas qui exalte déjà un parfum dont se repaissent les insectes. Attirés par l’odeur sucrée du nectar létal, les frelons s’aventurent dans l’embouchure, s’enfoncent jusqu’à traverser le point de non-retour et s’avancent dans la substance délicieuse et collante. Une fois repus de leur repas de glucides, ils cherchent le chemin du retour sur les parois de plastique mais impossible, hélas, de reprendre la voie par laquelle ils sont entrés. Les frelons, tueurs impitoyables, se débattent en vain et meurent, les sens aiguisés et rassasiés, au fond de la bouteille. J’ai toujours eu le bec sucré. Comme les abeilles et les papillons, je poursuis l’odeur du lilas, du seringa et de la glycine et comme eux je me fais dévorer et comme les frelons, je me suis faite piéger par mon père. Papa n’a pas compris que les histoires qu’il me lisait le soir avant de m’endormir la nuit hantaient mes rêves et mon esprit la journée. Les mots sucrés des contes de fées me donnaient un avant-goût auditif des mille et une merveilles qu’il me restait à découvrir. Une fois que j’appris à lire, le piège se resserra, et se referma définitivement sur moi lorsque l’on me tendit un livre à la couverture rose bonbon. Depuis, il m’est impossible de sortir du tunnel. Une page se tourne sur une autre, un livre se referme pour s’ouvrir sur un deuxième, une étagère se remplit et appelle le début d’une pile déjà formée. Je lis sans fin les nouveautés, dévore les classiques et relis à l’infini les histoires dont je connais les moindres détails. – Descends de là-haut. Viens t’aérer. Mon père m’appelle. Je lui obéis, sors de ma chambre et dévale l’escalier pour le rejoindre dans le jardin. Mais impossible de redescendre sur la terre ferme, j’erre là-haut, dans ma tête qui se déploie dans des mondes de fiction, assise sous le lilas qui embaume le miel et que j’entends bourdonner et frémir d’ailes de frelons qui se dirigent vers leur mort.

  • Littérature, son combat.

    Réécrire la microfiction Bienfaisante censure de Régis Jauffret. (consigne de Milena Mikhaïlova) Elle ne comprenait pas : pourquoi ? Pourquoi tout le monde, que ce soit dans son entourage proche ou lointain, semblait considérer la littérature comme passéiste, voire dangereuse ? Que pouvait-il y avoir de si dangereux ou de nocif dans les romans et autres merveilles littéraires ? Après tout, elle était elle-même une lectrice acharnée et jamais le contenu d’un livre ne l’avait encore tué. D’ailleurs, elle s’était secrètement choisi son futur pseudonyme d’autrice : Armande. Un nom ancien qui résonnait de façon agréable à ses oreilles. Dans ce genre de situation, elle ne laissait jamais rien au hasard, surtout en ce qui concernait ses écrits secrets. Cela faisait un moment qu’Armande écrivait, plus encore qu’elle lisait. Depuis… toujours en fait, une seule ligne de roman suffisait à la captiver, à la plonger dans des univers inconnus et excitants. C’était comme s’il existait deux sortes de mondes : celui de la réalité, gris et morne ; et celui des rêves, joyeux et optimiste. De ce fait, la bibliothèque de sa chambre avait une dimension impressionnante, mangeant une partie de la pièce. Et si jamais ses parents avaient songé à supprimer ses précieux trésors dans le feu de cheminée de la maison, nul doute qu’ils auraient également fini parmi les cendres d’une manière que seule Armande pouvait imaginer… Cela faisait quelques années qu’elle s’était décidée pour son credo : la littérature serait son arme, les livres ses innombrables boucliers ! Des boucliers qu’elle n’avait aucun mal à trouver partout autour d’elle, en dépit des reproches quotidiens : dans les librairies bien sûr, mais aussi les bibliothèques, les maisons de la presse des aéroports et des gares et même les épiceries des stations-service ! Non, jamais le rayon littéraire n’échappait à l’œil acéré d’Armande, où qu’elle aille. Pendant longtemps, elle s’était interrogée sur le pourquoi de toutes ces critiques injustifiées. Maintenant, elle pensait avoir la réponse : les gens étaient en fait trop conservateurs, enfermés dans une culture démodée et arriérée, les poussant à refuser de se trahir en parcourant des ouvrages qui pourraient détruire tout ce en quoi ils croyaient. Pas étonnant que les parents d’Armande et ses amis lui paraissent si mous et lents… Elle, au moins, était vive et passionnée, autant par la vie que par le décryptage des lignes d’ouvrages en tout poil. Cependant, il ne fallait pas croire qu’Armande méprisait ceux qui ne partageaient pas sa passion pour les lettres : en fait, elle avait plutôt pitié d’eux avec une juste sensibilité. Après tout, il n’y avait rien de mal à être victime d’un amour aussi fort que le sien, dans un domaine de l’art si sensitif. Si on était victime de ce qu’elle appelait le “cupidon littéraire”, ce n’était pas par imprudence, insouciance, vantardise ou aveuglement : on tombait amoureux de la littérature parce qu’on le voulait. Mieux : pour certains, on était destiné à aimer les mots, à avoir le courage d’essayer de les marier entre eux, comme le ferait le héros dans ses plus intenses moments de combat contre ses ennemis. Mais bon sang, pourquoi devrait-elle se soucier autant de ce que pensaient les gens sur ses goûts ?! Après tout, elle avait toujours été plutôt solitaire, une embusquée occupée à nourrir son imaginaire pour ses écrits. Une jolie fille aussi : des yeux de biche, un petit nez droit et malicieux, un doux sourire empreint de mystère… et le tout pourtant capable d’imaginer les plus terrifiantes nouvelles à suspense, n’épargnant pas le lecteur de détails souvent macabres. Néanmoins, la peur ou la tristesse n’avaient jamais été les sentiments guidant la main d’Armande quand elle écrivait. Non, c’était plutôt la joie qui l’animait dans ces moments-là : joie aveugle de coucher sur le papier ou l’ordinateur toutes ses pensées et ses fantasmes, telles des bombes susceptibles d’éveiller des âmes endormies, voire de les choquer. De toute façon, qui pouvait se croire à l’abri de la littérature ? Il fallait être idiot pour croire ça. Dans ses grands moments d’inspiration, Armande se trouvait toujours dans un état qu’elle appelait la “fièvre de l’écriture” : l’envie de transcrire lui montait alors à la tête et la laissait sans répit, s’insinuant dans toutes ses pensées. Elle devait écrire, elle n’avait pas le choix : c’était une pulsion urgente, aussi vitale que l’oxygène lui permettant de respirer. Lorsqu’elle se réveillait chaque matin, sa première pensée du jour allait toujours pour l’écriture. Avec un tel amour en elle, il n’y avait plus à en douter : un jour, elle serait une grande autrice romanesque populaire. Et quand Armande avait une pensée en tête, nul ne pouvait l’arrêter. Car la littérature, c’était le combat de sa vie.

  • L'éternel obscur

    Écrire une microfiction à partir du poème Le Dormeur du Val d’Arthur Rimbaud, 1888. (consigne de Mme Milena Mikhaïlova) – Hola ! y ‘a-t-il quelqu’un ici ? L’obscurité s’étend devant les yeux du jeune homme. Il ne sait où il est ni qui l’a conduit à cet endroit mystérieux, où les sons du hiboux montent à travers les branches croisées des arbres nus. De ses doigts tremblants, il touche un trou dans le ventre qui saigne du sang noir mais il ne ressent rien, la moindre douleur ne dérange pas son corps mouillé de sueur de la tête aux pieds. Son cœur bat alors la chamade, c’est illogique ce qui se passe, comment un trou horrible ne lui inflige-t-il pas une douleur ? Pourquoi ne ressent-il rien ? Le jaillissement du sang qui s’écoule du ventre troué tel un fleuve l’évanouit. Il tombe par terre. Il veut sentir la douleur, il le doit ! La sentir, sinon il tombera fou. Il empoignarde le trou avec tout ce qu’il a de force. Point de douleur. Que se passe-t-il ? – Es-tu fou ? Mais pourquoi te frappes-tu le ventre et cherches-tu une douleur que tu n’atteindras plus ? – Qui est là ? – Un ami, je suis tombé ici il y a un quart de siècle. – Un quart de siècle ? De qui vient cette voix qui me parle dans l’obscurité aveuglante ? Suis-je devenu fou ? Oui, certainement que je le suis. Je ne me rappelle pas ce qui m’est venu ni ce qui a causé ce trou horrible que je touche. Mon corps se vide de son sang à une vitesse incroyable tandis que ma tête est toujours là. Je dois être évanoui. Je dois avoir perdu conscience depuis longtemps mais ça ne se passe pas ! Mais pourquoi suis-je encore vivant ? L’homme parle comme si la voix masculine qui lui a parlé tout à l’heure n’existait pas mais celle-ci revient et répond à sa question : – Tu es mort, jeune homme, ton corps est mort voilà pourquoi tu ne ressens pas la douleur mais ton âme rejoint le ciel depuis l’aube. Bienvenue dans ton nouveau monde – Quoi ? Qui êtes-vous ? Dios mio – Je suis Paolo, un soldat fasciste, mort depuis l’avènement de la seconde guerre mondiale, je suis mort suite à un bombardement des forces nazies et depuis, j’attends qu’un ami me rejoigne. Maintenant, c’est ton rôle de te présenter, je peux te tutoyer, nous ne comptons plus dans la vie des hommes trop rigides et cintrés dans leurs costumes étouffants donc abandonnons nos étiquettes insensées et soyons simples dans notre démarche. Un flash-back bref fait remonter Franco au temps passé, il se rappelle avoir été dans un terrain de guerre et avoir lutté contre une armée ennemie. Il pleure sur son sort pendant quelques moments puis il répond en bégayant : – Moi, je suis Franco, un soldat espagnol en service du système franquiste. – Ah ! Malheureux que nous sommes. – Pourquoi ? – Tous deux nous étions des pions dans la main des dictateurs qui font la guerre à leurs peuples pour satisfaire leur ego et, nous, soldats naïfs qui croyions défendre la patrie, nous ne faisions que tuer nos frères et nos sœurs tels des bêtes. Jeune homme, toi, peut-être à cause de ton jeune âge tu ne comprends pas le fonctionnement du système et tu es devenu soldat au service d’un tyran sans le connaitre. Mais moi, j’ai cru que mon âge et mon expérience militaire me préserveraient de tomber dans l’erreur. J’ai cru être sage et lucide durant toute ma vie mais ce n’est qu’après ma mort que j’ai compris que j’ai commis des torts impardonnables, envers ma personne et envers l’humanité. – Mais pourquoi l’obscurité nous entoure-t-elle et pourquoi sommes-nous incapables de nous voir ? – Nous ne voyons pas mais nous nous entendons et nous nous connaissons très bien car nous sommes deux mais à la fois un : nous défendons les mêmes valeurs et les mêmes principes qui nous amènent à tirer aux innocents en faveur de la dictature ce qui nous fait vivre dans la vie ainsi que dans la mort, dans l’éternelle obscurité !

  • Instinct maternel

    Réécrire la microfiction Bienfaisante censure de Régis Jauffret. (consigne de Milena Mikhaïlova) C’est un enfant très sage, très calme. Il s’occupe tout seul pendant des heures, enfermé dans sa chambre ou dans son coin. C’est à peine si l’on entend les pages de son livre se détacher d’un bord pour s’amarrer à l’autre ou le grésillement des mines de graphite qui se frottent contre le papier. Il parle peu, n’est bavard que dans ses cahiers à spirales. Je peux l’emmener partout avec moi, faire des courses ou en visite à des amies, comme maintenant avec toi. Et comme maintenant, il me suit sans caprice, un carnet et un crayon qui passent de sa poche à ses mains et pendant ce temps, je sais que je n’ai pas besoin de le surveiller de près. C’est vrai qu’il n’est pas comme les autres enfants si turbulents qui hurlent, pleurent, jouent, courent et reviennent plein de boue, perdent leurs joujoux et s’écorchent les genoux sur des cailloux. Il est à part et à l’écart, de la timidité à n’en pas douter. Il ne s’aventure pas à parler à ses camarades, peut-être pour le mieux, et ceux-là le laissent tranquille dans sa bulle de coton. Non, décidément, il ne leur ressemble en rien. Parfois il a de drôles d’idées, décide de brûler du papier ou d’observer une araignée tisser sa toile, rien de bien méchant. Il s’amuse d’un rien mais sans rire comme s’il avait peur d’étirer ses lèvres. Sans pleurer non plus, vraiment très sage mon petit. Il a un don certain pour les mots. L’autre jour, il est revenu avec Baudelaire et Michaux dans le cerveau et a appelé leurs recueils des cercueils de maux. Je ne sais où il trouve ces inventions. Son goût pour les poètes maudits, ce n’est pas de moi qu’il le tient. Je sais à peine de quoi retourne sa poésie ; les Fleurs du Mal ne m’intéresse pas. Je me demande à quoi tout cela lui servira. Quel avenir existe-t-il pour un écrivaillon talentueux ou non ? Il lui faut un vrai métier, de quoi gagner dignement sa vie. J’aimerais qu’il s’oriente dans la chimie comme son père, ou bien qu’il s’engage dans l’armée pour défendre son pays. Enfin, si cela fait le bonheur de quelques lecteurs… Tu veux vraiment le lire ? Mon chéri, viens ici. Dis-nous, qu’est-ce que tu écris ? – Du poison, maman.

  • Évènement Petit Prix Littéraire FABLI

    Étudiantes, étudiants ! Vous êtes invités à dégainer vos crayons et vos claviers pour participer au concours d'écriture, le Petit Prix Littéraire, que les M2 FABLI lancent pour la toute première fois ! Vous pouvez retrouver toutes les informations nécessaires dans le document ci-dessous : Vous avez jusqu'au 1er avril 2022, bonne chance à tous ;)

  • « Je pratique le no-kill, enfin ! »

    Réécrire la microfiction No-kill de David Thomas. (consigne de Milena Mikhaïlova) Le Docteur C. est un homme de sciences, pragmatique. Les choses vont ou ne vont pas mais l’entre-deux n’existe pas. Le Docteur C. a la morale solide, il sait mieux que ses patients ce qui est bon ou pas pour eux, et c’est bien normal puisque le Docteur C. a fait neuf ans d’études et porte une blouse blanche, attribut renforçant son autorité, sa supériorité. Le Docteur C. n’aime pas les faibles. Parce qu’il ne faut pas se le cacher, quand dans la tête ça dégringole, c’est bien que vous manquez de ressources. C’est bien que vous avez besoin de lui, du Docteur C. Le Docteur C. s’estime. Il se trouve très courageux et altruiste de s’occuper de ces quelques fous dont les problèmes sont invisibles. Il ne fait pas ça pour l’argent, non, ni pour le statut que son métier lui procure, non. Il ne fait pas ça pour payer la femme de ménage, la piscine creusée, la salle de cinéma, les vacances aux îles, les études à Harvard de ses deux fils, sa nouvelle voiture, ses nouvelles chaussures en cuir de veau et le sac Vuitton en peau de crocodile offert à sa femme la semaine dernière. Il ne fait pas ça pour parler de lui et de sa bonté à tous les dîners mondains auxquels il participe, ni pour être admiré dès qu’il prononce le nom de sa profession, « psychiatre ». Non. Quelle idée. Le Docteur C. ne se déplace jamais sans ses groupies les infirmières. Leurs blouses restent les mêmes, mais elles ne les portent peut-être pas avec autant de charisme ou d’aplomb. Pas avec autant de virilité. Le Docteur C. le sait. Il sait que, comme tout le monde, elles le respectent et lui cèdent la parole dès qu’il entrouvre les lèvres. Des lèvres créées pour proférer le beau verbe, le verbe juste, le verbe du Docteur C. Il sait qu’elles respectent et admirent chacun de ses gestes et chacune de ses idées. Qu’elles ne broncheront en aucun cas si, sait-on jamais, le Docteur C. en venait à prononcer des paroles déplacées. Et un jour, voilà que vous venez consulter le Docteur C. Vous alliez bien mais vous venez de rechuter. Vous avez très peur parce que vous ne pourriez pas survivre à une nouvelle descente aux Enfers. Vous ne savez pas vers qui vous tourner donc vous vous tournez, bien évidemment, vers le Docteur C. Vous lui dîtes en vos termes qu’il ne vous est plus possible de vivre. Que vous avez trop souffert, que vous souffrez trop et que votre seule volonté est de décéder. Ce à quoi le Docteur C. vous répond, en homme responsable et compétent : - Mais enfin, vous rendez-vous compte de votre égoïsme ? Avez-vous pensé à vos proches ? Vous n’avez pas le droit de venir à moi et de me demander de mourir, je suis médecin, enfin, je sauve des vies ! Je pratique le no-kill, enfin !

  • Fidéli... quoi ?

    Réécrire Bienfaisante censure de Régis Jauffret. (consigne de Milena Mikhaïlova) – Les écrivains ratés, les poètes maudits... moi, ils me sortent par les yeux. Ils sont là, à se lamenter, avec une fontaine à la place des yeux, convaincus que le mal se niche partout dans leurs mots. Ils crachent leur venin sur des créations dont ils étaient jadis fiers de l’idée. Ils auraient pu croire en leur travail, choisir de faire entrer l’avis de crapules par une oreille et de les laisser sortir par l’autre. Ils auraient pu persévérer. Mais non ; ils ont préféré cette route vénéneuse sur laquelle on ne croise que des corps aigris, des désillusions qui ne sont plus que l’ombre d’elles-mêmes. Alors allez-y, brûlez donc vos huit mille sept cent soixante heures de besogne, si ça vous chante ! Vous vous fourrez le doigt dans l’œil si vous pensez que la fumée s’envolera et ne vous collera jamais à la peau… Parce qu’on ne se débarrasse pas de la Littérature d’un claquement de doigts. Une fois que vous vous engagez, bons ou mauvais manieurs de langue, vous lui dites “oui”, jusqu’à ce que la mort vous sépare. Lui promettre fidélité signifie accepter les hauts et les bas, lutter contre la maladie, à ses côtés. Et cela n’a rien à voir avec le courage ou l’héroïsme ; lorsque la littérature vous demande d’affronter le fléau de la page blanche, du doute sur la beauté des mots, des thèmes et des trames, elle exige que vous vous battiez pour elle. Parce que vous l’avez déjà laissée tomber… Ce sont ses propres pièges qu’elle désire que vous détruisiez, mais elle ne fait que vous tester : vous et votre fidélité. Elle vous semble cruelle ? Sans pitié ? Vous croyez que ça lui fait plaisir, que ça la fait rire, de voir ses soldats adorés exploser sous ses yeux ? Eh bien elle vous a bien bernés. Et vous êtes totalement, farouchement, hardiment tombés dans le panneau. Comme des cons. Je me souviens : hier encore, vous criiez sur tous les toits que jamais, au grand jamais, vous ne coucheriez mot sur le papier si le chagrin embuait votre vue. Eh bien, c’est chose faite, maintenant : l'encre du document au grand D bave et son papier gondole. – Une petite signature ?

  • Et si ?

    ET SI ? Certaines rencontres initialement n’engagent à rien. Quel est le risque, lorsqu’il ne s’agit que de quelques minutes volatilisées au sablier, le temps d’un clignement du regard, d’une conversation échangée ? Pour quelles raisons y renoncer lorsque les courbes de demain sont incertaines ? Intracées ? « Et si ». On se dit que si on reste là, sur ce siège, à converser autant qu’à écouter, c’est que quelque chose a inconsciemment fait tilt, une volonté aussi sournoise que curieuse de voir quel chemin nous sommes sur le point d’emprunter. Vertueux de l’incertitude, on s’y engage, on partage. On plane au rythme tortueux des paroles qu’on boit de l’autre jusqu’à se rendre compte qu’aucun breuvage comme celui-ci ne peut vous étancher. « Et si ». La soif de l’aventure, du goût du risque aggravé par l’envie soudaine de respirer, d’apprendre à aimer, à donner. On se répète « et si », comme un mantra, le contrat d’une nuit, d’une soirée. Après tout, que peut-il m’arriver ? « Et si ». La balade immobile de deux essences qui se découvrent, se livrent, avancent sans se rendre compte que le risque envisagé a été transgressé et que parfois, il est trop tard pour reculer. On en veut plus, donne-moi un morceau de ton cœur. Et on est là, les mains tendues avec cette avidité incontrôlée de cet inconnu aguichant et pour la première fois depuis longtemps on trouve le dangereux : attirant. « Et si ». Oh non, ne pars pas. Laisse-moi encore en apprendre plus sur toi. Laisse-moi te faire découvrir les méandres de mon passé, les ruines de mon présent et les fondations de mon futur. Tu veux ? Alors partons, viens, la nuit n’est pas terminée, dansons puis partons refaire le monde. Après tout, demain n’engage à rien. “What if I would love you till the end ?/ You would never be alone again.” 20.11.2020

  • Le roi de Vespera (1/7)

    Intrigue : Dans le monde de Vespera, contrée peuplée de vampires, les nobles et les paysans se réunissent pour fêter la naissance du prince Cosmo, fils du roi Eden. Tous sauf Onyxia, sœur du roi, pour qui la venue de cet héritier ruine ses espoirs d’accéder un jour au trône. Bien décidée à parvenir à ses fins, Onyxia collabore avec les sorcières, ennemies du royaume, pour se débarrasser de son frère et de son neveu. Mais c’est sans compter sur le courage et l’intelligence de Cosmo qui, faisant finalement face à son destin, vaincra sa tante et deviendra un roi aussi sage et courageux que son père avant lui… Personnages : Cosmo : Personnage principal de l’histoire, fils adoptif du roi Eden. Perdant ses parents peu de temps après sa naissance, il est adopté par le souverain de Vespera qui voit en lui le futur héritier du trône. De nature espiègle, il espère devenir un roi aussi fort et sage que l’est son père, mais devra affronter bien des épreuves avant de parvenir à la couronne de Vespera. Roi Eden : Roi du royaume de Vespera, père adoptif de Cosmo. Aimé et respecté de ses sujets, il sera pourtant trahi et tué par sa sœur, Onyxia, désireuse de prendre sa place. Même après la mort, il encouragera Cosmo à reprendre sa place parmi les siens. Onyxia : ”Méchante” de l’histoire, sœur cadette du roi Eden et tante de Cosmo. Elle déteste son neveu car ce dernier a été désigné par la Lune Sacrée pour devenir roi alors qu’Onyxia convoite elle aussi la couronne. Fourbe, machiavélique et cruelle, elle assassinera son frère et tentera de tuer Cosmo, mais ce dernier parviendra à fuir en se réfugiant au royaume d’Elementa. Devenue une reine tyrannique, elle sera finalement renversée par Cosmo et tuée par les sorcières pour avoir trahi leur confiance. Crystal : Fille adoptive du roi Eden et demi-sœur de Cosmo, elle s’amuse énormément avec ce dernier car ils ont le même âge et comme lui, elle a été adoptée par le roi Eden qui a vu en elle la possibilité d’être l’âme-soeur de Cosmo et donc la reine de Vespera. Bouleversée par la mort de son père et plus encore par la disparition de son demi-frère, elle retrouvera ce dernier à l’âge adulte et l’aidera à retrouver sa place légitime de roi. Quartz : Jeune élémentaire au caractère affirmé, amante du vampire Ténèbre, elle est capable de manipuler magiquement les quatre éléments de la nature. Elle et son amant vont sauver Cosmo de la mort en le recueillant avec eux et ce dernier, à leur contact, adoptera la philosophie « Hakuna Matata ». Ténèbre : Jeune vampire, amant de l’élémentaire Quartz. Son amour interdit pour la jeune fille lui a valu d’être banni par les siens de Vespera, quelques années avant leur rencontre avec Cosmo. Tous les deux vont recueillir le jeune garçon et devenir amis avec lui. Donatella : Vieille femme vampire, elle est surnommée « l’Enchanteresse » car elle possède des pouvoirs d’une puissance exceptionnelle. L’un de ses rôles est de présenter les nouveau-nés royaux. Elle habite dans un gigantesque chêne où elle peint les membres de la famille royale. Fritcia, Grifcia et Cricia : Trio de sorcières, elles font partie des ennemies les plus redoutées du royaume, bien qu’elles soient très peureuses face au danger, et obéissent à Onyxia. Cependant, elles ont chacune une personnalité différente : Frictia, vulgaire et dominante, est la chef et dirige ses compagnes ; Grifcia déteste les vampires, sauf Onyxia qu’elle admire et respecte ; la dernière, Cricia, ne parle pas et se contente d’approuver ses compagnes en riant de manière hystérique. Améthyste : Conseillère du roi Eden. Possédant un pouvoir qui lui fait comprendre le langage des animaux, elle est chargée de faire chaque jour un « rapport du matin ». Ombréa : Nourrice du prince Cosmo, elle veille sur sa santé et son bien-être durant son enfance et le traite comme s’il était son fils. Après la disparition de son protégé, elle est nommée responsable des troupes de chasse par Onyxia, bien que la relation entre les deux femmes s’avère finalement très instable. N.B. : Vespera est un royaume nocturne principalement peuplé par des vampires, mais aussi par des sorcières contraintes de vivre sur les Terres Interdites, n’ayant aucun respect pour le cycle de la vie. Les vampires maîtrisent la magie par le biais de leurs armes, des bâtons- sceptres pour les femmes, des épées et parfois des boucliers pour les hommes. Leur alimentation se compose principalement de sang animal mais aussi de jus de prunalline, un fruit violet semblable à une pêche mais à la coquille plus dure. N.B. 2 : Il s’agit d’une réécriture du film Le Roi Lion dont la base et la plupart des chansons appartiennent au film et à la comédie musicale éponyme. Le reste vient de mon imaginaire. Acte I, scène 1 : La naissance d’un prince (Chanson : Le cercle de la vie). Aujourd’hui semblait être un jour comme les autres pour les paysans de Vespera. Le soleil s’était couché depuis quelques minutes et ils étaient déjà debout en train de travailler leurs champs, sous la lumière naissante de la lune. Mais bientôt, ils sentirent un souffle de vent étrange les parcourir, un souffle de couleur argentée. Ce souffle, c’est celui de la Lune Sacrée ! Et cela ne voulait dire qu’une chose : un nouveau membre de la famille royale de Vespera allait leur être présenté. Ils se mirent en route sans tarder et bientôt, les nobles les rejoignirent, ayant également senti l’appel. La seule chose qui les différenciait était que les nobles volaient à travers le ciel tandis que les paysans marchaient, leurs outils en mains. Voix soliste : Dès la nuit aveuglante de lumière, Où l’enfant s’éveille à la vie, Il y a trop à faire dans un monde trop grand, Trop à voir sous un ciel infini ! Oh, des mystères encore insondables, Nous attendent à chaque nuit nouvelle ! Mais de jours en semaines, La lune entraîne, Toute créature en un cycle éternel ! En à peine une heure, tout le peuple de Vespera était réuni autour du Rocher des Vampires, où la nuit était à présent tombée. Tout en haut du rocher, se dressait un homme : il avait des cheveux noirs comme le ciel nocturne et des yeux bruns. Il portait les vêtements royaux traditionnels de Vespera aux couleurs noir et or, et avait une grande épée au pommeau de bronze rangée dans son fourreau. Une jeune femme arriva alors devant lui en volant, se posa sur le Rocher et s’inclina devant l’homme qui n’était autre que le roi Eden de Vespera ! Ce dernier rendit le salut de la jeune femme - qui était sa conseillère royale - en inclinant majestueusement la tête et regarda devant lui en souriant. Voix soliste : C’est le cercle de la vie ! Celui qui nous mène, A travers l’espoir, Douleur et joie ! En bas, les nobles et les paysans s’écartèrent pour laisser passer une vieille femme. Elle portait une longue robe bleu nuit et son bâton contenait une pierre de lune aussi blanche que l’étaient ses cheveux. Elle gravit le grand escalier de pierre qui menait au sommet du Rocher tandis que le roi l’observait, un tendre sourire aux lèvres, car il s’agissait de Donatella, aussi appelée « l’Enchanteresse ». Il y a fort longtemps, Donatella avait présenté Eden à son peuple quand ce dernier n’était qu’un nouveau-né et la magicienne avait récemment présenté la fille adoptive du roi, Crystal, devant le peuple de Vespera. Aujourd’hui, elle allait présenter le nouvel enfant d’Eden et probablement son héritier : Cosmo. Arrivé au sommet, Eden et Donatella se donnèrent une accolade presque fraternelle, puis le roi conduisit la magicienne dans la petite grotte. Voix soliste : Jusqu’au jour enfin ! Où l’on trouve sa place ! Dans le cercle ! Le cercle de la vie… Le roi entra dans la caverne du Rocher où s’étaient rassemblés tous les vampires au service du roi et le saluèrent dans un bel ensemble. Le roi inclina de nouveau la tête puis se pencha vers le berceau où dormait le nouveau-né et le prit dans ses bras. Celui-ci tourna son visage angélique aux fins cheveux châtains et aux grands yeux bleu sombre vers Donatella. La magicienne eut un sourire bienveillant puis mit son bâton au-dessus de Cosmo, produisant quelques étincelles argentées pour l’amuser. Puis, elle brisa une prunalline et y déposa quelques gouttes sur le front de l’enfant. Enfin, elle l’arrosa d’une poignée de poussière, faisant éternuer le bébé, attendrissant plus que jamais le regard du père. Donatella prit ensuite Cosmo des bras du roi Eden car il devait maintenant être présenté à son peuple. Lentement mais sûrement, le bébé dans ses bras, la magicienne avançait. Entre-temps, le peuple s’impatientait de voir l’enfant du souverain. Puis, quand tous virent Donatella s’approcher, le nouveau-né dans ses bras, le silence se fit dans la plaine. Et soudain, l’Enchanteresse leva ses bras et tous purent le voir. Lui. Leur nouveau prince. Et aussi sans aucun doute leur futur roi. Aussitôt, les cris de joie se manifestèrent partout. Une joie que Cosmo ne perçut pas réellement, trop petit pour comprendre l’importance de l’évènement. A ce moment-là, un rayon de lune déchira les nuages et illumina le petit prince. Les hommes s’inclinèrent et les femmes firent la révérence car c’était bien leur futur roi que la Lune Sacrée venait de désigner ! Et bientôt, il n’y eut qu’un seul cri dans la plaine : Vive le prince Cosmo ! Voix soliste : C’est le cercle de la vie ! Celui qui nous mène, A travers l’espoir, Douleur et joie ! Jusqu’au jour enfin ! Où l’on trouve sa place ! Dans le cercle ! Le cercle de la vie ! Fin de la scène 1. Acte I, scène 2 : Conflit de famille. Loin, bien loin du Rocher des Vampires, dans une caverne, une petite souris venait s’y réfugier. Elle allait disparaître dans un trou quand une main fine et pâle la coinça contre le sol par la paume de la main, puis la prit par la queue entre le pouce et l’index. Cette main appartenait à une jeune fille dans la vingtaine, aux cheveux et aux yeux noirs. Elle était assise à même le sol, son bâton d’or posé à côté d’elle, et regardait la souris avec colère, tristesse et une certaine forme de pitié. Jeune fille : La vie n’est pas juste… Tu vois, moi hélas, (Ton devenant ironique) hélas, je ne serai jamais reine… (Fait courir la souris sur sa main puis la fait tomber et la rattrape par la queue) Et toi, tu ne reverras jamais la lumière… (Ricane) Adieu… Elle s’apprête à l’avaler lorsque la jeune femme qui avait salué le roi ce matin, juste avant l’arrivée de Donatella, surgit devant elle. Elle était une belle demoiselle d’environ 25 ans aux cheveux bruns et aux yeux violets. Pourtant, elle semblait contrariée… Jeune femme (avec un air irrité) : Ta mère ne t’a donc jamais appris à ne pas jouer avec la nourriture ? Jeune fille (dans un soupir d’agacement) : Que me vaut cette visite ? Jeune femme (avec une révérence) : Je viens t’annoncer que ton frère, le roi Eden est en chemin. (Se redresse et la fixe avec mécontentement) Hum, ton absence à la cérémonie de ce matin a été très remarquée… Entre-temps, la souris parvint à échapper aux griffes de la jeune fille et courut se réfugier dans un trou. Jeune fille (lassée) : Tu es pénible Améthyste, tu m’as fait perdre mon déjeuner… Améthyste : Oh tu perdras bien davantage quand le roi t’aura châtié ! Il est comme un loup qui aurait une pneumonie… Jeune fille (l’air sarcastique) : Ouuuuh, je sens que je vais m’évanouir de frayeur ! Améthyste (soudain apeurée et agitant son index droit) : Non non Onyxia, ne me regarde pas comme ça ! AAAAAH !! Améthyste tente de fuir mais Onyxia lui saute sur son dos, son bâton à la main, et la pauvre Améthyste atterrit à plat ventre sur le sol, la pierre d’onyx menaçant son cou. Soudain, une voix masculine se fit entendre : Voix d’homme : Onyxia ! Onyxia (d’une voix veloutée) : Oui Eden ? Roi Eden : Lâche-là. Améthyste (dans un murmure) : Admirablement synchrone Votre Majesté… Dépitée, Onyxia relâche malgré tout Améthyste qui peina à se relever, tant la petite sœur du roi lui avait fait mal. Cette dernière s’approche d’Eden : Onyxia (jouant les grands airs) : Tiens, mon frère bien-aimé a quitté son royaume pour se mêler au commun des immortels ? Roi Eden (contrarié) : Je n’ai pas eu le plaisir de te voir à la présentation de Cosmo. Onyxia (faisant semblant d’être interloquée) : C’était aujourd’hui ? (Pose son bâton sur la paroi du rocher, théâtrale) Oh je suis… terriblement… (Soudain sarcastique) Confuse ! Onyxia fit crisser son bâton le long de la paroi, donnant un bruit épouvantable qui arracha une grimace douloureuse à Améthyste. Le roi, lui, resta impassible mais était déçu du comportement de sa sœur. Onyxia (examinant son arme) : Cela m’est sortie de l’esprit. Améthyste (s’approchant d’Onyxia, ironique) : Oui, de ton esprit fourbe, hein ! Mais en tant que sœur du roi, c’est toi qui devait être là-bas la première ! Onyxia montra alors ses canines pâles, dangereusement mortelles, à la conseillère royale qui ne put s’empêcher de se réfugier derrière son roi. Onyxia (furieuse) : Je l’étais… jusqu’à que ce poupon soit venu au monde ! Roi Eden (s’abaissant au niveau de sa sœur) : Ce poupon comme tu dis, est mon fils. (Se redresse, sévère) Et ton futur roi ! Onyxia (ironique) : Ouh, il est peut-être temps que j’apprenne à faire la révérence… Elle s’apprêta à s’en aller mais son frère la rappela à l’ordre. Roi Eden (de plus en plus exaspéré) : Tu oublies que tu parles à ton roi ! Onyxia (se retournant) : Oh non Eden mais méfie-toi, tu aurais tort de me sous-estimer. Le roi se mit alors en colère : se précipitant vers Onyxia, il lui bloqua le passage. Roi Eden (attrapant le poignet droit de sa sœur) : Tu cherches la guerre !! Onyxia (tapotant doucement la main de son frère) : Calme-toi, calme-toi, il ne peut pas y avoir de guerre entre nous. Améthyste (s’approchant un peu) : Dommage ! Pourquoi ? Onyxia (implicitement sournoise) : Parce que si ma subtile intelligence se taille la part du loup, sur le plan de la force magique… (Soudain tristement maussade) J’ai bien peur que la génétique n’ait pas voulu jouer en ma faveur. La jeune femme sombre s’en alla sous le regard de son frère et de sa conseillère, tandis que cette dernière se rapprocha davantage de son souverain. Améthyste (soupirant) : Ah, c’est fou comme elle a changé de comportement depuis que vous avez recueilli Cosmo et la naissance de Crystal… Et malgré toute son intelligence, elle a le don pour tout gâcher. Roi Eden (soupirant également) : Ah, qu’est-ce que je vais bien pouvoir faire d’elle ? Améthyste (sourit malicieusement) : Je la verrais assez bien en carpette ! Roi Eden (faussement réprobateur) : Améthyste ! Améthyste (sortant de la caverne suivie par le roi) : Mais oui ! L’avantage avec un tapis, c’est que dès qu’il est sale, on peut le battre sur place ! Roi Eden (riant) : Ha ha ha ha ha, Améthyste… Le souverain de Vespera et sa conseillère quittèrent alors la caverne pour rejoindre le palais. Fin de la scène 2. Acte I scène 3 : Prière d’un soir. Le jour venait de se lever à Vespera et il pleuvait des cordes. Tout le royaume était endormi… sauf une personne. Bien à l’abri, sous les feuilles du chêne géant où elle habitait depuis si longtemps, Donatella peignait. Elle peignait sur le tronc de l’arbre le jeune prince Cosmo. Comme elle pouvait lire le futur, elle savait ce qu’il deviendrait quand il aurait environ 8 ans. Elle avait presque fini son œuvre et se baissa pour prendre la coquille de prunalline contenant la peinture violette, ainsi que son pinceau le plus fin. Elle se redressa vers le tronc, regarda le portrait du prince et eut un petit rire tendre. Elle plongea son pinceau dans la peinture violette et trace une sorte de trait vertical sur le front. Donatella (dans un murmure) : Cosmo. (Pose la prunalline et le pinceau au sol et lève les bras vers le ciel) Ô esprit défunts de Vespera ! Protégez Cosmo et donnez-lui force, santé, intelligence, courage et loyauté… Sa prière terminée, Donatella retourna à l’intérieur du chêne pour aller se coucher. Fin de la scène trois et fin de l’acte I.

  • Le Lac des Âmes Sœurs (3/3)

    * Le noir. C’est la seule chose que Læria peut voir quand elle se réveille. Elle a beau pivoter la tête ou tourner sur elle-même, l’obscurité bloque tout autour d’elle. Tout… sauf une source de lumière, provenant de ce qui lui semble être le fond de la grotte. Naturellement attirée par cette illumination, Læria s’approche d’elle. C’est le lac souterrain... Elle peine à croire à cette découverte, mais elle n’a jamais rien connu de si beau : l’eau scintille de mille feux et semble l’appeler. Elle est hypnotisée par ce lieu magique, ce foyer de la dernière chance, cette solution inespérée. Que ce lac lui demande ce qu’il veut ; elle est prête à payer n’importe quel prix ! Soudain, des fourmis la piquent au poignet. Sans cesse en mouvement, elles remontent par milliers sur son bras, lui chatouillent l’épaule et le cou. Puis toute mobilité disparaît de ses capteurs corporels, mais Læria est persuadée qu’elles ne l’ont pas quittée. Une voix la tire violemment de son état de transe : celle d’Anthea. De toutes parts elle la secoue, la traverse de ses ondes trop fortes qui lui font perdre l’équilibre. La chute est longue, mais bien vite elle goûte à la dureté et la froideur du sol. Elle a la sensation que sa tête tourne, mais comment le savoir ? Fichue cécité… Ne repérant plus la lumière du lac, Læria en déduit qu’elle est tombée dos à lui. Avec l’aide d’Anthea, la jeune femme se relève et étreint son amie. – Enfin, le Lac des Âmes sœurs... Anthea ne libère qu’un souffle, aux premiers abords. Mais Læria la connaît par cœur et sait déjà la question que s’apprête à lui poser son amie. Et maintenant ? – J’ai un souhait à réaliser, mais le lac a besoin d’une preuve pour me l’exaucer. La jeune femme tend les mains vers son cou, à contrecœur, pour détacher le collier qui s’y trouve. C’est un bijou qu’Anthea lui a offert pour son vingt-et-unième anniversaire. Son cœur se brise à l’idée de le céder à jamais… Au fil des années, il est devenu son porte-bonheur : monté sur une chaîne en or, le collier est en fait une petite bulle de verre qui renferme plusieurs myosotis. En plus de sa valeur sentimentale, Læria lui accorde une importance symbolique, puisque ces fleurs sont l’allégorie d’une fidélité et d’un amour éternels. Læria se dit que c’est l’objet qui représente le mieux sa relation avec Anthea, alors elle l’enlève de son cou. En voulant le faire glisser dans sa main, elle fait tinter le bijou contre l’un des boutons de sa veste… mais Anthea reconnaît immédiatement ce son particulier. – Tu enlèves ton collier... ? demande-t-elle, la voix tremblante de douleur. – Oui, c’est le seul témoin de ma relation à mon âme sœur... – Comment peux-tu faire ça ? – Écoute Anthea, j’étais folle quand j’ai appris que tu as fait ta crise d’angoisse sur la route par sa faute ! Je ne veux plus ressentir cette peur de te perdre, plus jamais ! Je ne le supporterai pas... Bon sang, mais tu ne comprends toujours pas ? C’est pour toi que je fais tout ça ! Si j’y crois, c’est uniquement parce que je te veux à mes côtés, pour le reste de ma vie... Si je te perds, tout s’écroule ! Tout ! Alors il est hors de question que je laisse cette épée de Damoclès menacer plus longtemps la femme que j’aime ! Læria se baisse vers l’eau pour y plonger son désormais regretté collier. Le choc face à cette déclaration laisse Anthea muette, mais la jeune femme s’en fiche. Royalement. Parce que le lac a avalé son collier... et que rien ne se passe. Rien ne se passe. Rien ne se passe. Rien ne se passe ??? Læria abat son poing. Les os de ses phalanges craquent. Sa peau s’ouvre. Son sang coule. Ses larmes aussi. – Putain, c’est pas possible ! Elle était sûre d’elle pourtant. C’était le collier. Ça devait être le collier. Pourquoi ça n’a pas marché ? Qu’a-t-elle fait de travers ? À quelques mètres d’elle, Anthea n’ose ni la toucher ni lui parler. Et puis, même si elle savait quoi dire, de toute façon elle serait incapable de prononcer le moindre mot. « La femme que j’aime. » « La femme que j’aime. » « La femme que j’aime. » Une phrase. Si simple, si belle. Touchante, au point qu’elle a failli tomber à la renverse en l’entendant. Læria l’a laissée sortir sans effort, cette phrase. Son cœur l’avait vue naître puis grandir et grandir et grandir, sans jamais que sa tête ne veuille la libérer. Alors, tapie dans le plus profond recoin, elle avait attendu. Des années. Elle s’était armée de patience et de courage pour résister à toutes ces vagues de déni. Pourtant il y en avait, et tous les jours ! Elle avait tenu bon. Jusqu’à ce que la tête de Læria baisse sa garde... et ça n’a pas été difficile, avec cette ahurissante histoire de lac... Et maintenant que tu es libre, qu’est-ce que je fais, moi ? Souviens-toi. Alors Læria se rappelle. Elle fouille dans sa mémoire, rassemble chacun de ses meilleurs souvenirs avec Anthea. Ils affluent par milliers ; ils se bousculent presque devant elle pour être le chanceux qu’elle choisira. Elle se sent rassurée, là, au milieu d’eux. Sa peur a disparu. Elle prend sa décision et entre dans l’un d’eux. Des étoiles renaissent dans ses yeux quand elle voit Anthea défiler, dans sa magnifique robe bleu nuit. C’est vrai... Heureusement qu’elle l’avait écoutée, ce soir-là ! Sinon – Læria s’éjecte instantanément du souvenir tandis que la peur refait surface. Elle sait ce qu’elle a à faire. D’un geste mal assuré, tremblant comme une feuille, elle tâtonne, palpe sa veste. Elle finit par atteindre sa poche intérieure. Le bout de ses doigts frôle le métal froid qu’elle contient. Ça ranime Anthea d’un coup. Elle s’approche de Læria et, à la façon dont son amie renouvèle sa respiration, elle sait qu’elle sent sa proximité. Elle se trouve face au lac, le bras gauche levé. Elle se répète qu’elle n’a pas le choix. Sa main vacille. La lame l’imite. Et puis elle commence à mordre son oreille ; et Anthea fond sur elle. De toutes ses forces. Emportées par leur propre poids, les deux femmes tombent dans le lac ; le couteau plonge quelques flots plus loin et Læria émerge. Anthea fend l’eau à son tour puis la fixe. Je te l’interdis, commencent ses yeux. Son cœur n’a pas besoin de poursuivre : leur baiser suffit. * Le lendemain, un article sort sur une prise d’otage qui a mal tourné. Les deux femmes discutent des deux victimes : un otage et le responsable, « l’homme aux cheveux roux ». L’ex d’Anthea. Emma demande alors si, même au paradis, on peut être méchant. – Non chérie. Là-bas, c’est fini, répondent-elles, main dans la main.

  • La Veuve Blanche (extrait)

    En s'éloignant la calopsite qui se tenait toujours sur l’épaule de Laura se tourna dans le sens inverse pour regarder François. Subjugué par la foule, les oiseaux et les mouvements de va-et-vient des éleveurs, François resta un moment sans réaction. Après quelques secondes, il se décida à sortir de sa bulle et s’avança vers les rangées, les mains dans les poches. Son regard balayait l’assistance, et sa tête tournait de manière répétitive à droite puis à gauche. Il y avait tellement à voir. Les oiseaux apportaient une touche colorée à cet univers étonnant. Juste devant, un monsieur s’apprêtait à repartir avec une perruche, un peu plus loin une petite fille regardait avec admiration un diamant de Gould, elle s’empressa de tirer sur la manche de ses parents pour le leur montrer. François esquissa un sourire mais il se sentit quelque peu désorienté. Alors, un pincement au cœur surgi de nulle part, cette douleur invisible sur laquelle on peine à poser des mots, tellement sa description est difficile. Il repensait à Évelyne, à ce qu’elle aurait peut-être dit, ou penser. Son imagination le heurta à un mur invisible, car oui il n’en savait rien, il aurait aimé voir sa réaction et cette image le paralysait, le replongeant dans le déni, dans le blanc. Ah oui, toujours ce blanc dans lequel il se trouvait. En revenant peu à peu à la réalité, François s’aperçut que des personnes s’étaient rassemblées devant une estrade où se tenaient les trois gagnants du concours. Jugeant le tour des lieux terminé et souhaitant prendre l’air, François s’éclipsa peu à peu pour se diriger vers la sortie. Mais en s’éloignant, il aperçut un éleveur, plus rigide et moins respectueux vis-à-vis de ses animaux. À côté de lui, une cage avait subi une mauvaise chute. Ce monsieur ne prit pas la peine de la remettre en place et de vérifier si le malheureux qui se tenait à l’intérieur allait bien. Il s’éloigna, en composant un numéro. Pour une fois, François prit les devants en sortant de son petit monde intérieur et prit la cage doucement entre les mains. Il la disposa de façon plus confortable mais l’oiseau, paniqué, se cognait dans tous les sens. Lorsque celui-ci cessa enfin tout mouvement, François s’aperçut qu’une aile était dans un sale état. Le petit animal dont la respiration était saccadée ne bougeait plus, les yeux ronds, emplis de détresse. – Ouh toi, tu as eu la peur de ta vie, pas vrai ?, dit François avec une voix posée. Il eut littéralement un coup de cœur pour l’oiseau. Et beaucoup de son entourage auraient ri nerveusement mais lui souriait, car il était de couleur blanche. Un signe du destin ? Qui sait. – Je peux savoir ce que vous faites, vous ? C’est interdit de toucher à quoi que ce soit ici... François ne s’était pas rendu compte que le propriétaire était revenu vers lui, furieux. – Il me semble que vous l’avez laissé tomber, d’ailleurs il est à vous ? – En voulant le déplacer, cet imbécile s’est jeté contre les grilles et s’est blessé. Résultat je ne peux plus le présenter, à quoi bon ? De toute façon il ne m’est plus d’aucune utilité. François ne savait que dire devant de tels propos. Cependant, grâce à Évelyne, il avait suffisamment de recul pour savoir comment l’élevage pouvait bien se dérouler. À l’origine, les oiseaux ont une couleur bien spécifique. Mais il faut rendre l’animal toujours plus beau. On parle alors de mutations. Alors ça oui, ils étaient magnifiques mais une personne qui s’y connaît vraiment verra le potentiel dans une couleur dite naturelle. Ne cherchant pas à donner une autre étiquette à ce petit être déjà exceptionnel. Bien sûr, peu importe de qu’elle espèce il venait, le blanc ne devait pas être la véritable couleur de celui-ci. Pour ce monsieur, cet oiseau n’avait plus de valeur, plus rien, pour François il avait tout. D’ailleurs, l’oiseau blanc s’était finalement redressé, cherchant une barre à proximité pour prendre de la hauteur mais ce fut un échec lorsque son aile le rappela à l’ordre. Il se tourna vers François, comme dernier espoir dans la situation dans laquelle il s’était retrouvé. – S’il ne vous est plus d’aucune utilité, je le récupère. – Vous êtes un idiot, vous allez vous retrouver avec un fardeau sur les bras mon cher. Enfin, si ça vous amuse, je vous le cède, pauvre fou. Sur ces paroles, François quitte la bourse aux oiseaux. Tenant sous son bras une cage avec l’oiseau blanc.

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